Originaire de Nouvelle-Zélande, Sophie Moleta fait, avec Dive, son entrée officielle dans les bacs français, telle une météorite dont on n’a même pas commencé à mesurer l’impact exact… C’est la tête la première qu’on plonge dans Dive, et ce dès le premier morceau, un Octave war chichement drapé d’un synthé en volute de fumée froide, comme […]
Originaire de Nouvelle-Zélande, Sophie Moleta fait, avec Dive, son entrée officielle dans les bacs français, telle une météorite dont on n’a même pas commencé à mesurer l’impact exact… C’est la tête la première qu’on plonge dans Dive, et ce dès le premier morceau, un Octave war chichement drapé d’un synthé en volute de fumée froide, comme s’échappant d’un cendrier abandonné au petit matin, après une longue nuit d’insomnie. Rien à voir avec l’esthétique proprette de la pochette du disque. Sous des dehors vaguement romantiques et quelques tics qui s’estompent au fil des écoutes, Sophie Moleta cache une âme d’écorchée vive, une tronche de première de la classe qui aurait mal tourné. A quoi bon une formation classique, quand on réduit ainsi son jeu de piano à quelques notes avaricieuses, soulignées çà et là, pas souvent, d’un violoncelle profondément caverneux (10 x 2), d’une guitare geignant d’un plaisir malsain, presque masochiste (God and fire) ? Il y a de l’ascèse dans ces chansons écrites comme au sortir d’une retraite monacale, les joues hâves et les yeux encore douloureux d’affronter la lumière et la réalité du jour. Sophie Moleta chante comme danserait une ballerine brisée, d’une voix tour à tour haut perchée puis chutant brusquement et se tordant de souffrance, avant de se redresser péniblement et de tendre encore vers la grâce – on pense à une Kate Bush au pain sec et à l’eau, ou encore une Joni Mitchell en herbe brûlée. A la fois crue et climatique, la musique de Sophie Moleta aspire dans les profondeurs d’une dépression (mal) traitée au Prozac, en ces eaux troubles où la conscience, artificiellement dopée, joue à cache-cache avec elle-même. Jeu de dupes, où tout le monde finit par gagner, elle comme nous.
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