Depuis que le commerce, avec ses fossoyeurs béotiens et poissards, a détourné l’industrie du disque pour glorifier le court terme et instaurer la dictature du frivole, des gens comme Camilla Munck et Moogie Johnson sont montrés du doigt, traités comme des clochards, méprisés depuis la fenêtre des limousines. Comme si devenir un notable, un bourgeois […]
Depuis que le commerce, avec ses fossoyeurs béotiens et poissards, a détourné l’industrie du disque pour glorifier le court terme et instaurer la dictature du frivole, des gens comme Camilla Munck et Moogie Johnson sont montrés du doigt, traités comme des clochards, méprisés depuis la fenêtre des limousines. Comme si devenir un notable, un bourgeois était l’ambition de tout artiste C’est glorieusement insoumis à ces règles boutiquières, fier dans sa marge, que le couple susurre son blues blafard et vibrant, qui évoque autant un Portishead unplugged qu’un Mazzy Star des cavernes.
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D’une beauté aussi pâle qu’aveuglante, ces chansons sans âge se jouent dans le plus grand dénuement, avec un accompagnement réduit à quelques haïkus de guitare ou de piano : leurs murmures sont pourtant nettement plus impressionnants que beaucoup de cris gâchés, leurs refrains autrement plus luxuriants que tant de mélodies fatiguées, leurs silences sacrément plus bruyants que tant de guitares à l’électricité dilapidée. On a le droit à quelques larmes à l’écoute des poignants Be Kind ou Slavesong, mais il fait si froid ici qu’elles se transforment en glace.
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