En 1993, Dominique A bouleversait définitivement la musique française avec « La Fossette » : il revient longuement sur la genèse de ce disque fragile mais majeur.
Les Inrocks, cette année, fêtent leurs 30 ans. Un numéro exceptionnel sera en kiosque la semaine prochaine. Nous maintiendront le suspens quelques jours encore sur son contenu, mais de longs articles seront consacrés aux œuvres qui ont le plus marqué notre histoire collective. Parmi elle, l’un des disques français les plus important, ça tombe bien, de ces 30 dernières années, celui qui a tout changé, tout renversé, tout bouleversé : La Fossette de Dominique A.
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A cette occasion, quelques mois après la sortie du très beau Éléor et pendant sa longue tournée française, Dominique A nous a offert une longue interview entièrement consacrée à la genèse de son premier album public, à sa naissance en tant qu’artiste, à l’avant et à l’après La Fossette : nous la retranscrivons ici intégralement, car il y avait beaucoup à dire.
Que peux-tu me dire de ta vie d’avant Un Disque Sourd, de ta pratique musicale, de ce que tu attendais de l’avenir ?
Mon Dieu, j’ai bien peur de ne pas avoir grand-chose à raconter… J’étais dans une période d’entre deux. J’étais moitié-étudiant, moitié-objecteur de conscience. J’avais passé trois mois aux Beaux Arts à Nantes, je trainais pas mal avec les copains que je m’y étais fait, mon ex copine était aussi liée aux Beaux Arts. Je traînais beaucoup, j’allais de vernissage en vernissage, je passais ma journée dans les cafés quand je ne travaillais pas à la radio : rien de passionnant. Je digérais la fin de ma première relation sentimentale, la fin d’un amour, et ce disque résulte de ça. C’était mon premier amour, ça s’est mal fini, ce disque a été pour moi une porte de sortie. Je me raccrochais à mon quatre-pistes, à cette idée de faire de la musique en amateur. Je n’avais aucune perspective, je n’avais envie de rien, si ce n’est faire un disque quand ce serait possible, produire un objet. On était au début des disques laser, il y avait un côté très Star Wars, mais je voulais produire un 33 tours avant que ça ne disparaisse, avant que les presses ne soient perdues. J’ai produit le Disque Sourd tout autant pour pouvoir transmettre ma musique que, plus simplement, pour le voir tourner sur ma platine. C’était une forme de passion privée. Les chansons datent de 1990 puis début 1991, j’envoie le disque se faire presser, chez un petit fabriquant spécialisé dans les petites quantités, le Kiosque d’Orphée. J’avais envoyé le disque sans même le masteriser : je ne savais même pas à l’époque ce que c’était, heureusement ils ont fait un travail correct. Dans le même temps, je rencontre Vincent Chauvier. Il était représentant chez Danceteria, il était venu vivre à Nantes et travaillait dans un gros magasin de disques. Et il montait son label. Un label de noisy pop, dans son esprit, dans la lignée de ce qui se fait aux Etats-Unis ou en Angleterre. On se rencontre via un ami, Vincent, qui a ensuite fait des disques avec Perio. Il lui a fait écouter ma cassette, on s’est rencontrés et il m’a proposé de faire un disque. Je lui dis que ça m’intéresse, mais dans la mesure où on ne touche à rien.
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Ne rien toucher à ton son, à ta méthode, à ta technique ?
