Le guitariste Guinéen sort son quatrième album 18 ans après le troisième. Et ça valait le coup d’attendre.
Ousmane Kouyaté est l’un des plus célèbres guitaristes (et joueur de balafon) actuels de l’Empire Mandingue. Son parcours musical (les Ambassadeurs du Motel d’Abidjan, en tour de chauffe formateur) s’apparente à un who’s who des musiques du monde : il a ainsi joué avec Mory Kanté, et Cheick Tidiane Seck, qui lui a présenté le pianiste américain Hank Jones, qui lui a présenté le pianiste autrichien Joe Zawinul (Weather Report). Mais celui auquel Kouyaté est indéfectiblement attaché reste Salif Keita, dont il est guitariste depuis trente années. De quoi peaufiner style (une manière de virtuosité malicieuse et enfantine du manche) et inspiration (mêlant dans un joyeux fourre-tout danses traditionnelles, et salsa, comme une latinité offerte à l’Afrique), mais au risque de mettre également sa propre carrière par parenthèses. Dabola n’est ainsi que son quatrième album (et dix-huit ans après Doumba), et la richesse des mélodies et la saveur des interprétations, sonnent comme un enthousiaste rattrapage de temps perdu. De son passé d’étudiant en agronomie, le quinquagénaire a conservé un enracinement naturel, jouissant du nuancier culturel de son pays (à chaque communauté villageoise, une danse identitaire). De son trajet international, il ramène des scansions implacables, qui ne demandent qu’à être samplées par le hip hop (Super Kéfimba). De la nécessité de l’hommage, il induit, en français dans le texte (Tenter), la révérence gardée à ses parents, et à ses maîtres en musique. Et, de partout, il glane la modestie triomphante des plus grands.
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