La liste des publications est longue pour la cinquième édition du Disquaire Day, qui se déroule aujourd’hui. La rédaction des inRocKs présent ici sa sélection.
Qu’est-ce qu’un disque ? Pour les plus jeunes de nos lecteurs, un peu d’histoire. Le disque fut probablement inventé sous sa forme primitive par les Sumériens en 3500 avant J.-C. (qui n’est pas Johnny Cash, mais Jésus-Christ). Les historiens confondent parfois cette invention avec celle de la roue, en raison de certaines caractéristiques communes (comme la roue, le disque tourne sur un axe, et il peut nous emmener très loin).
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On retrouve sa trace en Inde aux débuts du bouddhisme sous la forme du Dharmachakra (qui est parfois représenté entouré de deux soit-disant gazelles, mais nous affirmons qu’il s’agit en vérité des bras d’une paire de tourne-disques, ce qui tendrait à prouver que le DJaying fut inventé en Inde il y a une dizaine de siècles).
Plus tard, au XXe siècle, les disques gardent leur caractère sacré, tout en devenant des produits de grande consommation, fabriqués à la chaîne (hifi). C’est à l’aube du troisième millénaire que le disque – le vrai, en vinyle, pas son vilain petit succédané le compact-disc – semble vivre son crépuscule. Il faudra pour le sauver la sagesse des anciens, la curiosité des plus jeunes, et la passion militante des disquaires indépendants et des labels. Et l’évidence s’impose à nouveau : le disque n’est pas qu’un support sonore, c’est un bel objet magique, qui ritualise l’écoute de la musique et la ramène à sa dimension artistique.
Enfin, la résurrection du vinyle fut couronnée en 2007 dans le monde anglo-saxon par l’avènement du Record Store Day, décliné quelques années plus tard en France. Pour tous les mélomanes et adorateurs du disque, le Disquaire Day devint jour de fête nationale. Avec, en 2015 comme chaque année, une grosse fournée de disques rares ou inédits en tirage limité.
Et cette année plus encore que les autres, les musiciens et la musique live fêtés chez les disquaires, dans les bars et dans les salles. Où l’on ne manquera pas d’entonner, sur l’air que l’on veut, l’hymne du 18 avril : allons enfants de la party, le jour de gloire est arrivé, contre nous de la piraterie, qu’un pur chant abreuve nos microsillons (que de gros son).
Stéphane Deschamps
Django Django Beginning to Fade/ Sunken Dream (45-t)
Leur fantastique premier album est sorti il y a trois ans maintenant. Le deuxième, Born Under Saturn, sortira au mois de mai. Avant ça, les petits malins fans de vinyles pourront frimer avec ces inédits : Beginning to Fade et Sunken Dream. Les deux morceaux seront réunis sur un 45-t édité à deux cent cinquante exemplaires – il faudra se lever de bonne heure pour en choper un, et ne pas bouder son plaisir face à cet objet désirable. (Because Music)
Bror Gunnar Jansson Bror Gunnar Jansson (33-t)
Marrant : une édition Disquaire Day avec un tirage plus important que le tirage original. C’est qu’en 2012, le premier album du Suédois du bayou Bror Gunnar Jansson était sorti en vinyle à cent exemplaires ! Pour cette édition 2015, il y en aura deux cents de plus qui devraient s’arracher comme des petits pains suédois vu le succès du jeune homme en France depuis un an (et aussi la qualité du disque, plus brut et hanté que le récent Moan Snake Moan).
(Normandeep Blues Records/ L’Autre Distribution)
David Bowie Changes/Eight Line Poem (picture-disc) Kingdom Come (split-single avec Tom Verlaine)
Double ration bowiesque, avec la suite de la série des magnifiques picture-discs qui propose Changes, avec une photo période Hunky Dory signée Brian Ward, et, en face B, une version alternative du Eight Line Poem paru en 1971. Ensuite un single avec Tom Verlaine, dont Bowie avait repris Kingdom Come un an après. Les deux versions apparaissent dos à dos pour la première fois.
