Devo à la Villette Sonique : beaucoup de comédie, un show rétro et moderne à la fois, et beaucoup d’énergie. Devo is not dead.
Dépassant largement le mondialement connu Whip It, Devo est un groupe indus, fortement teinté de new wave et d’on ne sait bien quoi, à la fois daté et moderne. Guitares 70’s, sons en avance sur leur temps en 72, et surtout synthés Moog qu’on aurait presque balancés aux ordures si Tellier et autres petits malins ne remettaient pas au goût du jour ce son si particulier. [attachment id=298]Fanatique de new wave, il est toujours assez terrifiant, bien que réjouissant, d’imaginer les hurluberlus qu’on a aimés adolescent, les cheveux peroxydés et se déhanchant sur des beats implacables, revenir sur scène tenter de nous refaire le même numéro. Certains auront choisi d’évoluer radicalement et suivre leur petit bonhomme de chemin, à la Depeche Mode. D’autres, à la Cure, tenteront désespérément de conserver leur jeunesse et de prouver que si, la coupe Siouxsie, c’est encore dans le coup. Et il y a les ovnis. Les Devo sont de ceux-là.
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Comme le souligne Mark Mothersbaugh, « Cela faisait très longtemps que Devo n’était pas venu à Paris ». Penses-tu, Mark, seulement 20 ans. Et 35 ans après leurs débuts, les cinq cinglés ne sont pas seulement en forme mais ils pètent le feu (Bob 1 est très en forme) et nous feraient presque croire que leur musique vient d’être enregistrée, la semaine dernière, entre deux albums de MGMT. Seulement la hype n’atteint pas ces hommes. Désévolution, « deevolution », tel est leur credo. [attachment id=298]Fidèles à la tradition, ils ont enfilé leurs très seyants costumes jaune pétant d’ouvriers-robots, collection été 1978, et n’ont pas oublié en chemin leurs pots de fleurs rouges retournés sur la tête (portés dans le but de canaliser l’énergie sexuelle dans la voix, ça ne s’invente pas).
Et c’est parti pour une heure et demie de titres cultes, les Devo ayant choisi ce soir de remonter le temps puis de revenir au début des années 80. On bouscule l’évolution ou pas. La voix de Mark n’a pas bougé alors pour faire bonne figure, il a quand même pris quelques rides et du ventre, mais quand il entame la choré de That’s Good, on oublie les détails et on revient docilement en 82. Tous les tubes de Freedom Of Choice y passent. Le public est déchaîné, enflammé, connaît les paroles par cœur et c’est la folie au premier rang, avec un nouveau jeu : qui réussira à arracher un précieux bout de combinaison jaune ? Les Devo finissent en tenue noire, pas très loin du clip de Whip It, tube accueilli comme il se doit. [attachment id=298]Après une version un peu revisitée de leur reprise de Johnny Rivers, Secret Agent Man, arrive leur géniale version de (I Can’t Get No) Satisfaction, qui fit leur gloire, très appréciée également. Quelques titres moins évidents, comme Uncontrolable Urge qui, pour le coup, est délicieusement daté et rappelle à quel point Q : Are We Not Men ? A : We Are Devo !, produit par Eno, était fabuleux.
D’autres hymnes : l’inévitable Mongoloid, sa face B Jocko Homo qui permet au public de crier à plein poumons « We are devo !» à la question de Mark « Are We Not Men ?! ». Après Gut Feeling, qui a plutôt vieilli, débarque pour Beautiful World Booji Boy, le fameux poupon géant, qui scande : « It’s a beautiful world… For you, but not for me », lançant des billes bondissantes colorées aussitôt ramassées.
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On repart, précieux trophées dans les mains, sourire aux lèvres, avec cette pensée très bête mais juste « c’est encore mieux que sur l’album ». Le Villette Sonique commence fort bien.
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