Réservé aux clients de Discovery, le select Daft Club offrira via le Net des musiques inédites du duo : du marketing malin.
La question taraude tous les esprits depuis un bout de temps : comment faire vivre la musique sur le Net ? Comment, surtout, les artistes peuvent-ils conserver le contrôle de leurs uvres sur un support aussi peu palpable et à l’anarchie avérée, sur lequel les morceaux sont vite copiés, vite piratés ? Daft Punk, apparemment, détiendrait la réponse à ces interrogations brûlantes.
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Le groupe profite du lancement spectaculaire de son nouvel album pour mettre en place des garde-fous, lui permettant d’encadrer avec vigilance la diffusion de sa musique sur Internet. Le principe en est simple : l’achat du CD de Discovery permettra aux fans d’accéder à un site privé, le Daft Club, sur lequel seront mis à disposition des morceaux inédits, mais aussi d’autres attractions liées au groupe. L’entrée dans le Daft Club se fera grâce à un numéro gravé sur une fausse carte de crédit, insérée dans le CD de Discovery.
Habiles bretteurs, le duo a ainsi réussi à remettre une couche de concret et de palpable, via la carte que l’on glissera dans son portefeuille, dans la virtualité du Web. Et ce, tout en faisant usage des vertus communautaires de la toile : le Daft Club est ainsi un lieu de passage pour toutes les légions de fans du groupe. Le site devrait fonctionner à la manière d’un fan-club sixties, tout à la fois désuet et charmant pour le profane ou l’amateur, indispensable pour le fan pur et dur.
Tout comme les Beatles offraient annuellement à leurs dedicated followers des morceaux rares, compilés chaque Noël, sur disque souple, Daft Punk se livrera sous des coutures (métalliques) inédites. A priori, ce système devrait réconcilier le système de distribution traditionnel avec le Net : le premier n’est ainsi plus court-circuité par le second. Il en devient, au contraire, un préambule obligé : pour accéder au Club, il faut d’abord acheter le disque.
Cela dit, le Daft Club se comprend aussi comme une belle déclinaison marketing de l’image d’un groupe qui a tout compris aux attentes de son public. Discovery, malgré toutes ses qualités, est aussi un produit, qu’il faut vendre, à tout prix et en grosse quantité. En ce sens, le Daft Club est un outil promotionnel supplémentaire, qui fait du Web un usage aux antipodes des vieilles utopies militantes et libertaires des premiers jours de l’Internet.
Nul doute, en tout cas, qu’un tel système, supposé verrouillé et sécurisé de toutes parts, enclenche les appétits les plus féroces : on imagine déjà les hackers salivant devant le défi, prêts à faire tomber les codes les plus hermétiques, à faire sauter toutes les forteresses virtuellement imprenables… Quoi qu’il arrive, Daft Punk a déjà gagné son pari : dans les cours de récré, à la sortie des facs, à l’arrière des bus et des berlines, sur les dance-floors et dans les salons privés, beaucoup attendent avec impatience de pouvoir acheter le disque, de s’emparer de la carte, de faire partie du club.
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