Leonard Cohen, Bauhaus et Sonic Youth revus et corrigés…
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Nicolas Laureau est un activiste. Le genre de type sans qui la scène musicale française serait bien terne, entre coup d’esbroufe, plan marketing et carrière bas du front. On a vu ce jeune homme sous bonnes influences un peu partout ces quinze dernières années, au sein de Prohibition, groupe bruyant et furieux qu’il a formé au début des années 90 avec son frère Fabrice et dans lequel on retrouve notamment le turbulent saxophoniste Quentin Rollet ; Toujours avec son frère, il forme à la fin des années 90 NLF3 (trio), orchestre libre et inspiré auteur d’une musique instrumentale s’associant fort bien aux images passées et futures : on leur doit notamment une bande originale inédite et mouvante pour le Que Viva Mexico ! de S. M. Eisenstein. En marge de cette expérience sensorielle, Nicolas, toujours épris de liberté, s’est essayé à l’exercice (presque) solo, sous le nom de Don Nino.
Toujours fidèle à l’excellent label Prohibited Records, modèle d’intransigeance musicale à la française, il a publié sous ce nom deux albums de folk lunaire et dépoussiéré, Real seasons make good reasons et On the bright scale. Plus sage en apparence, sa musique émeut pourtant davantage, en flirtant avec le jazz, la bossa nova et le silence. Entouré d’une kyrielle d’instruments, il révèle son univers intime, souvent sombre mais toujours passionnant.
Dans cette logique d’affirmation de son identité propre, Nicolas a très vite été travaillé par une idée d’album de reprises des chansons qui l’ont marqué : « J’ai commencé à me poser la question d’un album de reprises en 2001, au moment où sortait mon premier album solo et que les réactions extérieures m’ont fait prendre conscience de la part importante de mes écoutes insouciantes – celles de l’enfance et de l’adolescence – sur mon travail de musicien, de chanteur » explique t’il.
Le formidablement bien titré Mentors menteurs ! est ainsi tout sauf une volonté de surfer sur l’effet Nouvelle Vague, ou de tenter un pastiche rococo des eighties : « Il a fallu attendre 2006 pour que je prenne la décision de m’enfermer en studio, pour réaliser ce « Mentors menteurs! » en gestation depuis quelques années (j’avais déjà enregistré deux versions lo-fi de l’album sur ce principe) ». Madonna, Bauhaus, Syd Barrett, Prince ou encore Leonard Cohen s’y donne ainsi la main, tous réunis par la volonté de Nicolas : « C’est pour moi une forme d’hommage et de thérapie. De recherche et de règlement de compte. D’amusement aussi. »
C’est dans un local de répétition dans le quartier de la Chapelle à Paris, dans les sous sol d’un immeuble au grand écart troublant (on y trouve un centre de la CAF et un boite de prod’) que nous sommes allés à la rencontre de Nicolas. Dans ce local, vaste fourre-tout où opèrent notamment la tribu Prohibited et les cinglés du Club des Chats, nous avons filmés une Inrocks Session en compagnie de Nicolas et son batteur Jean Michel « Mitch » Pires. Trois titres, trois univers différents que Nicolas et son comparse s’approprient avec ferveur.
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Bela Lugosi’s Dead (reprise de Bauhaus) : « Comme ce morceau est beau ! Je l’écoutais en boucle étant ado, c’est un ami guitariste new-yorkais qui partageait cette fascination pour Bauhaus, au milieu fin des années 80 qui m’a envoyé les premiers Sonic Youth en cassette. Merci donc Daniel H. qui est pour beaucoup dans cette histoire…
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Express Way to your Skull (reprise de Sonic Youth) : « C’est Sonic Youth qui m’a précipité dans le mode de vie que j’ai choisi à l’age de 19-20 ans. De faire de la musique un mode de vie. Et tout ce qui a suivi. C’était passionnant de faire cette reprise avec Erik Minkkinen, de Sister Iodine, un bon ami, qui pour moi incarnait au début des années 90 et encore aujourd’hui, l’originalité d’une scène sans frontière, sous l’œil bienveillant de gens comme Sonic Youth justement, des gens créatifs, inspirants et généreux que j’ai eu la chance de croiser dans mon parcours. »
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There is A War (reprise de Leonard Cohen) : « J’ai souvent parlé de Cohen et de Barrett comme étant des mamelles musicales. Je ne sais pas si ça les ferait rire… cette chanson tirée de « New Skin for the old Ceremony » est pour moi passionnante. Je la chantonnais à l’age de 6-7 ans quand je vivais à Washington DC … sans comprendre réellement sa portée et son ambiguïté… »
Don Nino est en tournée française au mois de septembre, le 11 et 12 à Paris (la Maroquinerie avec James Blackshaw), le 14 à Lyon, le 17 à Lille et le 23 à Mâcon.
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