A l’occasion de la sortie prochaine d’une compilation Respect qui lui est dédiée, portrait de DJ Deep, figure incontournable de la house pure et dure. Incorruptible, passionné et irréductible.
« Je ne pourrais pas imaginer jouer des disques que je ne pense pas être les plus beaux disques du monde, je me sentirais moche. » : à elle seule, cette phrase résume toute la sensibilité de DJ Deep. Ce grand échalas, figure incontournable et irréductible de la house française, met dans son métier un peu plus d’amour et d’excitation que d’autres DJs, souvent moins connus mais un rien blasés, un tantinet cyniques.
Rien de tout cela chez Deep, qui, au contraire, déborde de simplicité et, surtout, de passion, malgré quelques années de métier : « C’est un travail et une passion. J’ai commencé ce métier parce que j’ai rencontré Laurent Garnier, qui m a vraiment influencé, il y a 10 ans de cela. On est devenus amis parce qu’on avait une connivence et une sensibilité commune en musique. Petit à petit, il m a donné envie de faire ce boulot et m a proposé de bosser avec lui. Moi je n’avais pas forcément envie d’être DJ, mais il m a donné l’opportunité de le faire. »
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Tout comme Laurent Garnier, Deep est un passionné, quasi obsédé par la musique qu’il affectionne : la house. « Je joue de la house et j’aimerais qu’on arrête de galvauder le terme, de lui coller des adjectifs. C’est complexe : parce que c’est une musique de fusion, on y retrouve du rap, de la musique électronique, des influences africaines, du funk. C’est une musique de fusion et de danse.«
Il ne se contente pas, en tout cas, de faire danser les gens dans des boîtes de nuit. Au contraire, Deep s’attache à trouver d’autres moyens de mieux faire partager sa connaissance de la musique, notamment à travers la radio : après avoir fait ses débuts sur FG, il anime désormais une émission sur Radio Nova. Sans oublier sa propre production musicale, parcimonieuse mais de qualité, avec notamment quelques morceaux sortis sur le label Basenotic : « Pour la production de disques, je n’ai pas la même facilité que mes idoles, ça me demande beaucoup de boulot. Je ne sors un disque que lorsque je suis sûr qu’il tient la route : c’est-à-dire que je l’achèterais volontiers si je l’entendais dans un magasin.«
Aujourd’hui Deep se tourne de plus en plus vers un autre média, lui permettant d’exposer au public son savoir-faire et ses connaissances musicales : les compilations. Parmi ses nombreux projets compilatoires, sort ces jours-ci, un disque labellisé Respect is Burning, du nom des célèbres soirées parisiennes, désormais internationales et itinérantes. Son Respect to DJ Deep est une compilation jouissive de house, regorgeant de perles, de classiques et de trouvailles. « On ne fait pas la même chose sur un CD que dans une boîte de nuit : l’émotion n’est pas la même. Je me suis posé le problème suivant : chez moi, je n’écoute pas de compilations de house. J’ai envie d’écouter plein de choses différentes : de la techno, du funk ou du Harold Budd ! Du coup, j’avais deux options : soit faire un florilège de ce que j’aime écouter, soit tenter de faire quelque chose de représentatif des facettes de la musique que je joue. Du coup, j’ai mis deux morceaux de house classiques, deux morceaux de jeunes producteurs, etc. L’essentiel est que le tout soit cohérent.«
Aujourd’hui, Deep fait tourner ses disques aux quatre coins de la planète, et de plus en plus aux Etats-Unis. Le bonhomme reste en tout cas fidèle à un principe inaltérable : celui de la magie : « Derrick May m a appris la magie qui ne s’apprivoise pas et ne s’imite pas non plus. Il faut avoir le sens de ça : la magie disparaît souvent. Par exemple, en ce moment, les soirées à Paris sont sinistres, les gens s’ennuient, ils sont blasés. Quelle tristesse. Quel dommage ! La magie vaut pour tout : comme dans une relation amoureuse. Si on est flemmard, pantouflard, la passion disparaît. Moi, je suis sensible à cette magie, mais je ne sais pas si je l’ai.
Ça me fait penser à une soirée au Portugal, où jouait Lil Louis, qui est une de mes idoles : il a fait un truc incroyable avec Whew un morceau de Bucketheadz : c’est un truc de Kenny Dope terrible, complètement hypnotique et en même temps complètement funky. Avec beaucoup d’influences, du rap, de la soul : un morceau très riche. Lui, jouait ça dans cette boite bizarre, il avait des effets de sons de jungle, il faisait des arrêts et les gens devenaient fous ! Il a joué ce disque 2 minutes, puis 3, puis 5, puis 10, 15 minutes ! C’était incroyable : il en avait deux copies et il pouvait faire durer ça autant de temps qu’il voulait. C’était complètement mental et hypnotique. C’était magique : il a capturé à ce moment-là le meilleur moyen de communiquer avec les gens. C’est ce qui me passionne dans ce boulot : trouver cette magie-là, la clé pour communiquer avec les gens qui dansent, sans faire de concession musicale.«
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