(Warner)
Pierre Arditi Histoire d’une jeunesse (33-t)
Une histoire de famille : sur ce disque, Pierre Arditi lit des textes du défunt écrivain Elias Canetti, dont il était le petit-cousin. Le tout produit par un autre Canetti, l’illustre Jacques. D’autres productions Jacques Canetti revivent en vinyle ce 18 avril : Simone Signoret et Jean Cocteau, une rareté de Jacques Higelin qui chante Boris Vian, et la comédie musicale écrite par l’écrivain, La Bande à Bonnot, où l’on retrouve, tiens, Jacques Higelin. (Jacques Canetti)
Feu! Chatterton Bic medium (33-t)
Alors qu’on attend leur premier album avec impatience, les cinq Parisiens se payent le luxe de publier ce vinyle à face unique. Un inédit comme une longue errance en quatre temps, où par moments Feu! Chatterton ressemble plus que jamais à Alain Bashung, mais où parfois, aussi, on oublie tout pour se laisser aller à la nonchalance de ce rock à visée poétique. Ça s’appelle Bic medium et c’est un joli cadeau pour les fans. (autoproduit)
Le Sahel La Légende de Dakar (deux 33-t)
Après l’Orchestra Baobab de Dakar et le Poly-Rythmo de Cotonou, un autre groupe de légende renaît de ses cendres. Au début des années 70, Idrissa Diop, Cheikh Tidiane Tall et Thierno Koité animent les soirées du club Sahel de Dakar avec un répertoire où les rythmes afro-cubains se taillent la part du lion. Quarante ans plus tard, ils se retrouvent et découvrent qu’ils n’ont rien perdu de leur complicité. Enchantement que l’on partage à l’écoute de ces treize titres classiques, inusables invitations à la danse où revit l’ambiance du Dakar d’avant mbalax.
(Celluloïd)
Jeanne Added A War Is Coming (ep)
C’est l’incontestable révélation féminine de l’année. Cette fougueuse rémoise venue du jazz a fait une entrée remarquée dans le rock avec ce premier ep trois titres, qui paraît pour la première fois en vinyle dans le format idéal de 25 cm. Un bon moyen de goûter à l’ardeur de ces chansons, à leur autorité apparente et à leur fragilité intérieure, avant un premier album attendu pour juin.
(Naïve)
Cannonball Adderley Wow! (33-t, deux + bonus)
Voici typiquement le genre de pochette qui justifie entièrement la réédition en vinyle. Et la musique vaut le coup aussi : une compilation vintage (elle était sortie en 1964), qui reprend des titres enregistrés pour le label Mercury par le saxophoniste américain, avec Paul Chambers, John Coltrane, Jimmy Cobb… Le jazz de l’âge d’or.
(Harmonia Mundi)
Foo Fighters Songs from the Laundry Room (ep)
Honneur à monsieur l’ambassadeur 2015 du Record Store Day aux US : Dave Grohl, qui en profite pour glisser un ep quatre titres des Foo Fighters. Avec des démos vintage (début des années 90), une reprise du Kids in America de Kim Wilde et un titre original. Le Laundry Room était un home-studio de Seattle, où les Foo Fighters ont commencé à enregistrer alors que Dave Grohl faisait encore partie de Nirvana. Une tranche d’histoire, donc.
(Sony)
George Ezra Wanted in Voyage (33-t picture-disc)
Pour beaucoup, le voyage proposé par George Ezra avait commencé par Budapest, single avant-coureur, aussi bouleversant que renversant. Il s’était poursuivi sur un premier album où la voix aérienne du Britannique faisait et fait encore merveille près d’un an après sa sortie. Ne restait qu’à parachever le trip grâce à ce 33 tours operator picture-disc faisant office de boutique de souvenirs.
(Sony)
Mariama Moments Like This (ep)
Dans la lignée folk-soul venue d’Afrique, la chanteuse Mariama donne suite à son premier album avec un bel ep de cinq chansons sobres et haute couture. Accompagnée de sa guitare acoustique et du joueur de kora Abdoulaye Kouyaté, Mariama chante velouté pour attirer l’été. Merci pour les moments, hein.
