Trois heures durant mercredi 10 juillet, les platines installées à l’Elysée-Montmartre de Paris ont souffert des mauvais traitements du Son du Peuple et ont résonné des prouesses du Japonais DJ Krush.
Si on pouvait encore en douter à l’écoute de leurs disques, on sait désormais que les Lyonnais du Peuple de l’Herbe ont bon goût. Car ce sont bien les mêmes qui, lorsqu’ils officient derrière des platines, s’appellent le Son du Peuple. Il ne fallait pas arriver en retard ce mercredi soir à l’Elysée-Montmartre car les Gones ont entamé à l’heure prévue leur DJ set.
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Le Son a alors montré toute l’étendue de sa palette sonore, démarrant avec ce que le meilleur du dub et surtout, du hip-hop, propose ces temps-ci (au jeu des repérages, on entend des airs familiers en provenance de Roots Manuva et d’Antipop Consortium) pour finir son set en remuant un public qui n’attendait pas ça en l’entraînant dans une soirée jungle qu’on a plus l’habitude croiser de l’autre côté de la Manche. En particulier quand ils reviendront pour un dernier quart d’heure clore la soirée après la prestation de DJ Krush.
Après autant d’énergie dépensée, le démarrage immédiat de DJ Krush sitôt le Son du Peuple sorti des scène, jette comme un froid sur l’Elysée-Montmartre. Un effroi même tant le Japonais use de disques aux sons métalliques, abrasifs. Si le Son du Peuple s’adressait irrésistiblement aux guiboles, Krush attaque directement le cortex. (Pour ne pas me fâcher avec les Lyonnais, je peux leur prouver dessin à l’appui que les jambes sont de toute façon activées par le cerveau.)
Le Japonais fait montre d’une grande dextérité sans pour autant se soucier de l’emballage. Ce sont d’ailleurs les vidéos et animations concoctées par l’équipe du Peuple qui continueront d’être projetées derrière lui pendant tout son set. Casquette vissée sur la tête, casque rivé sur les oreilles, DJ Krush enfile inlassablement les perles amenées dans sa besace.
Pendant l’heure et demie que va durer son set, il va faire entrevoir une discothèque qui doit être aussi bien organisée que votre disquaire de quartier, avec des rayons electro, hip-hop, jazz, world, techno japonaise dans lesquels on irait bien fouiner pendant nos prochaines vacances. On se prend alors en pleine figure quelques grands moments de drum’n bass du troisième millénaire, d’electro maximaliste (néologisme en opposition à l’electro allemande minimale incontournable dans toutes les soirées) et de hip-hop intergalactique.
Non content de réunir sa playlist idéale, Krush en remodèle les matériaux de base avec un travail de sample tout en nuance. Le set passe par toutes les couleurs (bruitiste, abstrait – trip-hop dira ma voisine -) se réchauffant par moment pour combler un public à l’affût du moindre signal pour se tortiller. Le Midnight de DJ Shadow (passé sur la même scène un mois plus tôt) n’en sera pas un des moindres.
Les soirées japonaises qui démarrent cette semaine à la Fondation Cartier avec l’abstrait Nigo et les soniques Boredoms ne pouvaient trouver meilleure introduction parisienne. L’avenir – et mes collègues – nous diront si Krush en ressortira grand vainqueur.
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