Ouvragée et charmante, de la pop venue de Seattle.
L’indie-pop, Scott Reitherman ne semble pas l’avoir rencontrée. Le leader de cette fanfare larguée de Seattle en connaît pourtant tous les détails, tous les vertiges, mais pas forcément les disques : il semble l’avoir uniquement vue à travers le filtre grossissant de ses plus militants zélateurs, dans des chroniques d’albums ou quelques posts amoureux sur le net.
Car sa pop, franchement, est plus belle, plus ambitieuse, plus libre que ce qu’on entend souvent dans le genre – à la hauteur en revanche de ce qu’on en lit. Comme chez les Bats, The Postal Service, les Magnetic Fields, Fleet Foxes ou The Shins, par exemple, Throw Me The Statue cherche à son tour une façon d’accommoder à sa sauce douce les restes de l’histoire, d’y mettre son grain de sel – et de poivre. Car s’il joue avec un respect presque désuet pour les Tables de la Loi pop, Scott Reitherman fait partie de ces doux dingues pour qui une chanson est à la fois un laboratoire et un terrain de jeu, une odyssée épique et une humble comptine.
Et à ce jeu complexe des frictions entre modestie et orgueil, Tag ou Snowshoes se révèlent, sinon des monuments de l’indie-pop, du moins de bien séduisantes statues.