(autoproduit)
Cyril Mokaiesh & Giovanni Mirabassi Naufragés ! (33-t)
L’hommage du chanteur Cyril Mokaiesh et du pianiste Giovanni Mirabassi à quelques écorchés de la chanson française. Une collection de reprises poignantes de Daniel Darc, Allain Leprest, Philippe Léotard, Serge Reggiani et bien d’autres “Naufragés !“, dans des versions dépouillées, fluides, chantées avec une vraie tendresse et beaucoup d’ardeur : ce disque verra le jour en vinyle le 18 avril, avant le CD à l’automne.
(Un plan simple/Sony)
Christine And The Queens Intranquillité (double 45-t)
La grande championne des Victoires de la Musique, qui a déjà participé au Disquaire Day par le passé, met les bouchées doubles pour l’édition 2015. Un gatefold réunira en effet deux 45-t de Christine And The Queens – soit quatre morceaux au final : les déjà connus Science-Fiction et Paradis Perdus, mais surtout l’inédit Intranquillité et la reprise d’Amazoniaque d’Yves Simon.
(Because Music)
A$AP Rocky Lord Pretty Flacko Jodye 2/Multiply (45-t)
Après Long.Live.A$AP en 2013, les attentes se sont vite tournées vers les prochaines insolences d’A$AP Rocky, l’étoile montante du rap US. Premières étapes juste ici : les singles Lord Pretty Flacko Jodye 2 et Multiply, réunis sur un 45-t dont les deux faces semblent se faire la guerre dans un nuage de fumée. Pas mal en attendant le deuxième album de ce New-Yorkais pur jus.
(Sony)
Etta James The Second Time around (33-t + deux bonus)
Etta James s’est éteinte en 2012, mais sa voix reste l’un des plus grands incendies de l’histoire de la soul. Et cela dès ses débuts, comme on le (re)découvre avec cette réédition d’un album rare de 1961, à l’origine paru chez Chess. La musique est plus pop et propre que sur ses hits sauvages des années 50, mais la voix d’Etta James explose définitivement les coutures de cet habillage jazzy à violons.
(Harmonia Mundi)
Sun Ra & His Intergalactic Research Arkestra Planets of Life or Death (33-t)
Un an après la parution de la remarquable compilation In the Orbit of Ra, réalisée par Marshall Allen, le label Strut exhume l‘enregistrement inédit d’un concert de Sun Ra et de son groupe donné en 1973 à la MJC d’Amiens. Mais plus que d’un concert, il s’agit là d’un spectacle proche du rituel où les explorations sonores de ce génie de l’inouï qu’était Herman Blount (son vrai nom) inspiraient aux “space dancers des chorégraphies célestes“ , comme le suggère le texte de la pochette (dont les photos ont été prises par Jan Persson ce soir-là).
(Strut/Differ Ant)
Yael Naim Coward (ep)
Sur Older, l’épatant nouvel album de Yael Naim, il y a ce titre sur lequel la chanteuse se demande : “How did I become a coward ?“ Lâche, Yael Naim ne l’est pourtant pas. Plutôt du genre sincère et directe, surtout quand il s’agit d’aligner de petites merveilles mélodiques. Généreuse enfin, comme en témoigne cet ep façonné pour l’occasion, qui propose trois versions du morceau : l’original, un autre partagé avec Brad Mehldau et un troisième avec le Metropole Orkest néerlandais.
(Tôt ou Tard)
Painters Boxset (coffret quatre 33-t)
Assurément l’un des musts de cette édition : un élégant coffret qui rassemble les quatre premiers albums enregistrés entre 1992 et 1995 par le groupe de l’ombrageux Mark Kozelek. Pressé à 1 500 exemplaires (avec un code de téléchargement inclus) et conçu avec soin par le graphiste Chris Bigg, ce coffret propose des vinyles couleur bronze, avec en appendice à l’album Ocean Beach, un second disque contenant l’ep Shock Me paru à l’époque.
(4AD/Wagram)
La French bande originale du film (coffret BO + film en DVD et Blu-ray)
Polar français à l’américaine, La French peut aussi se vanter d’une belle BO de classe internationale sexy et groovy, façon Tarantino, où l’on entend le Velvet, Blondie, Kim Wilde, Townes Van Zandt, Gainsbourg, mais aussi Sheila et Mike Brant… Le Disquaire Day se fait de plus en plus de films, puisqu’on peut aussi trouver cette année chez Universal la BO du merveilleux A bord du Darjeeling Limited de Wes Anderson.
