On vous explique pourquoi Toronto est certainement l’un des meilleurs endroits sur terre.
En avril dernier, Drake sortait son nouvel album Views, dont la pochette le montrait tranquillement posé sur le rebord de la CN Tower de Toronto, sa ville natale. Le fait que la municipalité ait dû confirmer qu’il s’agissait d’un photomontage (apparemment, être assis dans le vide à 600m d’altitude ne suffisait pas) donne une petite idée du pouvoir que lui prête la capitale de l’Ontario.
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Drake, le vrai maire de la ville
De ses débuts dans la série Degrassi – le Hartley Cœurs A Vif canadien – à son explosion planétaire, le rappeur n’a cessé de rendre hommage à sa hometown, qu’il a largement contribué à replacer sur la carte du monde de la musique. Et la ville le lui rend bien. C’est simple, à Toronto, Drake est partout : bars, publicités, enceintes portatives du moindre passant… On peut acheter du Drake au Drake General Store, dormir Drake au Drake Hotel et – encore mieux – manger Drake au Drake Café. Entraînant dans son sillage son jeune protégé The Weeknd, le Canadien règne désormais sans trop de partage sur la ville et dans le cœur des habitants.
Underground résistance
Mais cet engouement ne doit pas être l’arbre mainstream qui cache la forêt indie. Car cette ville vibrante accueille depuis longtemps une scène rock innovante, menée notamment par le label underground Arts and Crafts. Co-fondé en 2003 par Kevin Drew, le leader de Broken Social Scene, le label a su capitaliser sur le succès du groupe et sur celui en solo de Feist, pour faire émerger des groupes atypiques et exigeants, qui forment aujourd’hui une scène hétéroclite, allergique à tout code de conduite. Si Montréal s’amuse gentiment avec ses slackers, Mac DeMarco en tête, Toronto n’a pas peur de se salir les mains et d’aller chercher l’originalité plus loin, que ce soit dans la cold wave très dark de TR/ST, l’hystérie punko-dévastatrice de Fucked Up ou l’électro-jazz tribal de BadBadNotGood. Des groupes en dehors des clous, à l’image d’une ville brute de décoffrage qui a fait de son authenticité et de son ouverture d’esprit une marque de fabrique.
NXNE
Garant de cette intégrité et de cette curiosité culturelle, le festival North By Northeast (NXNE pour les initiés) investit, chaque mois de juin, les salles de concert et rues de la ville pour nous offrir la crème de la scène indépendante locale et internationale. Et en 2016, le petit frère du South By Southwest a encore fait la part belle aux découvertes. Parmi les coups de cœur made in TO, on notera le groupe à guitares Jane’s Party, des Grizzly Bear en version joyeuse dont la pop fraîche et sautillante, immédiatement familière, ne sent jamais le réchauffé. Leur titre rayonnant Coming On Strong est clairement un tube. Autre nom à retenir, celui à trois composantes d’Elliott Vincent Jones, qui nous a fait danser jusqu’à épuisement avec son électro rétro-futuriste aussi puissante qu’ingénue.
Mais, dans la cité qui a donné naissance à Drizzy, le hip-hop ne peut jamais être bien loin. Il était ainsi au cœur de la première journée de concerts à Portlands, l’un des nouveaux sites du festival situé sur les docks faisant face à la CN Tower (oui, encore elle). Sur un parking géant encore vide et par 30°C à l’ombre, on a alors pu tomber en amour avec le jeune rappeur Drew Howard, sorte de Vince Staples qui aurait été produit par Kaytranada. Avec son aisance amusée et des titres aussi monstrueux que Funza et Anuva Wun, le Canadien a réussi à retourner une foule pourtant virtuelle, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Dans la soirée, devant un public heureusement plus fourni, la classe de Daniel Caesar s’est également imposée à nous avec sa voix troublante et sa soul teintée de blues, illustration musicale parfaite du coucher de soleil qui l’accompagnait tout au long de son set.
https://www.youtube.com/watch?v=smozHMxg-iU
Pendant une semaine au festival NXNE, les nouveaux espoirs locaux se sont ainsi succédés sans jamais se ressembler, jouissant d’une liberté aussi grande que leurs influences, et démontrant tout le potentiel créatif d’une ville en constante mutation. Toronto, cette cousine roots de New York où les gens cools auraient oublié d’être hype, cache donc bien des secrets, mais plus pour très longtemps. Alors, Drake doit-il s’inquiéter pour son titre de personnalité préférée des habitants ? Lorsque l’on ose une blague sur le chanteur d’Hotline Bling auprès d’un autochtone à la fin du concert de King Khan, la réponse est sans appel : « On aime tous Drake, ici « . Toronto, ville fidèle.
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