En cette année (presque) redevenue normale pour l’industrie musicale, l’indie rock a repris des couleurs, l’hyperpop squatté les charts et le métissage fonctionné à plein.
Au programme de cette première partie, du n°100 au n°76 de notre top : des lignes de basse vrombissantes, de beaux lendemains jazz et une radio cathartique…
Top 100, mode d’emploi
En cliquant sur chaque titre de nos albums favoris, une nouvelle case s’ouvrira. Rencontres, interviews, critiques, vidéos et portraits se révèleront alors dans ce calendrier de l’avent numérique riche en musiques.
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100 Arcade Fire We
Cinq ans après l’emphatique Everything Now, les Canadien·nes, coproduits par Nigel Godrich, signent un ambitieux sixième album qui, comme son titre l’indique, se veut ouvertement inclusif. Pensé en deux faces distinctes, We balance entre climats sombres et petites épiphanies, et marque indubitablement un nouveau départ dans la carrière du groupe montréalais.
99 Warpaint Radiate like This
Dignes héritières de Cocteau Twins et de Blonde Redhead, les pythies rock sèment le trouble en élaborant des ambiances envoûtantes, entre shoegaze et dream pop, tout en y ajoutant ce grain de folie qui rend ces quatre personnalités si attachantes. On ne se lasse pas d’écouter leurs harmonies vocales vénéneuses et leur sensualité tout en retenue sur ces morceaux élégants, à la fois atmosphériques et piquants, éblouissants et sombres.
98 Hot Chip Freakout/Release
Avec leur huitième album studio, les Anglais retrouvent le chemin du dancefloor, leur audace musicale et la subtilité pop qui a fait leur succès en plus de vingt ans de carrière. Conduit de main de maître par les deux têtes pensantes Alexis Taylor et Joe Goddard, le groupe mélange tubes à danser et ballades à chialer, s’affirmant comme une véritable machine de guerre en live.
97 Built to Spill When the Wind Forgets Your Name
Avec deux musiciens du groupe brésilien Oruã, le groupe américain s’ouvre de nouvelles perspectives, mais parvient à conserver sa signature sonore. Ce brillant entre-deux de chansons douces-amères est agrémenté de nouvelles ambiances et sonorités : orgues seventies (Elements) ou tremolos folk (Fool’s Gold). À l’image de J Mascis ou Lou Barlow, le héros 90’s Doug Martsch a traversé les années en se bonifiant.
96 Pixies Doggerel
Dans la continuité de Beneath the Eyrie, Black Francis et sa bande peaufinent le nouveau son Pixies, moins percutant mais toujours aussi fascinant. Ce huitième LP ne manque ni d’allant ni de charme, au contraire. On y entend un groupe plus mature, sûr de sa force, qui accorde un peu plus de place aux guitares acoustiques. Assagi·es mais pas pour autant ramolli·es, ces Pixies-là font désormais un peu plus leur âge, et ça leur va comme un gant.
95 Jacques L’Importance du vide
Le chanteur strasbourgeois confirme, avec son premier album, qu’il est bien plus qu’un look capillaire insensé. À l’écoute de Vous, tube évident, et d’autres chansons entêtantes (Arrivera, Ça se voit, La Vie de tous les jours), on pense souvent à l’ex-Oui Oui Étienne Charry, remarquant leur appétence commune pour une pop dadaïste, aérienne et souvent imparable. Jacques a dit L’Importance du vide, et on s’y laisse happer sans coup férir.
94 Automatic Excess
Des lignes de basse qui vrombissent comme celles de Peter Hook époque Joy Division, un rythme sautillant postpunk, des synthés ombrageux comme chez Suicide… L’écoute du second album de ce trio californien déclenche de manière immédiate, comme son prédécesseur, un jeu de références. Izzy Glaudini, Halle Saxon et Lola Dompé pratiquent le rétrofuturisme sonore avec assurance, tout en parlant de leur époque, de leur propre univers.
