Il y a quelques jours, le rappeur américain Danny Brown pétait les plombs sur Twitter en insultant tout le monde. En décembre, nous l’avions rencontré à Paris.
Son nouveau copain Mac Miller, son héros Nas, son sponsor Adidas, ils y sont tous passés : en quelques tweets, Danny Brown a réglé ses comptes avec la terre entière au mois de février. Fin décembre, il nous avait déjà semblé peu enclin à préserver les sensibilités :
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“50 Cent ? Non mais t’as vu comment il est fringué ? J’ai traîné avec lui et Tony Yayo quand je suis sorti de taule, mais ça n’a pas duré. Ils aimaient ma musique mais pas mon style et ils voulaient me relooker avec leur marque de merde, un hoody, un baggy… Je me tapais aucune meuf avec ça.”
Serré dans son slim, boots de cuir aux pieds, Danny Brown ressemble en effet plus à Asap Rocky qu’aux culs amples du rap tradi. Et même si, à 33 ans, il affiche dix ans de plus que la nouvelle garde des Lamar et Rocky, il n’en représente pas moins un espoir marquant. Originaire de Detroit, où il a occupé les postes de gamer accro à la console puis de dealer avant d’atterrir au micro, il livrait en 2013 sur Old un mix d’émotions personnelles et de contes biscornus où se croisent science-fiction intime, insomnies et jeux vidéo. Un univers baroque charpenté par une ouverture musicale XXL (funk old school, electro, dubstep) et pimenté par une consommation excessive de “molly” (MDMA), dont il se fait souvent l’avocat.
Juste milieu
Pourtant, quand on aborde le sujet, il s’assombrit : “Je ne me défonce pas que pour faire la fête. J’adore faire la fête, mais je dois me défoncer aussi pour dormir. Je ne dors jamais, je ne fais que des cauchemars, c’est invivable.” Un état de veille chimique éreintant qu’il évoquait dans sa colère twittée : “Vous pensez que je prends de la drogue parce que c’est fun, mais je n’ai pas d’autre option. Vous rêvez de me voir faire une O. D… Ne soyez pas surpris quand ça arrivera.”
Tantôt jovial et tantôt introverti, mais surtout frigorifié sur cette terrasse du XXe arrondissement, il divague ainsi entre démons intimes et bravades extravagantes, cette alchimie cheloue qui donne à Old une relief instable et fascinant. Puis il s’emmerde et zappe :
“Je ne suis pas à l’aise ici, Paris est bizarre, tout le monde est un peu raide, coincé. C’est un peu pourri, désolé. J’aime quand c’est sauvage. Bon, évidemment, Detroit est bien trop sauvage, mais il faudrait trouver un juste milieu… Denver, Portland, Seattle, par exemple… C’est classe et sauvage, c’est parfait.”
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