Les Tindersticks font visiter leurs tiroirs : pas une seule trace de moisi dans cette collection luxueuse d’inédits. En gens raffinés qu’ils sont, les Tindersticks ont le fond du tiroir impeccable. Donkeys ’92-’97 n’a en effet rien à voir avec ces assemblages négligés de faces B et d’inédits pauvrets qui servent aux artistes à boucler […]
Les Tindersticks font visiter leurs tiroirs : pas une seule trace de moisi dans cette collection luxueuse d’inédits.
En gens raffinés qu’ils sont, les Tindersticks ont le fond du tiroir impeccable. Donkeys ’92-’97 n’a en effet rien à voir avec ces assemblages négligés de faces B et d’inédits pauvrets qui servent aux artistes à boucler un contrat et aux auditeurs à caler une étagère. En réalité, il s’agit d’un objet hybride qui tient autant du best-of alternatif que du cours de rattrapage pour tous ceux qui, déjà découragés par la longueur des trois albums officiels, n’auraient pas poussé la curiosité jusqu’à s’en aller soulever les revers des singles. Ainsi les versions antérieures de Patchwork, Marbles, Her ou City sickness, infiniment meilleures que celles figurant sur le premier album où elles manquaient alors d’étouffer sous la grisaille de la production , renaissent enfin sous leur subtil éclat d’origine. Et on découvre alors que les futurs arrangements capiteux de Curtains les cordes, notamment étaient dès le début gravés dans l’écorce, mais que leur sève vénéneuse et opiacée mit encore quelques années à couler. Les Tindersticks ayant par ailleurs opéré une sélection drastique parmi leurs faces B, n’ont survécu ici que leur remarquable reprise pâteuse du I’ve been loving you too long d’Otis Redding ainsi que deux perles noires égarées une reprise du Here de Pavement et For those , mais pas une de plus. Le reste étant constitué de versions à peine corrigées des intouchables Travelling light, Tiny tears et Bathtime, et surtout d’une paire de véritables curiosités. La première, assez cocasse, est une reprise en français de No more affairs intitulée Plus de liaisons et disponible à l’époque dans la version vinyle du second album. Même handicapé par les rugosités de la langue, Stuart Staples y dispense un cours de chant que certains de nos amis chanteurs français, handicapés par tout le reste, feraient bien d’apprendre par coeur. La seconde est la fameuse version de A Marriage made in heaven réenregistrée l’an passé avec Isabella Rossellini pour l’un de ces ping-pong de voix mâle et de soupirs femelles voir Nick Cave/Kylie Minogue plutôt que Obispo/Zazie dont la matrice originelle revient à Lee Hazlewood et Nancy Sinatra. Au total, douze titres seulement ont franchi le tamis aux mailles un peu trop étroites des Tindersticks, que l’on a connus moins radins. Pas la moindre trace, malheureusement, du splendide Kathleen qu’ils avaient emprunté en 94 à Townes Van Zandt. Pas l’ombre d’une gâterie inédite tirée des sessions de Curtains, qui regorgent sans doute de replis non encore dévoilés. Mais rien à jeter non plus, ce qui au regard de ce type d’exercice relève plutôt de l’exploit.
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