93 Yann Tiersen 11 5 18 2 5 18
Poursuivant le virage électronique amorcé sur Kerber, le musicien finistérien a eu le temps pendant la pandémie de prolonger ses expérimentations en profondeur. Résultat : un excellent album qui arbore une franche coloration électronique, avec de belles rafales de rythmes sur certains morceaux, ou d’ensorcelantes distorsions sur d’autres, le tout se terminant par une plage plus mélodieuse et planante.
92 Koudlam Precipice Fantasy Part. I
Secret, mystique, cabossé et flamboyant : sous l’alias en forme de cri de guerre Koudlam, Gwenaël Navarro, plus sorcier que jamais, prouve que sa lame s’est encore affinée, tout comme ce talent de mélodiste auquel il lâche enfin franchement la bride. En résultent des chansons aux atours si accrocheurs qu’elles vous mènent n’importe où. Aussi anxiogène qu’exaltant.
91 Porridge Radio Waterslide, Diving Board, Ladder to the Sky
Le quatuor de Brighton poursuit son irrésistible ascension avec un nouvel album qui traduit un relatif apaisement par rapport aux deux précédents. Un peu moins virulent, le groupe confirme néanmoins sa farouche singularité à fleur de peau et explore un univers obsessionnel toujours aussi remuant sur ces pistes à forte teneur cathartique.
90 Lykke Li Eyeye
Toujours hantée par le doute, la mélancolie et les peines sentimentales, la Suédoise assume enfin sa voix. Façonné chez elle, à Los Angeles, avec le fidèle complice Björn Yttling, son nouvel album rappelle ce qui fait la beauté des disques de Lana Del Rey : ce chant spectral, ce sens de la romance, ce goût pour les mélodies qui prennent leur temps et ce mystère qui se révèle particulièrement jouissif.
89 Julien Gasc Re Eff
Évoquant William Sheller, Harry Nilsson ou Bertrand Burgalat, le dandy français revient avec un quatrième LP d’une troublante beauté, agencé par la technique du cut-up qui donne son titre à l’album : Re Eff pour réitération (Re) et effacement (Eff).Fruit d’une collaboration avec Syd Kemp, ces compositions s’ancrent autour du piano, élément central d’un minimalisme classieux qui sait mélanger la pop avec les sonorités jazz et bossa.
88 Jonathan Personne Jonathan Personne
Coleader des caïds montréalais de Corridor, ce pistolero rêveur convoque Polnareff et Neil Young dans une collection de chansons à la marge de l’époque. Sur ce troisième album solo, le Québécois confirme sa maîtrise élastique de l’art subtil du contraste et de l’antithèse, du grandiose feutré, des aventures filmées en CinémaScope que l’on contemple depuis la terrasse haut perchée d’un café millénaire.
87 Uffie Sunshine Factory
Espoir de la pop, Uffie avait (presque) disparu depuis douze ans. C’est dans l’interstice entre son passé de next big thing et son apaisement d’aujourd’hui que se nichent ces morceaux, portés par une écriture toujours aussi mordante et tout en refrains imparables. Ce deuxième album est un formidable moyen de se rappeler, à l’instar du premier single au titre idoine, que la chanteuse franco-américaine n’a jamais cessé d’être cool.
86 Angel Olsen Big Time
Amorcé par une break-up song qui entre d’office au panthéon, Big Time (réalisé avec Jonathan Wilson) comporte des notes discrètes de claviers mercuriels, des vagues presque spectoriennes, mais aussi des montées ménagées par les batteries, qui désarçonnent et distillent de fausses alertes avant d’exploser sans crier gare. Avec son souverain et très seventies classicisme, l’inestimable autrice-compositrice signe un grand disque.
85 Suede Autofiction
Trente ans après ses débuts, le groupe anglais ajoute sa sagesse d’adulte à la fièvre de ses premiers succès et trône aujourd’hui au sommet de son art. Plus électriques que jamais, portés par un Brett Anderson magistral, les rescapés de la Britpop s’offrent une cure de jouvence flamboyante et reviennent aux fondamentaux, ressuscitant la force incandescente qui ne les a jamais quittés sur scène.