(Gaumont)
Otis Redding Otis Blue/Otis Redding Sings Soul (double 33-t, mono et stereo)
Si l’on ne doit posséder qu’un seul album du grand Otis Redding, c’est sans conteste celui-ci. Embrassant, au sens fougueux et fusionnel du terme, l’ensemble du spectre de la musique noire américaine, Otis Blue étend son champ d’action du gospel de Ole Man Trouble jusqu’au blues de Rock Me Baby, et du rhythm’n’blues à l’arrache de Shake à une réappropriation des plus physiques du Satisfaction des Rolling Stones.
(Warner)
http://www.youtube.com/watch?v=Veifo7d2KLM
Pulp Little Girl (with Blue Eyes) (33-t)
Fans de Pulp, réjouissez-vous : le Disquaire Day 2015 vous offre l’embarras du choix. On a choisi l’ep Little Girl (with Blue Eyes) pour son refrain subversif (“Little girl with blue eyes/ There’s a hole in your heart, and one between your legs”) Mais les fidèles de Jarvis Cocker pourront lui préférer la réédition des singles Dogs Are Everywhere et They Suffocate at Night, ou celle des albums It, Freaks et Separations du groupe.
(Fire Records/Differ-Ant)
Claire Diterzi + Mélissa Laveaux Le Roi des forêts/ Generous Bones
Moriarty + Irshad & Nishad Ali Kawa Alive/Vivants
Nosfell + Jeanne Added Diamonds Never Die /Little Sadie (trois 45-t)
Et voici du vrai collector et du vrai projet spécial : pour cette journée de fête, l’Adami (société de gestion des droits des artistes) et France Inter ont produit des collaborations entre différents musiciens (lauréats du programme d’accompagnement de carrière de l’Adami), enregistrées au studio 106 de la Maison de la Radio. Morceaux gravés en live sur disque à exemplaire unique, sous le label de circonstance Session Unik, puis réédités à deux cents exemplaires.
(Session Unik)
Ventre De Biche Viens mourir (33-t + livre)
Entre autres joyeusetés, le label Teenage Menopause a sorti des disques de J.C. Satàn et Jessica 93. Ça vous pose une ambiance : rock’n’roll et after-punk dégénéré. C’est dans cet esprit malin que s’inscrit Ventre De Biche, groupe synthé-punk de l’Est de la France, dont l’album Viens mourir spécial Disquaire Day contient le titre La vie est un long fleuve de merde – déjà un tube.
(Teenage Menopause)
Sly & The Family Stone Live at The Fillmore East (33-t)
Après avoir empoché cinq millions de dollars en dédommagement de la spoliation de ses droits d’auteur, le black Mozart qui, devenu indigent, fut un temps SDF à Los Angeles, voit coup sur coup la parution d’une compilation retraçant l’histoire de son éphémère label Stone Flower (Light in the Attic) et ce live enregistré les 4 et 5 octobre 1968 au légendaire Filmore East de New York, soit un an avant son passage au festival de Woodstock dont il fut l’une des révélations. A l’époque le groupe donnait deux concerts par nuit dans l’intention de sortir un album live des meilleurs instants. Ce projet abandonné en cours de route, voit le jour quarante-sept ans plus tard sur le seul support digne de son indépassable science du groove : le vinyle !
(Sony)
Jean Louis Murat & The Delano Orchestra Live aux Pias Nites (ep)
D’une association régionale de circonstance pour le dernier, et double, album de Jean-Louis Murat, Babel, la rencontre entre le refuznik de la chanson rock de langue française et le groupe de néofolk clermontois est née une complicité qui forge les belles heures de cette musique. Sans comparer l’attelage à Dylan et son Band, ce live de Murat avec le Delano, capturé façon pirate sous les voûtes d’une petite salle parisienne, est le genre d’objet jouissif que l’on adorait jadis se passer sous le manteau.
