Massive Attack éparpillé en trois unités distinctes, il est désormais plus facile de déterminer clairement ce que chacun apportait au pot commun ? et d’imaginer les étincelles fascinantes que pouvait provoquer en studio la collision d’influences aussi éparses, voire contradictoires. Désormais seul à la barre de Massive Attack, 3D a ainsi pu explorer en profondeur […]
Massive Attack éparpillé en trois unités distinctes, il est désormais plus facile de déterminer clairement ce que chacun apportait au pot commun ? et d’imaginer les étincelles fascinantes que pouvait provoquer en studio la collision d’influences aussi éparses, voire contradictoires. Désormais seul à la barre de Massive Attack, 3D a ainsi pu explorer en profondeur une musique-banquise, dont la période glaciaire a débuté avec PIL ou Joy Division, pour s’étendre jusqu’à Radiohead : un rock inquiet et multi-strates, pâle jusqu’à la transparence. Ceux qui ont vu les DJ sets de Mushroom, premier démissionnaire du trio, savent désormais à quel point le bougon benjamin de la bande en était le fournisseur officiel de beats tordus et de hip-hop ténébreux. Son départ brusque à l’époque de Mezzanine modifia en profondeur la dynamique et la tension, non seulement des disques, mais surtout des concerts du groupe.
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Le départ, nettement plus paisible et temporaire (?), de Daddy G allait ensuite castrer Massive Attack de l’influence suave et enveloppante du reggae (et du dub), ainsi que des langueurs orientales. C’est ce que rappelle ce mix benoît et jovial de Daddy G : à quel point il était pour le groupe le grand placier en basses grondantes, mais aussi en sonorités nettement moins anglo centriques que celles dénichées par 3D. Dans son mix, on entend ainsi aussi bien du reggae dance-hall pur jus que de la soul antique, des musiques indiennes, françaises, pakistanaises que du r n’b ? tous unis par le même chaloupement, dans un même sourire mélancolique. Son mix ressemble à une virée dans son quartier métissé de St Paul, à Bristol, quand les fenêtres ouvertes déversent sur les rues dés’uvrées la bande-son des déracinés. C’est d’ailleurs dans ce même quartier, à l’époque de sound-systems légendaires, que naquit le son de Massive Attack, fascinant point de friction de plaques tectoniques aujourd’hui tristement écartées. On prie souvent pour que cesse cet absurde Yalta et que Massive Attack redevienne cette mystérieuse équation : 3D + Daddy G + Mushroom = l’ultime bombe sensuelle.
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