Sous le nom de N.A.S.A., deux facétieux DJ américains s’offrent un générique inouï et une fiesta du tonnerre. A découvrir en chroniques et en vidéos.
On pourrait bien sûr ricaner avec cynisme, en ne considérant ce “duo” North America South America (N.A.S.A.) que comme le caprice hiphop nostalgique de deux nantis à l’ultracoolitude avérée (un skateur professionnel et le frère du réalisateur Spike Jonze). On maudirait alors ces amitiés jet-set qui, en simplement quelques coups de BlackBerry plaqué or, peuvent convertir un album en gotha, transformer une liste classique de featurings en ahurissant best-of de l’époque.
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Tout ceci pourrait sentir le bling-bling de saison si, au milieu de ce tableau de chasse redoutablement hype (CSS, M.I.A., Cool Kids, Kanye West, Spank Rock ou Santogold – rien que ça, la classe des deux zozos), on ne retrouvait pas des noms qui ne se déplacent jamais pour les photos de mode et les médailles en chocolat. KRS-One, Tom Waits, Seu Jorge, Ghostface Killah, RZA, David Byrne, Method Man, Chuck D ou les Yeah Yeah Yeahs – pour ne citer qu’eux – se chargent ainsi d’apporter leur imposante caution et leur crédibilité indiscutable au projet insensé de Sam Spiegel et Ze Gonzales.
Disque au long cours dont la réalisation pharaonique semble digne d’un programme spatial (cinq années de gestation, et même un mort en route – Ol’ Dirty Bastard), The Spirit of Apollo surprend pourtant par son humilité, sa fluidité : on n’est pas dans un film de Claude Lelouch, où chaque star à la queue leu leu n’a que quelques minutes pour cabotiner, mais bel et bien dans une vaste fiesta old-school où les corps s’emmêlent, se frottent sur un groove que l’Eglise réprouvera.
Car l’amour des deux DJ pour la musique du diablotin, même dans la facétie (écouter par exemple sur leur site le remix de l’intouchable Girl from Ipanema pour se rendre compte qu’elle n’était pas si innocente que ça, la coquine), est ici trop palpable pour qu’on puisse les soupçonner de tocade, de hobby. Et du torride Money (bâtard glorieux du hip-hop eighties et du Remain in Light des Talking Heads) au lubrique Whachadoin?, la Nasa n’avait pas fait plus explosif depuis Challenger, plus animal depuis les singes Able, Ham et Baker et plus funky depuis les danses en apesanteur d’Armstrong. Apollo, à poil, au poil.
The People Tree feat. David Byrne
N.A.S.A. « Money » feat. David Byrne, Chuck D, Ras Congo, Seu Jorge, & Z-Trip
N.A.S.A. Hip Hop feat. KRS-One, Fatlip, & Slim Kid Tre
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