Cette année, il n’a pas sorti de disque. Mais, via son excellent label Luaka Bop, David Byrne a sorti quelques grands disques de world-music, comme ceux de Tom Zé ou Waldemar Bastos.
Sur ton dernier album, Feelings, tu as opté pour une méthode de travail autre que sur les précédents, à savoir un producteur différent pour chaque morceau.
J’ai voulu faire un casting comme pour un film. Prendre les musiciens qui conviendraient le mieux à l’ambiance des chansons. J’ai écouté beaucoup de musiques très différentes avant de composer mon album. J’avais eu l’occasion d’entendre le premier album de Morcheeba bien avant qu’ils ne soient signés. Leur musique était différente de la mienne mais j’avais l’impression que leur méthode de travail était assez proche. Pareil pour Devo, je connais Mark Mothersbaugh qui fait maintenant la musique de séries télévisées. J’ai toujours été fan de leur son et de leur délire. Quand j’ai commencé à écrire Wicked little doll, je me suis vite rendu compte que ce titre sonnait comme ceux de Devo. Alors, plutôt que de copier bêtement leurs idées, j’ai décidé de faire appel à tous ces artistes pour produire certains des titres figurant sur l’album.
Ton label Luaka Bop est majoritairement axé sur les musiques du monde. Pourquoi ce choix ? Le rock aujourd’hui n’a plus aucun sens pour toi ?
J’ai démarré ce label il y a environ dix ans en donnant une chance à des artistes brésiliens inconnus et je n’avais à cette époque aucune idée de la durée de vie du label. Je pensais que ça durerait maximum trois ou quatre ans, et puis comme tout fonctionnait, j’ai trouvé ça comique de continuer. C’est une vie de rêve ! Tu te mets dans ton fauteuil, tu écoutes de la musique toute la journée, et ensuite tu discutes avec tes amis pour savoir quel est le meilleur ! Depuis quelques années, notre label a mûri, nous avons maintenant des artistes reconnus dans le domaine de la world-music, comme Zap Mama ou Waldemar Bastos, qui vient d’Angola. Nous avons aussi des choses un peu plus pop comme Geggy Tah ou Mimi, qui a enregistré quelques titres de son album à Paris avec Hector Zazou.
Depuis plusieurs années est apparu sur le devant de la scène musicale internationale le phénomène des musiques électroniques. Tu viens de sortir The Visible man, un album de remixes de certains titres de ton album Feelings.
Certains de ces artistes sont très novateurs, même si la plupart de ces musiques sont faites pour les discothèques et non pour écouter chez soi. Mais je trouve ça vraiment intéressant parce que c’est une musique qui est faite pour certains endroits, certains moments et quelquefois pour certaines drogues. Pour The Visible man, j’ai voulu travailler avec les remixers et les DJ les plus prestigieux. Le mix de Fuzzy freaky par DJ Food ne pourrait pas être joué dans un club car il est beaucoup trop expérimental. Mais il est vraiment magnifique.
En 1986, tu réalisais True stories, ton premier long métrage en tant que réalisateur. Avec le recul, quel regard portes-tu sur ce film ?
J’étais très content du résultat. La seule chose qui m’a déçu dans le film, c’est ma participation en tant qu’acteur (rires)… Je n’aurais jamais dû être dans le film. Depuis, j’ai essayé trois ou quatre fois de refaire un film et j’y suis presque parvenu, mais j’ai abandonné pour plusieurs raisons : le script et l’argent entre autres. J’ai tout de même réalisé un documentaire pour la télévision au Brésil et le film de l’une de mes tournées, Between the teeth.
Penses-tu que la musique instrumentale est la seule issue pour que des artistes français soient connus à l’étranger ?
Je connais Air et j’aime beaucoup leur album. Je sais que Stardust a fait un carton un peu partout, mais curieusement je n’ai jamais entendu le titre. Je connais aussi Daft Punk, c’est très populaire et bien foutu mais je n’aime pas ça. Il y a des choses beaucoup plus intéressantes en France actuellement avec des gens comme Wasis Diop, un musicien africain qui vit à Paris et qui mélange musique africaine, électronique et pop et c’est un vrai artiste français ! J’aime ce mélange, c’est ça, la musique.
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