De passage à Paris pour présenter leur nouvel album Regeneration, le patron Neil Hannon et son fidèle lieutenant Stuart Bates évoquent les nouvelles orientations du groupe et leurs coups de c’ur musicaux. Le live à Paris en vidéo et cinq titres de l’album en écoute sur notre mini-site.
Votre sixième album s’appelle Regeneration, alors ça va mieux ?
Neil Hannon : Je me sens comme un vieux pilier du rock
Stuart Bates : ? C’est amusant : de nouveaux groupes se créent, Divine Comedy est toujours là. On se sent même plutôt jeunes. Quoi qu’en disent les gens, on n’est vraiment pas prêts à mettre en terre.
Neil Hannon : On fait partie de la vieille garde, un peu comme les Pet Shop Boys’ (rires)
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Qu’est-ce qui a changé depuis votre dernier album ?
Neil Hannon : Après Fin de Siècle, on en est presque tous arrivé à la même conclusion : où pouvions-nous aller après ça ? C’était un album-concept assez mélo, une grosse production qui a impliqué des centaines de personnes. On ne pouvait pas aller plus loin. En changeant de label et de siècle, on a pensé qu’on devait aussi revenir aux sources, se concentrer sur le groupe, ce que nous étions capables de faire tous les sept.
Comment avez-vous travaillé ?
Neil Hannon : J’ai composé toutes les chansons à la guitare acoustique. C’était important de procéder ainsi pour garantir l’homogénéité du tout (Neil s’amuse d’un jeu de mot à connotation sexuelle, intraduisible en français : « tout » se dit « all » qui s’entend aussi « hole », un trou’ Son acolyte rigole à son tour, aussitôt recadré par Neil qui continue). On est parti de cette base une fois en studio. Bien sûr, le plus gros changement reste que nous avons amené notre propre producteur : Nigel Godrich (Radiohead, Travis, NDLR). On avait besoin de quelqu’un d’assez directif, qui nous empêche de partir dans tous les sens’
Stuart Bates : ? On a vraiment le don d’en faire trop, d’ajouter trop de choses quand on a la tête dans le guidon. Sans avoir réellement besoin de tous ces ajouts.
Neil Hannon : Et aussi pour ne pas se cantonner dans un genre en particulier. Chacun de nous a tendance à occuper une « case » musicale différente. On ne voulait pas tomber là-dedans, on voulait faire un album à l’image des sept personnes qui composent le groupe.
Vous êtes devenus bien sérieux, vous en avez fini avec la dérision ?
Stuart Bates : On a fait plus simple.
Neil Hannon : L’idée première pour les textes était de communiquer. Ce qui n’a pas toujours été le cas (rires). En fait, j’ai souvent eu l’impression qu’on se planquait derrière des blagues. Comme un écran entre moi et les gens. Cet album est effectivement plus simple, avec moins de sous-entendus et d’ironie. Cela fonctionnait dans le contexte du précédant mais ça n’aurait pas marché sur celui-là. L’ensemble est un peu plus réfléchi.
Stuart Bates : Oui, un peu plus contemplatif
Neil Hannon : Ou plus honnête
Stuart Bates : C’est ça, plus honnête et plus ouvert.
Qu’écoutez-vous en ce moment ?
Stuart Bates : Ce matin, j’écoutais Supergrass au réveil.
Neil Hannon : Quel album ?
Stuart Bates : Ben, le dernier, celui qui est sorti l’année dernière : Supergrass de Supergrass !
Neil Hannon : Ah oui, et t es pas capable de donner le nom
Stuart Bates : En tout cas, c’est ce que j’écoutais ce matin.
Neil Hannon : Voilà un bon album (pince-sans-rire). Moi, en ce moment j’écoute At The Drive-In, ils déménagent. Et ils ont beaucoup de cheveux, ce qui est très important. Le meilleur album de l’an passé, XTRMNTR de Primal Scream. Mon disque préféré de tous les temps ? Difficile à dire, mais il y aurait sûrement Scott 2 de Scott Walker, Trans-Europe Express de Kraftwerk, Bridge Over Troubled Water de Simon & Garfunkel’
Stuart Bates : Vraiment ?
Neil Hannon : J’adore ce disque.
Stuart Bates : Mon Dieu !
Neil Hannon : Tu devrais l’écouter, c’est pas du tout ce que tu crois. Et aussi Green de REM.
Stuart Bates : Pour moi, il y aurait sûrement The Rise & Fall of Ziggy Stardust, un grand album.
Neil Hannon : C’est un très grand fan de Bowie. En fait, mon single préféré est Ashes to Ashes mais je n’ai jamais aimé l’album.
Stuart Bates : Tu devrais l’écouter. Je le prendrai à notre prochain voyage.
Et vos meilleurs souvenirs de concerts ?
Neil Hannon : J’ai assisté à quatre concerts de Primal Scream l’an dernier, fantastiques à chaque fois. Mais mon meilleur souvenir reste Kraftwerk, il y a au moins quatre ou cinq ans. C’est comme quand t es gamin et que tu vas à ton premier concert : t es tellement excité que t es presque trempé. Sauf que moi, j’avais vingt-six ans !
Stuart Bates : J’ai vu Police juste avant qu’ils ne se séparent, c’était assez cool. Et ça en dit long sur mon âge
Neil Hannon : Une expérience sans séquelles. Moi, mon premier concert c’était U2 à Dublin, à l’époque de The Joshua Tree.
Stuart Bates : Mais Police, c’était plutôt bon ! Et c’était mon premier concert ! Sinon, tous les concerts de Bowie étaient bien mais c’est parce que je me « bowise » peu à peu.
Neil Hannon : Mais puisqu’on te demande lequel tu préfères’
Stuart Bates : Probablement celui à Wembley, en 19?90. J’aimerais pouvoir citer ses concerts d’avant qui étaient sûrement meilleurs. Je me souviens aussi d’un très bon concert de Radiohead en Hollande
Neil Hannon : En fait, j’ai changé d’avis !
Stuart Bates : Mais c’est mon tour, là?
Neil Hannon : Oh, désolé, continue
Stuart Bates : On était au tout premier rang pour les encourager, avec deux mille personnes dans le dos. C’était dément. Mais c’était aussi la première fois que je les voyais en concert. Maintenant, c’est à toi.
Neil Hannon : American Music Club à Londres en 1991 ! Je n’ai rien vu de meilleur depuis.
{"type":"Banniere-Basse"}