Lloyd Cole peut-il encore prétendre à la reconnaissance universelle ? Peut-il nous plaire à tous, nous les mordus de riffs saignants, nous autres, les fanas de ballades pop ? Peut-il, en 45 minutes, réconcilier toutes les chapelles pour accéder au statut tant convoité de chanteur de rock le plus célèbre du monde ? L’Ecossais s’y […]
Lloyd Cole peut-il encore prétendre à la reconnaissance universelle ? Peut-il nous plaire à tous, nous les mordus de riffs saignants, nous autres, les fanas de ballades pop ? Peut-il, en 45 minutes, réconcilier toutes les chapelles pour accéder au statut tant convoité de chanteur de rock le plus célèbre du monde ? L’Ecossais s’y emploie. On le sait depuis 1985, chez Cole, chaque geste est réfléchi, chaque inclinaison musicale minutieusement calculée. Et sa dernière stratégie pourrait bien s’avérer infructueuse Alors que sa première entreprise solo ? Lloyd Cole, bande-son d’une pré-retraite dorée aux Amériques ? impressionnait par sa cohésion, Don’t get weird on me, baby s’affiche d’entrée comme une déchirure musicale, comme un divorce en direct entre le Cole d’Ecosse, celui qui a grandi bercé par Scott Walker, et le Cole émigré, celui qui a pris des cours de guitare à Memphis. Au verdict, monsieur le juge leur accorde une plage à chacun, et que le meilleur gagne Sur la face yankee, on fait joujou en rase-mottes, en exhibant tout l’attirail du parfait rocker jeune : batterie calibrée grandes ondes et solos façon Toto. C’est clair, ce Cole-là n’a oublié personne, ni le VRP sympa du Val-de-Marne ? le refrain gros comme ça de l’exécrable She s a girl and I’m a man est facile à siffloter entre deux rendez-vous ?, ni l’étudiant en maths de Vesoul qui chérit Joe Jackson et les The Simple Minds. On écoute ce Lloyd Cole-là comme on bouffe un bigmac, parce qu’on est pressé, parce que c’est bon marché, parce que c’est facile. Cette musique est prête-à-consommer, prête-à-digérer, prête-à-éliminer après usage.
Deux faces de ce calibre et l’affaire eût été ensevelie dans le goudron et les plumes. Mais l’ancien Commotion en chef est un sacré petit futé, jamais avare d’une fine trouvaille là où ça fait du bien ? ici, un orchestre symphonique salvateur à qui l’on doit les seuls frissons du disque, de Butterfly à Man enough. Voilà le Lloyd Cole qu’on aime, celui, sensible, qui fait craquer les unes et s’émouvoir les uns. Celui qui croone léger sur fond de cordes luxueuses. Celui, raisonnable, qui ne veut pas devenir à la fois le nouveau Lou Reed, le nouveau Springsteen et le nouveau Scott Walker. Camarade Cole, il faudra bien choisir ton camp.
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