Le titre de l’album (“La Mort du soleil”), comme l’image de la pochette – sur laquelle Matteah Baim balance une guitare, comme une bouteille au secours, à la mer – ne pouvaient mieux coller.
Pas étonnant de retrouver dans ce bateau ivre, tenu en spectre par la moitié des glaçantes Metallic Falcons (l’autre moitié était Sierra de CocoRosie), d’autres grands voyageurs, comme Devendra Banhart ou Jana Hunter… Parce que les petites combines, démissions et habitudes lâches du rock électrique ont été ici balancées à la mer, aux orties, par une plume en suspension, dont les transes et psalmodies convoquent les fantômes de Jeff Buckley et de Nico. Et le soleil n’est ici qu’un astre lointain, voilé, juste une lueur de bougie dans ce monde de glaces, de brumes, d’échos hébétants.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Car la voix de Pythie de l’Américaine tournoie, se multiplie en une chorale céleste, à la fois enfantine et solennelle, vaporeuse et grave – une voix qui défie la vigilance, profite de quelques accalmies entre des silences étourdissants pour pénétrer les âmes, prendre possession des tripes et détruire avec une violence sourde les centres nerveux. Ceci n’est pas un disque, mais un maléfice.
{"type":"Banniere-Basse"}