Curieux retour du Droopy chantant des Magnetic Fields : moins de mélodies, plus de bruit.
C’est aux côtés du metteur en scène chinois Chen Shi-Zheng qu’on avait pour la dernière fois aperçu Stephin Merritt. Quelque temps après la sortie de I, dernier album de son toujours aussi fringant projet Magnetic Fields, le songwriter, qu’on avait par ailleurs vu sévir au sein de The 6th, The Gothic Archies ou The Future Bible Heroes, s’était lancé dans un improbable exercice d’opérette, regroupant avec Showtunes une série de compositions réalisées pour trois pièces de théâtre. Et c’est cette manière de brouiller les pistes, ce don pour ajouter sans cesse de nouvelles cordes à son arc qui transparaît aujourd’hui à travers le huitième album des Magnetic Fields, explicitement intitulé Distortion – un disque plein de gros bruit donc. Merritt, grand spécialiste des “albums à thème” (69 chansons sur l’amour, 14 chansons commençant par la lettre “i”), s’est cette fois appliqué à rassembler des morceaux autour d’un (bon) son : celui de Jesus And Mary Chain.
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Pari réussi puisque Distortion se révèle être un disque de romantisme distordu, de lyrisme rude, où le sentiment amoureux, jadis niché dans de précieux arrangements, est désormais coincé entre des chœurs emportés et des guitares rebelles. De California Girls à Please Stop Dancing, Merritt signe un album de pop-songs indociles, que seul son toujours formidable timbre de voix, à la fois grave et limpide, vient de temps à autres aérer. Aussi, si Distortion continue à illustrer la singularité des Magnetic Fields, groupe multiple et imprévisible évoluant dans un paysage de plus en plus formaté, fort est à parier que les nostalgiques des douceurs et autres délicatesses de 69 Love Songs ne lui décerneront pas la médaille (du Merritt).
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