Oui, surtout au son : je voulais que ça reste lo-fi. A cette période là, il y a eu quelques artistes, un peu partout en occident, qui ont voulu sortir de la course à la production, qui voulaient tout simplement sortir des années 80. J’étais dans ce courant, mais je m’y sentais assez seul : je ne connaissais pas encore Philippe Katerine et je me sentais foutrement isolé. Mes copains musiciens ne comprenaient pas, personne ne comprenait ma démarche, personne ne comprenait pourquoi je cherchais à avoir le son le plus ténu possible. C’est assez paradoxal car j’étais à cette époque totalement sous l’influence de Jean-Louis Murat, de Cheyenne Automne en particulier. Au niveau du son, c’est tout le contraire, il est assez clinquant, assez années 80, mais dans le rapport au chant, à l’interprétation, il y avait une pudeur, une retenue, une élégance qui m’ont marqué, qui m’ont donné envie d’essayer. J’aimais aussi simplement les sons synthétiques très cheap, comme on pouvait en trouver chez Robert Wyatt, j’écoutais également Suicide, des choses comme ça, je me suis inspiré de tout ça. Mais j’étais très innocent, je ne connaissais rien à rien, j’étais seul dans mon coin, et j’écoutais de la musique. Je ne savais pas comment faire pour aller vers les gens. Vincent Chauvier m’a suggéré d’envoyer mon 33 tours, le Disque Sourd, à quelques journalistes. Juste pour tâter le terrain. Il me l’a fait envoyer à Arnaud Viviant, qui travaillait alors à Libération, et Arnaud Viviant a réagit : c’est à ce moment que Vincent s’est dit « Je ne fais pas n’importe quoi, je ne suis pas le seul à aimer ça. » C’était important : il se posait pas mal de questions, chaque disque mettait en péril la vie même de son label.
Tu me parlais de Jean-Louis Murat : à cette époque, écoutais-tu d’autres artistes français ?
J’écoutais un peu Manset, mais les influences françaises que j’avais dataient déjà des années 80, j’écoutais beaucoup la scène new wave rennaise et parisienne, de Marquis de Sade à Taxi Girl, j’étais aussi très fan de Sapho. Ce que j’écoutais était déjà au croisement de la new wave et de la chanson française. Au moment où j’ai vraiment commencé à enregistrer sur mon quatre-pistes, il ne se faisait pas grand-chose en France et en français : j’avais justement l’impression qu’une certaine messe était dite, et qu’il y avait des choses à faire. Il y avait un creux par rapport à la langue, le français était un peu ringardisé et, de mon côté, je n’écoutais pas beaucoup de chanteurs français, à part Murat et à part Manset, mais Manset était d’une autre génération. Quand j’ai rencontré Katerine, il allait aussi sortir son premier disque, ça m’a fait un bien fou. Même si on n’était pas tout à fait sur le même terrain, on avait pas mal de points communs et je me suis rendu compte qu’on était au moins deux cinglés sur le même périmètre. Je crois qu’on s’est, d’une certaine manière, rassurés l’un et l’autre.
Tu me disais être dans un entre-deux avant d’enregistrer et de publier Un Disque Sourd. Le fait de l’envoyer à des gens et de recevoir un écho favorable, de rencontrer Vincent Chauvier et d’envisager un album a du te faire basculer dans un autre monde, une autre vie ?
Je suis vraiment passé dans un autre monde quand La Fossette a été fabriqué, et qu’il a été diffusé par Bernard Lenoir. Avant, ça reste encore très abstrait. J’avais une certaine tendance à l’auto-dévalorisation, je ne pensais pas que ça le ferait, je pensais que quelque chose allait advenir et tout ruiner, j’étais un peu dans une dynamique d’échec. Le fait que le disque me parvienne, le moment où Vincent me l’a tendu a été très fort. Mon attachement à La Fossette tient aussi à tout ce que ça a brisé, tout le négatif dans la façon de me voir. On a reçu le disque un peu plus tôt que prévu, je me souviens voir Vincent mettre des albums dans la boîte aux lettres, et le lendemain passait chez Lenoir une émission d’une heure et demie sur ma pomme.
Comment expliques-tu une réaction si rapide ?