(Pias)
H-Burns The Lo-Fi Series (33-t)
Renaud Brustlein est du genre à bien s’occuper : quand il n’enregistre pas un nouveau disque de son projet H-Burns, il revisite ses chansons préférées, en version lo-fi. Ici, un 33-t qui rassemblera huit de ses reprises. Et comme le jeune homme a bon goût, les meilleurs songwriters de l’Amérique sont passés à la moulinette H-Burns : The National, Neil Young, Cat Power, Elliott Smith, Bruce Springsteen, Grandaddy…
(Vietnam/Because)
The Fantastic 4 Eggwomen ! (ep)
Olivia Ruiz vs The Rodeo, Dionysos vs Mesparrow : où quand les anciens lauréats du Fair reprennent des chansons des nouveaux, et inversement. Ambiance bataille de polochons pour cette sortie limitée à deux cents exemplaires chez Eggman Records, le label tout beau tout neuf de l’hurluberlu Mathias Malzieu de Dionysos, dont le tube vintage Ciel en Sauce revient ici à la sauce Mesparrow.
(Eggman Records)
Busy P Cliché Skateboards x Chet Childress (25 cm)
Pour ceux qui ne connaissent pas bien ce petit monde, Cliché est la marque culte dans le game français de la planche à roulettes. C’est d’ailleurs son fondateur, le skateur Jérémie Daclin, qui se trouve à l’origine des nouveaux bidouillages électroniques de Busy P, aka Pedro Winter, le patron d’Ed Banger Records, pour cette BO de la dernière vidéo Cliché, la bien nommée Gypsy Life. Accompagné du guitariste Bogue, Busy P s’éclate aux manettes d’une boîte à rythmes MPC 2000, le tout sous la direction artistique du skateur et artiste Chet Childress. Un joli casting, pour une série de morceaux féroces édités à cinq cents exemplaires. Classe.
(Ed Banger/Because)
Tamikrest Taksera (33-t)
Enregistré lors d’un festival cet été, ce Taksera (“célébration en musique” en langue tamashèque) est un album inédit qui se propose, à la manière d’un best-of live, de récapituler le parcours musical et culturellement engagé des chefs de file de la nouvelle génération du rock touarègue. Toujours en vedettes, ces guitares reptiliennes et ces mélopées troublantes semblent dessiner sur le sable d’énigmatiques arabesques.
(Glitterbeat/Differ Ant)
Blundetto The World of (33-t avec 45-t bonus)
D-Day oblige, l’excellent label Heavenly Sweetness re-réédite deux rééditions glorieuses de son catalogue (Don Cherry & Latif Khan et John Betsch Society). Mais la vraie nouveauté, c’est l’exclu du nouvel album du Français Blundetto (son troisième), avec un 45-t en plus pour le 18 avril. Le programmateur de Radio Nova livre un nouveau trip dans les nuages du reggae et de l’afro-soul, tranquille. Et si vous cherchez à faire dédicacer le disque, Blundetto sera vers le Point Ephémère pour ledit D-Day.
(Heavenly Sweetness)
Laura Cahen Réverbère/Roseaux (45-t)
La plupart ne la connaissent pas encore. Laura Cahen a été repérée par le Fair et le Printemps de Bourges, et a donné plus de cent trente concerts en France ces dernières années. La chanteuse, qui a rejoint Le Phonographe, label du producteur français Samy Osta (avec Juniore), sort son premier 45-t. Deux morceaux dont un Réverbère aux arrangements impeccables, qui la place pile-poil entre deux femmes en “a”, Barbara et Camelia Jordana.
(Le Phonographe)
Animal Collective Prospect Hummer (33-t)
C’est la rencontre de la sorcellerie et de l’aventure, du folk et des ronces, de la brume et du soleil, c’est une fontaine de jouvence et un disque sublime : en 2005, quelques mois après avoir publié leur fantastique Sung Tongs, les jeunes Animal Collective invitaient Vashti Bunyan, grande prêtresse folk retrouvant alors la lumière après trente ans de silence, à chanter sur trois morceaux. “Ma fille m’a dit qu’elle pouvait m’entendre sourire sur le morceau-titre“, avait alors expliqué Bunyan. Sur ces plages au sable magique et aux ressacs psychédéliques, on s’entend quant à nous rêver.
