Les Goo Goo Dolls ne sont certes pas une exception dans le paysage rock américain. Nous pourrions les affilier à d’autres Figgs ou Brandos, mais rares sont ceux qui ont su imposer une ligne à la fois claire et soutenue au-delà des frontières de leur comté natal. Nous parlerons donc ici d’un rock’n’roll de facture […]
Les Goo Goo Dolls ne sont certes pas une exception dans le paysage rock américain. Nous pourrions les affilier à d’autres Figgs ou Brandos, mais rares sont ceux qui ont su imposer une ligne à la fois claire et soutenue au-delà des frontières de leur comté natal. Nous parlerons donc ici d’un rock’n’roll de facture classique, trapu, alerte mais sans amarres précises, écartelé entre les acquis traditionnels de Bob Dylan ou des Sonics et quelques complicités avec des envahisseurs britanniques Undertones ou Costello. On ratisse large, certes, et ce n’est pas les emprunts aux Plimsouls, Creedence, Prince ou Blue Oyster Cult repérés au fil de leurs cinq albums précédents qui recentreront le débat. C’est en fait sur le quatrième Superstar car wash que se dévoile la plus nette filiation avec le titre We are the normal écrit à quatre mains par John Rzeznik (chant/guitare) et Paul Westerberg des Replacements. Là s’éclaire enfin un foyer d’origine, un espoir d’étiquetage. La distance qui sépare Minneapolis de Buffalo (Etat de New York, patrie des Goo Goo Dolls) dépasse largement les mille kilomètres, mais s’amenuise dare-dare à l’écoute de Slide, January friend ou Amigone, pures réminiscences de cet esprit à la fois frondeur, quasi punk, et tout à fait respectueux de l’héritage des grands hobos yankees, qui éclairait chaque disque des Replacements. Avec de tels parrains, perdants professionnels et magistraux, on imagine sans peine que le parcours du trio ne fut pas une simple partie de plaisir aurifère. Avec un peu plus de moyens, les Goo Goo Dolls se sont ici offert les services du producteur Rob Cavallo, des vétérans de la fratrie Tommy Keene ou Benmont Tench, et d’une discrète section de cordes pour illuminer Black balloon ou All eyes on me. Trois fois rien en somme : rien qui ne fasse nouveau riche surtout. Aucune trahison ne pourrait être ici dénoncée. Chaque chanson s’accommode de son passé frugal où seule une mélodie amène et sans apparat attirait le regard. Et c’est encore la beauté naturelle de Dizzy, Broadway ou Extra pale qui retient. En l’absence d’évidences et de maquillage trop cru, il conviendra donc de s’attarder sur chaque refrain sauvageon pour en saisir la grâce sous des atours à la fois bourrus et romantiques. A l’heure du fast-food, Dizzy up the girl flirte quasiment avec l’obsolescence, mais qui prendra le temps de flâner y dénichera quelques trésors intimistes.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}