Viviant et Lenoir ont reçu le disque le même jour et ils sont tombés tous les deux d’accord pour en parler. Viviant passait régulièrement chez Lenoir, il est arrivé et lui a dit « J’ai vraiment un truc pour toi ce soir », Lenoir lui a répondu « Moi aussi, j’ai un truc », et ce truc, c’était moi. Ils se sont emballés là-dessus, et ça a commencé à s’emballer sur le Minitel, sur 3615 Lenoir. (rires) Cette heure et demie a vraiment changé ma vie. Les réactions des gens, de détestation ou plus positives, ont montré que quelque chose était en train de se passer. C’était fou pour moi. Et pour l’anecdote, mon premier morceau à avoir été diffusé sur les ondes nationales n’est pas Le Courage des Oiseaux mais un titre plutôt annexe sur le disque, plus noisy pop, qui s’intitule Les Habitudes se Perdent. Le Courage est passé en deuxième. Tous ces souvenirs sont très vifs. C’est un moment de bascule pour moi, ma vie est divisée en deux par ces moments.
Tu nais en tant qu’artiste. Comment le vis-tu ?
C’est assez compliqué. J’avais très envie de jouer la carte du retrait. Je voulais laisser les choses se faire d’elles-mêmes. Vincent de Lithium commençait aussi, on n’était pas vraiment des businessmen aguerris. Mon idée était de n’apparaître nulle part. De laisser le disque faire le boulot. Il y avait une idée d’ambigüité quant au genre, et cette idée qu’on puisse m’identifier tantôt comme un homme et tantôt comme une femme me plaisait beaucoup. J’étais dans un rejet total de la masculinité, de mon corps de mâle, je voulais que les choses soient éthérées, que ce soit un peu suspendu dans les airs, jamais raccroché au plancher des vaches. Pour moi, l’incarnation scénique était une manière de détruire tout ça. Et je ne voulais pas détruire tout ça, je voulais au contraire rester sur le retrait. Je donnais quand même quelques interviews, mais à des petites publications. Et je n’ai presque pas fait de concerts l’année de sortie de La Fossette. J’ai véritablement commencé à en faire en 1993, avec la sortie du deuxième album, Si je connais Harry : je suis à ce moment rentré dans un schéma plus conventionnel d’exposition au public, de mise en avant de soi. J’ai commencé à gagner ma vie d’artiste à ce moment-là.
Te souviens-tu des premiers mots d’Arnaud Viviant dans Libération, de ceux de Bernard Lenoir ? Certaines choses doivent rester gravées à jamais ?
Oui, il y a des phrases, des choses qui restent. Lenoir avait écrit dans les Inrocks, en fin d’année, qu’on retrouvait un sentiment à la Beckett dans l’apologie du peu de la Fossette. Viviant avait fait un papier d’une page et demi dans Libé qui s’appelait très finement « Dominique A., cas » –les grands jeux de mots à la Libération. Il y avait aussi un article de Bayon qui décrétait que tout ça -moi et Katerine notamment- était rattaché à « l’école bébête », qu’on était un peu des gamins attardés, que ça avait un certain charme mais qu’il ne fallait pas trop s’exciter non plus. Viviant était lui assez sarcastique, à la Viviant, mais il y avait un vrai soutient du disque. Et il m’encourageait à la fin à faire « pire, toujours pire ». (rires) Un an après, Viviant avait fait un papier dans les Inrocks, dans la rubrique qui s’appelait à l’époque « La Voix de son maître ». Ca rejoignait un peu ce qu’avait dit Lenoir : il expliquait que le silence avait failli l’emporter, qu’il s’en était fallu de peu. Il disait aussi qu’il y avait une « humidité très personnelle dans mon chant ». Une humidité… (rires) Ce sont des choses qui me reviennent, je pense que tout artiste se souvient de ces moments-là, du premier disque. Surtout quand il a été fait et reçu de cette façon là, surtout quand on se rend compte, au fur et à mesure, qu’on a fait ce qu’on a toujours rêvé de faire : un disque culte. Avec le temps, j’ai du me rendre à l’évidence. Qu’espérer de mieux ? La Fossette est un disque très fragile, mais il est pour moi, dans mon parcours d’artiste, une vraie colonne vertébrale. Il est plus solide qu’il en a l’air. Mais ce qu’il représente excède peut-être sa valeur artistique. Je me mets dans la peau d’un gamin de vingt ans, je me demande ce qu’il peut penser de ça aujourd’hui. Ce n’est pas évident : le son est ingrat, on ne comprend pas toujours ce que je raconte, les partis-pris esthétiques sont peut-être un peu datés, un peu bizarres. Mais il y a des chansons que j’adore encore, et que je continuerai à chanter jusqu’à ce que mort s’en suive.
