L’ancien Herman Düne en solo et en forme : on dit merci schön !
Les journalistes reçoivent généralement les biographies des artistes avec leur disque. Jamais sur le disque. C’est pourtant ce que fait, d’entrée de jeu, André Herman Düne, recyclant son assez bouleversant single Stanley Brinks, où il raconte son père, sa mère, sa vie nomade et son changement de nom, en Stanley Brinks, donc. “Mon père était docteur mais jouait de la guitare/Le jour de ta naissance, tu sais ce que tu vas devenir.” André ne deviendra jamais docteur (il raconte la fin de ses études), mais gardera quand même la guitare : elle est aujourd’hui plus utile que le Prozac.
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Car même s’il se présente comme “un ennemi de la société”, ce sauvageon au coeur tendre se révèle, à son corps défendant sans doute, trop généreux pour la misanthropie. Gâcher une telle voix, chaude et caressante, pour ne chanter que la bile et les barbelés rouillés serait de toute façon un crime contre l’humanité. Car loin d’un anti-folk aux orties, c’est une vieille chanson éternelle que susurre Stanley Brinks, celle qu’ont déjà usée sans l’épuiser Brassens, Jonathan Richman ou Adam Green – et que cet apatride perturbe de cuivres insolites.
Mais les paroles, elles, n’appartiennent qu’à lui, nonchalantes et pourtant personnelles, drôles et souvent poignantes, d’une absurdité pas du tout fanfaronne. Eloge de la fuite et du vagabondage, ce disque de démissionnaire – il a quitté Herman Düne dès la signature avec une major, parce qu’il s’est souvenu qui ne fallait jamais travailler – est pourtant tout sauf cynique ou revanchard. Radieux et illuminé, doucement enfumé (il enregistre parfois sous les noms Klaus Bong, Ben Dope ou Ben Haschisch), il ferait un joli copain d’escapade laidback, dans le désert, en pick-up déglingué, la radio sur une vieille station AM, pour Calexico.
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