Potaches ou mélancoliques, deux groupes américains atypiques s’empiffrent dans la confiserie pop des sixties. Deux groupes gourmands, qui ont dérobé les clefs de la séduisante confiserie pop des sixties. Noms également sucrés The Sugarplastic et Yum-Yum (miam-miam) , tempéraments opposés. Trio blagueur, les Sugarplastic font les zouaves, mais c’est par pudeur il ne […]
Potaches ou mélancoliques, deux groupes américains atypiques s’empiffrent dans la confiserie pop des sixties.
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Deux groupes gourmands, qui ont dérobé les clefs de la séduisante confiserie pop des sixties. Noms également sucrés The Sugarplastic et Yum-Yum (miam-miam) , tempéraments opposés. Trio blagueur, les Sugarplastic font les zouaves, mais c’est par pudeur il ne sera pas dit qu’ils prennent leurs chansons trop au sérieux. Véloces, ils sont lancés dans une cavalcade qui tient autant du sprint que de la course en sac, de l’équilibrisme que de la pantomime. Allégrement agaçants, ils multiplient les singeries (voix nigaudes, chœurs chevrotants, coq-à-l’âne crispants) ; leur étourdissante façon mélodique suffirait pourtant à les dispenser de cet assaut de simagrées. Malicieux, Polly Brown capture l’essence volatile des Kinks (période Face to face/Village green preservation society), The Way this is cache un indice chantant (« I believe in Caroline no« ) et Satie Katie n’aurait pas déparé Pet sounds : incapables de choisir entre Kinks et Beach Boys, les Sugarplastic font montre d’un impressionnant talent de contorsionnistes, puis pratiquent la fuite en avant, sur la piste des Rentals et, surtout, de XTC et des jeunes Talking Heads. La majestueuse beauté des deux derniers titres, Soft Jingo et Ohio, prouve pourtant que le calme leur sied autant que la trépidation.
Question agitation, Chris Holmes a déjà donné, avec une entreprise techno, Ashter Command, et un groupe « post-rock » abonné au festival Lollapalooza, Sabalon Glitz. Grosse galère pour un type de Chicago qui ne rêve que des Zombies, de Phil Spector et de Goffin/King. Yum-Yum, c’est sa planque perso, interdite aux slam-dancers lobotomisés. Pas besoin d’être un immense compositeur pour goûter les délices d’une pop plantureuse. Inspiration intimiste, arrangements panoramiques. Le chanteur calfeutré rumine ses peines de cœur, les violons, orgues et violoncelles dilatent l’espace, ouvrent des horizons azurés. Les idées noires donnent naissance à des chansons blondes, une débauche d’harmonies frémissantes dissipe les nuées nostalgiques (Lament). Du miel (Apiary) au malaise (Uneasy), cette musique estivale est celle de Witch Hazel ou Cardinal, opulente mais mélancolique, si fleurie qu’elle s’imagine déjà flétrie. Des garnements farceurs de The Sugarplastic, retranchés dans la forteresse de leur éternel printemps potache, au jeune homme songeur de Yum-Yum, méditant sur la fin proche de son été exquis, les savoureuses saisons de la pop américaine font une bien jolie ronde.
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