Peut-on parler de l’enregistrement de La Fossette ?
Ça a été enregistré chez moi, chez mes parents. Le déclic a été un synthé que j’ai trouvé dans une brocante, et avec lequel j’ai fait tout l’album. Je crois que j’en ai épuisé toutes les programmations. C’est marrant car il y a eu une expo en Seine-et-Marne sur mes débuts, et ils ont retrouvé le même modèle : le Yamaha PSS-580. Et je me suis remis à composer avec. Ce sont des sons qui me parlent toujours. Il y a une espèce de mélancolie, dans ce synthé. Il suffit de caler deux-trois accords, et dès que je mets mes mains sur ce clavier, je sens un truc. Ce n’était pas de la haute-couture, c’était assez grossier ma façon de faire, j’avais une programmation, je la faisais tourner, j’improvisais dessus. La Fossette est une compilation de morceaux que j’avais enregistrés comme ça, dont ceux d’Un Disque Sourd. Il y a également quelques titres sur lesquels j’avais travaillé avec l’ami de Perio qui a fait découvrir ma musique à Vincent, on avait enregistré une maquette qui était plutôt guitare-voix. Vincent aimait beaucoup certains morceaux mais on avait perdu les masters, il a donc fallu que je reproduise à la note près ce qu’on avait fait –ce sont des chansons comme Février ou Les Habitudes se perdent, qui sont un peu à part. La dernière chanson, L’Echo, est arrivée à la toute fin : j’avais acheté un 8-pistes à bandes, je commençais déjà à changer un peu de démarche, ça s’affinait, c’était musicalement un peu moins grossier, un peu plus réfléchi. Mais j’ai des souvenirs très vagues. Il fallait que ce soit brut. Je n’aimais pas l’idée de retravailler. On a été en studio pour « remixer » les bandes, mais c’était juste pour enlever du souffle, j’interdisais à l’ingénieur du son de toucher à quoi que ce soit, de tourner le moindre bouton, d’ajouter le moindre effet. Je voulais conserver intacte l’impression de sécheresse. Je voulais que ça reste en l’état, je voulais éviter tout falbala. Je ne sais pas pourquoi j’avais cette radicalité, mais c’est ce qui fait l’unité de l’album, et c’est ce qui fait que ça se démarquait. Si j’avais mis un peu d’eau dans mon vin, si j’avais ajouté un peu de réverb, ça n’aurait pas été la même histoire, et nous ne serions pas en train d’en parler.
https://www.youtube.com/watch?v=45EsrxGh4ao
Tu l’as enregistré chez tes parents : des objets, des formes particulières t’ont-elles marqué ?
