Effet réjouissant de la mondialisation’ C’est du Brésil, et grâce à Internet, que débarque la nouvelle sensation, colorée et agitée, du rock électronique : CSS. Une bande de harpies arty, aux hymnes irrésistibles et à l’euphorie contagieuse. Découvrez les en interview, en regardant deux clips (Off The Hook et le tout nouveau Alala) et en écoutant deux remixes, l’un de Diplo et l’autre de Spank Rock.
« Nous avons vraiment démarré ce groupe pour nous amuser, pour mettre le feu dans les fêtes de São Paulo, sans réfléchir à demain, sans ambitions, affirme la pétulante Luiza Da Silva E Sá, guitariste, DJette et batteuse. D’où nous venons, ce genre de musique ne peut pas être une carrière, juste un plaisir : c’est la motivation la plus saine qui soit. Nous passions notre vie à parler de musique, à échanger des CD, à traîner dans l’entrepôt/studio d’Adriano, le seul garçon de la bande Au bout d’un moment, à force de claironner que nous allions monter un groupe, il a bien fallu s’y mettre. »
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C’est d’une lassitude légitime pour les concerts de rock, avec leurs cahiers des charges étriqués et leurs clichés formels qu’est ainsi née l’idée de ce collectif, réunissant autour d’un seul musicien, Adriano, cinq diplomées en art, graphisme, cinéma ou mode. Luiza : « Ces garçons, avec leurs guitares, leurs basses, leurs batteries, paraissaient si sérieux, si concernés par leurs instruments’ Tout ça manquait cruellement de spontanéité, de couleurs, d’humour Même les groupes de hard-rock me font penser à des boy s bands, avec leur look réglementaire et leurs chorégraphies de tignasses identiques’«
Aussi excitantes, survoltées, provos et outrancières qu’elles soient sur scène, les Brésiliennes se révèlent pourtant nettement plus posées, presque timides au quotidien. « Nous sommes des geeks« , murmure Iracema Trevisan, bassiste et modiste du groupe ? elle fut longtemps assistante du créateur Alexandre Herchcovitch. Des geeks’ constamment accrochées à leur écran d’ordinateur, et que l’on soupçonne même d’être plus éloquentes par e-mail que par la parole. Iracema : « On s’envoie tout le temps des e-mails, c’est d’ailleurs comme ça que nous avons trouvé le nom du groupe On avait décidé de chercher le nom le plus idiot possible et un jour, alors que Lovefoxxx, notre chanteuse, surfait sur le Net, une pub est apparue sur son écran’ C’était pour Beyoncé et ça disait : « Marre d’être aussi sexy ? » En portugais, ça se dit « cansei de ser sexy »? C’est devenu notre nom. »
Si on évoque la tradition musicale brésilienne, le poids de cette culture, les filles rétorquent que « Lenine, Caetano Veloso ou Seu Jorge, ça plaît surtout aux Français« . Elles affirment ainsi que São Paulo n’est pas Rio, que la tradition musicale de cette ville à couper le souffle est différente, qu’on s’y sent plus à Mexico City ou New York qu’au Brésil, que la vaste et grouillante cité jouit d’un plus grand métissage et qu’elle est résolument plus tournée vers le rock. « La bossa-nova signifie plus pour les Français que pour nous’ Le seul groupe brésilien dont je me sens proche est Os Mutantes’ »
On cherche donc ailleurs quelques glorieuses « précurs’urs » à cette electro pétaradante et antibimbo, on propose le nom de Peaches (« Oui, c’est une copine, on est proches, on a fait DJ ensemble !« ), mais les yeux s’illuminent vraiment quand on lance le nom de Missy Elliott, mère supérieure de toutes ces filles qui ont viré les garçons du studio pour fermement gérer leur son et leur carrière. Luiza : « On l’écoutait sans répit en enregistrant l’album. C’est une des femmes les plus puissantes et courageuses dans l’industrie de la musique, elle est une inspiration. » Elles évoquent aussi avec passion quelques trouvailles récentes, comme le nouvel album de Charlotte Gainsbourg ou celui, charmant, des trop méconnus Tilly & The Wall’
Elles étonnent surtout par leurs désirs flagrants de musiciennes, par leur inquiétude de n’apparaître que comme une hype, frivole et inconséquente. « Je veux que nos chansons soient réelles, qu’elles puissent exister même jouées à la guitare sèche. Ecoutez le dernier single de Beyoncé : si on enlève la production, incroyable, il ne reste rien, que du vent. Nous, nous nous amusons sur scène, certes, mais nous sommes très méticuleuses en répétition.«
De ces derniers mois en formation accélérée, qui a vu le groupe passer de l’anonymat complet à une hype florissante, de concerts approximatifs à São Paulo à une vaste tournée américaine en première partie de Diplo, le génie le plus méconnu du hip-hop américain, les Brésiliennes conservent un mélange d’hébétude et d’euphorie. Gourmandes, elles se réjouissent d’avoir ainsi découvert le monde et sa cuisine, d’avoir fréquenté lors de festivals des artistes devenus des proches, comme Devendra Banhart (« Et en plus, rendez-vous compte, il parle portugais !« ) ou les Américains de Spank Rock, qui leur ont offert un remix foudroyant. « Et à côté de ça, quand je me vois dans un miroir, enchaîne Luiza, je ne me reconnais plus : je suis une vieille femme. Mais jamais, au grand jamais, je ne considère tout ça comme une corvée, comme un travail’ Voyager avec ses meilleures copines, que demander de plus ?«
On est effectivement impressionné par la complicité des Brésiliennes, chacune finissant sans un regard la phrase de l’autre : Luiza avoue ainsi avoir, pour la première fois de sa vie, l’impression d’appartenir enfin à une aventure collective. « Nous sommes pourtant très différentes, mais nous adorons faire des choses ensemble, même en dehors du groupe. C’est vraiment la famille, un gang. Ce qui est bizarre pour un groupe qu’Iracema a monté sur casting ! » Nous ne sommes pas comme des s’urs, termine, avec un sourire espiègle, Iracema. Nous sommes comme des frères.«
Pour découvrir ces drôles de demoiselles, lesinrocks.com vous propose de regarder le clip de Off the hook et le tout dernier (et dérangeant) Alala. En prime, l’entêtant single des demoiselles, Let’s make love and listen to Death From Above » est à découvrir en écoute, par les remixes qu’en ont donné respectivement les américains Diplo et Spank Rock !
– www.csshurts.com
– www.myspace.com/canseidesersexy
– www.subpop.com
Avec l’aimable autorisation de PIAS
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