84 Rose Mercie ¿Kieres agua?
Découvert en 2018 par l’entremise d’un premier album qui citait The Slits, Broadcast et Lizzy Mercier Descloux dans un registre indie-punk aussi réjouissant qu’inespéré, le quartet féminin continue d’évoluer dans le magma de l’underground parisien. Le gang propose quelques nouveautés sur ce second volume (mis en boîte à l’issue d’une résidence au Mexique), notamment la participation au chant des quatre membres de cette équipée sauvage.
83 Crack Cloud Tough Baby
Formée au mitan des années 2010 par le batteur-chanteur Zach Choy dans l’idée de fédérer une bande de laissés-pour-compte et d’employer l’art sous toutes ses formes pour assurer la survie de ses membres en proie à la dépendance comme à la dépression, la troupe de Vancouver poursuit sa quête de rétablissement en élargissant son identité sonore sur un deuxième LP tourné plus que jamais vers la transcendance.
82 Redcar Redcar les adorables étoiles
Poursuivant sa mutation artistique et identitaire, l’ex-Christine and the Queens (qui se genre désormais au masculin) revient en tant que Redcar, son nouvel alias, sur les rivages d’une coldwave diluée à la synthpop. Une fois surmonté le dépaysement des premières toplines en quasi autonomie des mélodies, on se laisse porter de titre en titre avec le sentiment d’une confuse homogénéité.
81 Broken Bells Into the Blue
Après une longue pause, James Mercer et Danger Mouse réactivent leur machine à pop accrocheuse et intemporelle. Les neuf chansons réunies ici osent le premier degré avec des arrangements léchés et vintage qui balancent entre la Motown, Steely Dan ou The Beatles, des tapis de chœurs, des guitares cristallines et des claviers psychédéliques qui ne susciteront aucun bad trip.
80 Florent Marchet Garden Party
Le poly-instrumentiste berrichon renoue brillamment avec la veine de Gargilesse et Rio Baril sur son cinquième disque, composé au piano. Avec sa manière singulière de marier mélodies pop et textes crus, le quadragénaire retrouve, dès le single d’ouverture De justesse, son savoir-faire lumineux, passant en revue les sujets qui lui tiennent à cœur et trouvant les mots justes, la formule qui fait mouche.
79 Beth Orton Weather Alive
Sur huit morceaux amples, un piano feutré et quelques volutes electronica créent un écrin pour le chant mélancolique de l’Anglaise à fleur de peau. Elle a fait appel à quelques musiciens de confiance (notamment Tom Skinner, batteur de The Smile) pour finaliser ces chansons en apesanteur grâce auxquelles elle dépasse ses doutes. Un album pénétrant, tout en nuances et en paradoxes, à l’image de son autrice.
78 Makaya McCraven In These Times
Entre folie sonique et instrumentation apaisée, entre climat décomplexé et arrangements raffinés, le batteur de jazz américain privilégie l’émotion plutôt que la démonstration sur In These Times. Un artiste maître de son univers, érudit et généreux, à l’origine d’un son aussi cérébral que physique, qui tire son charme et sa singularité d’une structure où la mélodie est reine.
77 Animal Collective Time Skiffs
La bande à Panda Bear et Avey Tare revient avec un onzième album studio, le plus immédiatement pop de sa discographie. Trouvailles mélodiques et fulgurances sont légion sur les neuf morceaux polyphoniques et ludiques qui le constituent. Longtemps estampillé Beach Boys du XXIe siècle, le quatuor de Baltimore sort peut-être ici son Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band.
76 Alex Cameron Oxy Music
L’Australien consolide son succès à travers un quatrième album tragique et léger à la fois. Ses textes dressent le portrait d’inadapté·es et de romantiques cabossé·es qui s’agitent dans un monde à la dérive, sur fond de pandémie mondiale. Ici, la tension est palpable, la violence, diffuse, mais elles restent magnifiées par une musique plus lumineuse que jamais. Une nouvelle réussite pour le chantre des freaks.
À suivre !
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