Je vivais chez eux à l’époque. La Fossette a été enregistré dans ma chambre d’adolescent. C’est une chambre où j’ai beaucoup ruminé. J’étais dans une post-adolescence, j’étais très seul. On a rejoué La Fossette en intégralité sur scène en trio, il y a trois ans, et je me suis rendu compte à quel point c’était un album vraiment triste, un disque sur la fin d’un amour. Il est comme un solde de tout compte. Et c’est marrant car il a aussi marqué un vrai basculement dans la vie privée ; deux moi après sa sortie, je rencontrais Françoiz Breut. Mais avant ça, je me revois dans cette pièce, avec un gros carnet sur lequel j’écrivais les paroles dans lesquelles je piochais quand je trouvais les accords ou la mélodie qui me plaisait. J’improvisais beaucoup, il n’y avait pas de méthode. J’avais un micro, un micro de merde avec lequel je faisais tout. Mes programmations, je ne les enregistrais même pas sur la console, avec un jack : je tenais le micro au-dessus du synthé, à la main parce que je n’avais même pas de pied, et j’enregistrais ça en direct, jusqu’à ce qu’elles soient finies. C’était de la bricole totale. Je ne me suis pas vraiment dit « Tiens, il faut que je finisse mon disque », sauf au moment où il a fallu que je reproduise les maquettes qu’on avait perdues, à la demande de Vincent qui voulait les voir figurer sur l’album. J’étais très à l’écoute de ce qu’il me disait, son discours me plaisait vachement, j’avais envie qu’il soit content aussi. J’ai un peu transigé par moments, j’ai par exemple accepté de mettre Mes Lapins sur l’album, qui selon moi l’affaiblit, je trouve que c’est une chanson épouvantable.
Et tu n’attendais pas grand-chose de ces chansons.
Non, elles n’étaient pas des maquettes à proprement parler, elles étaient, telles quelles, ce que je voulais faire. Je ne les ai pas enregistrées pour les envoyer à quelqu’un, en vue de produire un album dans un studio. Aujourd’hui, je suis sidéré par le niveau de professionnalisation qu’ont les jeunes groupes. On en parlait justement il y a peu avec quelqu’un de ma génération, Gaëtan Chataigner, des Little Rabbits et de French Cowboy : on hallucine de la manière dont les jeunes groupes sont, aujourd’hui, aguerris dès le début, maîtrisent leur son, leur image, avec une force qu’on n’a jamais eue, une vraie puissance, mais avec en contrepartie une perte d’innocence, un certain formatage. Quand j’ai débuté, rien de tout ça n’était possible. Quand on avait un quatre-pistes à cassettes, on était déjà un peu les rois du pétrole. On s’y prenait comme des manches, et je ne suis pas certain qu’un disque comme La Fossette pourrait susciter aujourd’hui ce qu’il a suscité quand il est sorti. C’est un disque qui est lié à son époque, à un contexte, qui est lié aussi à une attente.
Par son coté do it yourself absolu, peut-on considérer La Fossette comme un disque punk ?
Je ne suis pas contre ! Dans sa démarche, c’est effectivement du do it yourself total. Et sur scène, c’était du « fuck you » total également. Je me souviens du dernier concert que j’ai fait avant la sortie de La Fossette, c’était un samedi soir à Vannes, j’ouvrais pour un groupe qui s’appelait Mauvais Sang, il y avait pas mal de monde, et pas mal de fans bretons bourrés. (rires) Je me produisais tout seul, je tenais mon synthé à la main. Personne ne me connaissait, la moitié des gens me huait, l’autre moitié me soutenait, et moi j’insultais à moitié l’ensemble… Vincent de Lithium était ravi : c’était tout à fait dans ses fantasmes, il me voyait en petit fouteur de merde, un peu remonté. Quelque chose que j’ai d’ailleurs découvert sur le moment. J’étais quelqu’un d’assez timide et effacé mais au pied du mur, quand il m’a fallu monter sur scène, je n’ai jamais été timide. J’avais une volonté d’emmerder les gens. Ca m’excitait de faire chier le peuple, le paradoxe étant que je le faisais finalement avec des choses assez douces et assez suaves.
La chanson française avait de toute façon besoin d’être secouée.
Oui. J’ai eu la chance d’arriver avec La Fossette à un moment où c’était le désert. Il y avait une attente. Il fallait n’écouter personne. J’avais assez d’inconscience. Au fut et à mesure, j’ai perdu cette inconscience. C’est facile d’être radical quand personne ne vous attend, on est libre comme l’air, tout est possible. Mais à partir du moment où l’on sait que des paires d’oreilles sont tendues, c’est délicat de ne pas se fier au chant des sirènes. J’ai perdu en radicalité, je suis devenu quelque chose d’autre, un autre artiste.
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