En bon cannibale brésilien, Chico César a construit son identité en dévorant tous les sons qui passaient à sa portée : rythmes de son Nordeste natal, jazz, rock, bossa, mais aussi musique aléatoire, atonalisme ou poésie concrète Comme Lenine, ce vieux frère avec qui il a scellé une solide amitié dès le début des années […]
En bon cannibale brésilien, Chico César a construit son identité en dévorant tous les sons qui passaient à sa portée : rythmes de son Nordeste natal, jazz, rock, bossa, mais aussi musique aléatoire, atonalisme ou poésie concrète Comme Lenine, ce vieux frère avec qui il a scellé une solide amitié dès le début des années 80, il est venu au disque assez tardivement, avec un appétit décuplé par l’attente.
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Coproduit par Lenine, De uns tempos pra cá dévoile un auteur, un guitariste et un chanteur aux ailes de géant, enfin libéré des armatures sonores pesantes qui le plaquaient au sol. La majorité des titres de ce disque dormaient depuis des années dans les tiroirs du Brésilien : César jugeait en effet que ces chansons brillaient d’un éclat trop singulier pour être intégrées dans ses albums précédents. A l’âge de 20 ans, le Nordestin était donc déjà ce diamantaire surdoué, capable de tailler des bijoux mélodiques d’une aveuglante splendeur. Mais il lui aura fallu attendre De uns tempos pra cá pour trouver un écrin sonore qui les mette idéalement en valeur.
Aussi mouvants et inventifs que les chansons dont ils enrichissent les tissus, les arrangements chambristes de l’album ? notamment les cordes du Quinteto da Paraiba ? ne sont pas sans rappeler les pages les plus lyriques du Livro de Caetano Veloso, voire les sublimes expérimentations orchestrales de Pleasures of the Harbour, le chef-d’œuvre de Phil Ochs. Intimement liés à une écriture très exigeante, ils épousent aussi la libre pensée d’un homme qui, avec une juste fermeté, s’insurge contre cette loi scélérate qui instaure une distinction de principe entre expressions populaires et musiques savantes.
S’il repose sur des principes esthétiques et philosophiques très affirmés, De uns tempos pra cá est aussi un disque éminemment sensible, chargé de souvenirs et d’émotions vives, chevillé à l’âme comme au cœur de son auteur. Construit comme une autobiographie non autorisée , il commence comme une déambulation nocturne, solitaire et mélancolique, avant de s’éclaircir et de s’animer nettement dans les derniers titres. En rassemblant ainsi ses pensées et son passé, Chico César ne réussit pas seulement à composer un portrait fidèle du musicien complet qu’il est aujourd’hui : avec ce disque d’une rare richesse, on devine aussi qu’il se prépare un florissant avenir.
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