[Numéro spécial Daft Punk] Laurent Brancowitz, le guitariste de Phoenix, a fait partie de Darlin’, le premier groupe des Daft Punk. Il évoque leur rencontre et cette expérience de courte durée.
“Darlin’ en tout, c’est six répétitions, deux concerts et un disque, explique Laurent Brancowitz, guitariste de Phoenix, qui fut membre du premier groupe formé par les deux Daft Punk en 1992. Guy-Manuel de Homem-Christo avait laissé une annonce à Danceteria, un magasin de disques parisien. Il y avait plein d’annonces, mais celle-là était étrange, pas du tout dans l’air du temps. Les influences étaient inédites à une époque où tout le monde écoutait de la noisy pop, de l’indie rock, du shoegazing, Ride, les Boo Radleys… Dans cette annonce, ça parlait des Beach Boys, Spacemen 3, des Seeds : des choses qui parlaient du passé, et à l’époque, personne ne parlait du passé.
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J’ai répondu à cette annonce – c’est la seule fois où j’ai répondu à une annonce –, peut-être parce que dessus il y avait une sorte de soleil ultra-stylisé. Ça puait l’artiste. Et avec Guy-Manuel, on s’est rencontrés le 1er janvier (ça, je m’en souviens bien) au McDonald’s en face du jardin du Luxembourg. Il était ultra-maigre, avec des cheveux longs, très fin de siècle.
Une chronique dans le “Melody Maker”
On est devenus amis, on s’est échangé plein de disques très vite, et dans la foulée on a fait des répétitions. Thomas Bangalter, qui était un copain d’école de Guy-Manuel, est venu nous rejoindre, il avait une très belle guitare, une Stratocaster blanche. Thomas était plutôt un fan de cinéma, même si avec Guy-Manuel ils se passionnaient pour des choses très conceptuelles genre Kraftwerk ou Brian Eno. On avait un batteur fan des Ramones, et on jouait tous les genres de musique. C’était un groupe stylistiquement très ouvert. On faisait des reprises des Beach Boys version punk-rock. On jouait le Love Theme de Kiss aussi. C’était notre morceau d’ouverture, un truc très épique.
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Après, on a enregistré deux morceaux sur un 4-pistes, Darlin’, un hommage aux Beach Boys, et Cindy So Loud. Un soir, il y a eu un concert de Stereolab, les autres n’étaient pas là. J’y suis allé seul et j’ai filé la cassette à la chanteuse du groupe, Lætitia Sadier. Ils nous ont rappelés, et les deux titres sont apparus sur un 45t sorti sur le label de Stereolab, Duophonic. Ensuite, on a eu une chronique dans le Melody Maker, où ils nous ont traités de “daft punk”, d’où leur nom. Il n’y a même pas eu de vraie séparation, il me semble, on s’est arrêtés un peu comme ça. C’est à ce moment-là que Thomas et Guy-Manuel ont découvert les raves.”
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