A l’époque de New Wave (1993), premier album éduqué dans les meilleures cinémathèques et discothèques (de Godard à Television), les Auteurs semblaient le seul groupe anglais capable de reprendre le flambeau, flamboyant, érudit, sarcastique et électrique des défunts Smiths. Derrière les guitares à la tension et à la classe strictement américaines (l’axe Velvet Richard Hell-Modern […]
A l’époque de New Wave (1993), premier album éduqué dans les meilleures cinémathèques et discothèques (de Godard à Television), les Auteurs semblaient le seul groupe anglais capable de reprendre le flambeau, flamboyant, érudit, sarcastique et électrique des défunts Smiths. Derrière les guitares à la tension et à la classe strictement américaines (l’axe Velvet Richard Hell-Modern Lovers), Luke Haines y racontait l’Angleterre, ses classes et arrière salles, avec une férocité et une précision diaboliques. Mais colérique, bordélique et imprévisible, Luke Haines prouvera très vite que dans la Nouvelle Vague, il sera plus Mocky que Truffaut : enchaînant les chefs-d’œuvre comme les chansons dérisoires, une chanson sur les Rubettes comme une collaboration prestigieuse avec l’électronicien Mike Paradinas, il finira par semer le trouble sur ses intentions, ses directions. Ce ne sont pas d’étranges aventures solo (des impressionnants Baader Meinhof aux cyniques et grands Black Box Recorder) qui arrangeront son statut dans une pop anglaise qui ne déteste rien de plus que ses trouble-fête.
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C’est ce parcours intense et cahoteux que Luke Haines revisite ici avec un grand orchestre, auquel il livre en pâture trois nouvelles chansons largement dignes de fréquenter les indémodables Starstruck ou Junk Shop Clothes. Toujours aussi malicieux, Luke Haines a ici placé le morceau caché avant la première chanson : un pot-pourri absurde de quelques-uns de ses titres emblématiques, joués façon Grand Orchestre de Paul Mauriat. Un cours de rattrapage enthousiasmant : devant cette succession de merveilles totalement sous-estimées, la pop anglaise devrait se mordre les doigts d’avoir à ce point négligé l’un de ses seuls et plus fascinants mavericks.
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