Les chansons arides et accidentées d’un Français sur la banquise
Depuis Massive Attack ou The Clash, dont le nom renfermait toute la musique, peu de groupes ont mieux porté leur patronyme que 0°. Et encore – c’est les jours de canicule. Car il fait franchement glagla dans ces chansons-banquises, étales et givrées, belles comme ces documentaires sur Dutch Harbour ou Terre Adélie que les insomniaques s’arrachent. A 0°, le Diabologum ne gèle heureusement pas : c’est un aliment de base de Nicolas Tochet, héritier effondré de cette glaciale méchanceté, de ces désillusions cancéreuses. Mais éponge de sons perturbés, de beats cassés et de mélodies effilochées, il s’est aussi goinfré de post-rock pour ses mélodies lancinantes, d’électronica pour sa mélancolie hypnotique, d’ambiant pour ses mélopées désolées. Tout ceci nous aménerait à un bon -25° s’il n’y avait derrière chaque congère une vibrante sensibilité pop qui, le pouls en apnée, vibre pourtant – la présence d’Angil, voisin de label, ou du concitoyen Cascadeur ne sont pas pour rien pour le réchauffement de sa planète. C’est la force de cet album horizontal : réussir, comme chez Arab Strap, à faire résonner un cœur quand tout, autour, n’est que terres brûlées, gelées, deshumanisées. Son précédent groupe s’appelait d’ailleurs Melatonine, cette pilule miracle qui permet aux dépressifs de retrouver le droit au rêve – même si, souvent ici, en noir & blanc.
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