Défoncé et vaurien, du rock américain
qui chante la vie en noir. Critique et écoute intégrale.
Sleep Forever ? Se préparer, alors, aux délices des cauchemars et des nuits agitées. Ces Californiens avaient autrefois lacéré les tympans, éraflé le système nerveux avec leur premier album, le très renfrogné et méchant Summer of Hate. Beau comme du Jesus and Mary Chain détraqué au bruit blanc et aux idées sombres, leur son noir, tourmenté et brisé évoquait un Black Rebel Motorcycle Club dansant l’apocalypse.
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C’était magnifique, mais physiquement assez douloureux (notamment en concert). Sur ce nouvel album, le duo a fait appel à l’Anglais James Ford (Arctic Monkeys, Simian Mobile Disco) pour dissiper les échos, ranger les barbelés rouillés, soigner le tétanos. En éclaircissant le son inextricable du duo, en gonflant en ogre un orgue maléfique, en soulignant d’un spot chancelant quelques mélodies surf épargnées (les majestueux Stoned to Death ou Hearts of Love), il interdit au duo ses sabotages systématiques de refrains, ses empilages vicieux de saturations, fuzz et dissonances.
Du coup, on voit ce qu’il y a derrière le mur du son : parfois bien peu de choses, comme sur l’emphatique et bas du cul Sleep Forever. Mais le plus souvent des chansons nettement plus tendres que ne le laissent entendre leurs airs de brutes défoncées et hallucinées.
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