(Fat Cat)
E.S.T. Leucocyte (33-t)
Paru en 2008, Leucocyte est le dernier vrai album du groupe suédois E.S.T. – pour Esbjörn Svensson Trio. Par la force des choses, puisque le pianiste est mort accidentellement avant sa sortie. L’occasion de se souvenir d’un groupe qui a bien secoué et ravivé le jazz européen dans les années 2000, et de saluer la parution en vinyle d’une quinzaine de références du renommé label Act.
(Act/Harmonia Mundi)
Louis Aguilar Louis Aguilar (maxi 45-t)
Au tableau de chasse de Louis Aguilar, il y a la chanson Memories, que Julien Doré a reprise sur son album Løve. L’élégant Lillois revient dans son plus beau costume de crooner (anti)folk. Cette poignée de chansons évoque la country américaine ou la pop-western d’Adam Green, Richard Hawley ou Mustang, avec un grain de voix qui n’appartient qu’à Louis. Parfait pour les futurs slows et mamours de l’été.
(Strictly Confidential)
John Grant With The BBC Philharmonic Orchestra: Live In Concert (33-t)
Pour avoir aimé jusqu’à la déraison les nobles et vastes chansons de The Czars, pour avoir retrouvé avec bonheur le garçon, après une traversée du désert mouvementée, sur ses deux merveilleux albums solo Queen of Denmark puis le plus électronique Pale Green Ghosts, on savait John Grant capable de toucher à l’immensité. Son songwriting de soie et sa voix de velours pouvaient pourtant gagner encore en ampleur : portés, soufflés par le plantureux orchestre philarmonique de la BBC, les sommets de l’Américain effleurent tout simplement le paradis.
(Bella Union)
Molécule Mille Feuilles x Classic (30 cm)
Il y a quelques semaines, Romain Delahaye, alias Molécule, publiait son livre audio 60° 43’ Nord (Editions Classic). On y retrouvait les expérimentations ambient-techno tirées de sa traversée de l’Atlantique Nord, où, pendant cinq semaines, il a enregistré des sons marins via un studio mobile installé sur le chalutier Joseph Roty II. Une drôle d’aventure, que le label parisien Mille Feuilles a voulu immortaliser sur vinyle avec les copains de Ed Banger Records. Il n’y en aura pas pour tout le monde (cinq cents exemplaires seulement sont prévus), il faudra donc hisser les voiles assez tôt le 18 avril.
(Ed Banger/Because)
Various Artists Kidder Country (33-t picture-disc)
Kidderminster est le label de Coming Soon, dont on connaît l’amour pour l’antifolk et sa grand-mère, la country. Pour le Disquaire Day, ils ont demandé à Judah Warsky, Mount Analogue, Cassir Berman, The Piroutettes, Jamaican Queens… et eux-mêmes d’enregistrer des reprises de chansons country (Dolly Parton, Merle Travis, Hank Williams, Townes Van Zandt…). éloignées de la country, mais proches de la bonne musique. Le 18 avril, toute la bande sera sur scène à Clermont-Ferrand.
(Kidderminster/La Baleine)
The Limiñanas Time Will Tell/ Alicante (45-t)
Plus de deux ans déjà que les Perpignanais ne sont plus très drogue, une profession de foi que l’acidité de leurs guitares et leurs claviers psyché contredisent. Nouvelle preuve de leur sobriété retrouvée, ce double 45-t protéiné dont le Time Will Tell n’a strictement rien à voir avec celui de Bob Marley.
(Because)
The Dogs Too Much Class for The Neighborhood (33-t)
Les vrais, les purs, les durs, ont déjà le vinyle original, sans doute même en double. Pour les autres, la joie de découvrir dans les meilleures conditions un grand disque classique du rock français (rouennais), électrique et romantique, sous haute influence anglo-saxonne. Linda, Robin, Sandy et et Angie n’ont pas pris une ride. L’album suivant des dandys Dogs, Legendary Lovers, a lui aussi droit à sa version vinyle, de couleur rouge.
