Dave Clarke a beau être anglais, c’est un sanguin. A 35 ans, l’un des plus célèbres DJ anglais des années 90, reste l’un des pionniers d’une techno musclée flirtant avec le hardcore (telle que peuvent la pratiquer aujourd’hui en France The Hacker, Scan X ou Terence Fixmer). Son deuxième album, le très attendu Devil’s Advocate, […]
Dave Clarke a beau être anglais, c’est un sanguin. A 35 ans, l’un des plus célèbres DJ anglais des années 90, reste l’un des pionniers d’une techno musclée flirtant avec le hardcore (telle que peuvent la pratiquer aujourd’hui en France The Hacker, Scan X ou Terence Fixmer). Son deuxième album, le très attendu Devil’s Advocate, aligne sans sourciller onze titres qui parviennent à rester fidèles à l’esprit techno qu’il honore depuis ses débuts, tout en sonnant actuel. Construit comme une encyclopédie de l’electro, Devil’s Advocate s’offre deux exploits en l’espace de soixante minutes : synthétiser quinze années de musique électronique ; puis, en moins de temps qu’il n’en faut pour passer un poste de douane, réussir à poser ses valises à Chicago, Detroit, Berlin et Londres.
Electro, acid-house, trance : Devil’s Advocate ressemble au catalogue de sons des logiciels pour apprentis musiciens, comme si le père refusait tout enfermement chez l’un des gendres de la grande famille de l’électronique. L’Anglais nous rappelle ainsi qu’il s’est lui aussi un jour frotté au mariage hip-hop/electro, conviant le rappeur américain Mr. Lif au micro sur Blue on Blue, qu’il est capable de balancer des boucles funky qui n’ont rien à envier aux gamins de la french touch (The Wiggle) et que la techno tribale n’a pas de secret pour lui (Disgraceland, The Wolf). Surtout, il prouve que les années new-wave n’ont pas été perdues pour tout le monde en immortalisant son Deo Gratias d’un orgue gothique sépulcral, puis en invitant les jeunes générations à danser sur sa relecture electro punk du She s in Parties de Bauhaus (What Was Her Name , nouveau single remixé par LFO et Black Strobe) avec les Chicks On Speed au chant. Ou comment faire de l’electro-clash avant et après tout le monde sans même prononcer le vilain mot. Enfin, bien caché au fond de la dernière piste, une longue plage en forme de clin d’œil à l’école dub berlinoise (Pole, Rhythm & Sound) clôt Devil’s Advocate. Ultime preuve du bon sens (et du bon goût) du vétéran : aucune concession n’est faite à la marque de fabrique originelle de son nouveau label, Skint, la maison big beat de Brighton qui traînait cette casserole depuis trop longtemps pour espérer entrevoir le bout du tunnel. Merci à Dave Clarke de l’avoir creusé, pour eux, pour lui.