On a failli attendre : comment la France, historiquement deuxième place forte du hip-hop mondial, pouvait-elle regarder de loin, impuissante et résignée, le rap underground américain se lancer dans une passionnante révolution, telle que largement documentée par des labels comme Lex ou Anticon ? Comment était-ce possible que cet émo-rap déchiqueté, lo-fi et littéraire, ne […]
On a failli attendre : comment la France, historiquement deuxième place forte du hip-hop mondial, pouvait-elle regarder de loin, impuissante et résignée, le rap underground américain se lancer dans une passionnante révolution, telle que largement documentée par des labels comme Lex ou Anticon ? Comment était-ce possible que cet émo-rap déchiqueté, lo-fi et littéraire, ne trouve pas ici l’asile poétique, dans un pays où, de Diabologum à Abstrackt Keal Agram (ici présents), le terrain avait largement été préparé.
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Dès le grandiose et glaçant Dernier Chapitre, Diabologum (et toute sa descendance) se retrouve effectivement au centre de ces débats ? du verbe « se débattre« . Car ce hip-hop dissident est avant tout une histoire de conflits : entre le flow effrayé et infecté du MC Arm (un genre de Houellebecq avec mal aux dents), les ambiances symphoniques siphonnées de Mr Teddybear et les scratches malades de Robert Le Magnifique. Il fait noir sur la ville de la pochette, et dedans c’est pire encore : grand disque patraque, urbain jusque dans les égouts les plus glauques, Des lumières sous la pluie invente un genre de hip-oppressant, de hip-opiacé, de hip-opaque ? hip-optimistes, changez de trottoir, celui-ci est irradié. La ville est ici un décor délabré, déshumanisé, abandonné aux zombies’ « Car c’est ma ville, la sombre et la vile »
Pas étonnant, alors, de retrouver à quelques coins de ces ruelles cramées la guitare insoumise du militant Mellano, déjà habitué aux musiques sans collier avec Mobiil, Dominique A ou Bed. « J’ai inventé mon propre monde/La sphère complexe comme refuge à l’immonde. » En deux phrases, Psykick Lyrikah vient de résumer vingt années d’interviews de musiciens dans ce journal – inadaptés, résistants, rêveurs jusqu’au danger. Avec un album aussi impressionnant et frondeur, ces garçons ne laissent aucun choix : il faudra leur parler.
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