(Sony)
Part-Time Friends Art Counter (33t)
Que les plus jeunes l’apprennent : jadis, pour parler d’un morceau sur un vinyle, on disait parfois “une plage”. Des plages, il y en a quatre sur le disque du duo français Part-Time Friends, et il y en a surtout plein leur tête et leur musique. Des plages de Californie, des plages anglaises, le ressac d’un folk néo-sixities écolo, qui évoque parfois le psyché-soft de Mazzy Star. Le disque à acheter maintenant et à glisser dans ses bagages pour les vacances d’été.
(Un Plan Simple/Sony)
Dexys Midnight Runners Don’t Stand Me Down (33-t violet)
Le troisième album maudit du groupe à géométrie variable de Kevin Rowland. Détesté à sa sortie en 1985, il a été largement réévalué depuis trente ans malgré sa démesure, sa narration misanthrope et l’absence de hits percutants comme les précédents. Cette édition en vinyle violet est une nouvelle occasion de se plonger dans une oeuvre intense, qui se bonifie à chaque écoute.
(Universal)
John Milk Treat Me Right (33-t)
“Traite-moi bien”, demande John Milk. Et non pas “trais-moi bien”, car le Lyonnais John Milk n’est pas une vache, même si son nom avait pu laisser planer le doute. Sa musique est crémeuse et riche en calcium, pour sûr : du funk de digger à l’américaine, qui fait son beurre dans le groove millésimé des seventies. Le disque idéal pour faire le beau/la belle et danser sans s’essouffler.
(Underdog Records)
Venom From the Very Depths (33-t)
D’aucuns se souviennent que le gang de Newcastle fut l’un des premiers à plomber plus encore son heavy. Mais d’aucuns savaient-ils que Venom était toujours en activité de nos jours ? Session de rattrapage idéale pour ce 18 avril, leur dernier album réédité en vinyle couleur, un paradoxe pour ceux qu’on considère comme des précurseurs du black metal.
(Universal)
The Mispers Shoulder/Weekend (45-t)
“Mispers”, c’est le néologisme utilisé par la police anglaise pour désigner les personnes disparues, “missing persons”. Ces Londoniens pas perdus pour tout le monde ont déjà trouvé un public : comment résister à cette paire de chansons pop et dansantes, taillées pour la joie des stades, qui évoquent autant le glam de Suede que le folk fougueux d’Arcade Fire ?
(Tôt Ou Tard)
Syd Barrett Dark Globe (splitsingle avec R.E.M.)
Acrobatique balade au bord d’un gouffre où l’on rencontre, entre autres, “une langue en plume” et “une chaîne eskimo”, ce sommet du premier album de Syd Barrett, The Madcap Laughs, produit par ses ex-comparses de Pink Floyd (Waters, Gilmour), se réincarne quarante-cinq ans après en 45-t. Précieux et intemporel, et, comme souvent chez Rhino, accompagné en face B d’une reprise du morceau, dépouillée et recueillie, par les Athéniens de R.E.M.
(Rhino/Warner)
Roxy Music Ladytron/The Numberer (Steven Wilson stereo remix) (picture-disc 25 cm)
Appendice à la réédition vinyle de l’intégrale Roxy Music, ce picture-disc sexy rassemble l’un des titres les plus extravagants du premier album des Anglais glamour et futuristes, dans une version longue de plus de sept minutes. Au dos, un remix de la face B originelle de leur premier single, Virginia Plain, par le sorcier Steven Wilson.
(Universal)
Johnny Cash Koncert v Praze (In Praque-Live) (33-t)
OK, l’époque où Johnny Cash donne ce concert à Prague (1983) derrière le rideau de fer n’est pas la plus dingue de sa très longue carrière. C’est même la moins bonne. Néanmoins, ce disque-document en vinyle rouge soviet trouvera sa place dans une collection (puisqu’il y a des gens qui collectionnent les disques de Johnny Cash, on en connaît). Et ceux qui préfèrent Johnny Cash quand la musique est bonne (bonne, bonne) achèteront aussi le 45-t The Man Comes Around/Personal Jesus, deux chansons totémiques des années Rick Rubin.
(Sony et Universal)
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