Le moins que l’on puisse dire, c’est que Nosaj Thing a fait pas mal de chemin depuis que Kid Cudi l’a découvert en 2006 via Myspace et officiellement lancé en 2008 en lui confiant la production de son single : Man On The Moon. En à peine dix ans, le Californien a collaboré avec le gratin […]
À l’adolescence, Jason Chung tentait de reproduire les sons de Dr. Dre et des Neptunes. À 32 ans, devenu Nosaj Thing, il se voit désormais courtisé par les grands noms de l’industrie musicale et publie en cette rentrée son quatrième album, « Parallels ». Portrait.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Nosaj Thing a fait pas mal de chemin depuis que Kid Cudi l’a découvert en 2006 via Myspace et officiellement lancé en 2008 en lui confiant la production de son single : Man On The Moon. En à peine dix ans, le Californien a collaboré avec le gratin du hip-hop américain (Kendrick Lamar, Chance The Rapper, Busdriver, etc.), tourné avec James Blake, probablement inspiré Justin Timberlake pour la réalisation de Blue Ocean Floor et remixé aussi bien Portishead et Radiohead que The XX ou Philip Glass – n’y cherchez pas de cohérence, appréciez simplement le geste, celui d’un artiste curieux qui n’a jamais cherché à masquer ses goûts derrière quelconques apparats, ni couru à tout prix après les tubes et le succès.
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Un tube, sinon rien
À lire ses différentes interviews, Jason Chung ne serait pourtant pas contre l’idée de poursuivre le travail entamé au croisement des années 1990 et 2000 par Timbaland et The Neptunes, des producteurs qu’il admire et dont il a longtemps tenté de reproduire les gimmicks dans sa chambre ou en studio. Car, si Nosaj Thing (dérivé de l’expression « No such thing », « ça n’existe pas » en VF) a déjà investi avec brio le monde du hip-hop et de la pop (cf : ses collaborations avec Toro Y Moi et Kazu Makino de Blonde Redhead), il sait qu’il lui manque encore ce single qui assurerait sa notoriété et l’imposerait auprès du grand public comme l’un des grands producteurs actuels.
Important, Nosaj Thing l’est en tout cas pour tous ceux qui ont tenté de comprendre sa démarche, qui respectent sa volonté de capter des sons dans des endroits uniques (festivals, aéroports, musées) et qui ont déjà tendu une oreille attentive à ces trois premiers albums : Drift, composé le moral dans les chaussettes suite à une rupture amoureuse, Home, un deuxième album tout aussi plombé que le premier, cette fois-ci par des problèmes de santé qui l’obligeront à annuler sa tournée, et Fated, dont l’écoute au casque est fortement conseillée.
Hold-up
Le quatrième, Parallels, a sans nul doute été composé avec la même exigence, tant tout y paraît extrêmement réfléchi, méticuleux, presque narratif. Impossible pour autant de ne pas remarquer que Nosaj Thing en profite aussi pour lâcher un peu la bride, pour s’éclater et laisser ses différentes envies s’exposer plus clairement. Sur U G, on entend ainsi de quoi ambiancer n’importe quelle soirée branchée, sur Form, on distingue une simple ritournelle synthétique encourageant l’hypnose, tandis qu’How We Do et All Points Back To U font la part belle aux ambiances à la fois atmosphériques et vaporeuses. Pas un hasard quand on sait que le Californien s’est fait voler l’ensemble de son studio en 2015 (soit 20 000 dollars de matériels et deux ans de travail) et que cet incident, tel qui le confie dès qu’on lui pose la question, l’a incité à aller vers plus de spontanéité, à ne plus perdre de temps en studio.
The Man-Machine
Alors que Fated cumulait les morceaux relativement courts et un brin expérimentaux, Parallels, lui, forme un joli bloc sonore, résultant d’un véritable travail collaboratif en studio, d’“une nouvelle énergie qui m’a encouragé à ne pas me mettre de barrière”, comme Nosaj Thing le précise dans le communiqué de presse. On y retrouve Zuri Marley (petite fille de Bob et fille de Ziggy), Kazu Makino et Steve Spacek au chant, ainsi que toute une tripotée de proches conseillés, signés ou non sur son label.
Car Nosaj Thing, seul artiste électronique du catalogue d’Innovative Leisure, est également à la tête de Timetable depuis 2013, une structure qui lui permet de publier la musique de ses potes (celles de Whoarei et Gerry Read valent particulièrement le détour) tout en mettant au point des lives nettement plus aboutis que la plupart de ses contemporains. Pour cela, le Californien s’associe régulièrement au vidéaste japonais Daito Manabe, déjà auteur du clip Eclipse/Blue en 2012 et présent aux côtés du producteur lors de sa dernière performance – très graphique – au Sónar Festival en juin dernier. Ça n’a l’air de rien dit comme ça, mais ça en dit long sur la maniaquerie extrême d’un producteur obsédé à l’idée de mettre en son l’une des discographies les plus libres et généreuses apparues ces dernières années au sein des musiques électroniques.
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