Vif et gourmand, le nouveau Rita Mitsouko a préféré l’humilité et la sobriété au tape-à-l’oeil et au braillard. La dernière fois que les Rita avaient perdu les clés de leur studio d’enregistrement, ils avaient mis cinq ans à les retrouver. Cinq ans pour quoi ? Pour un (tout) petit Système D, un disque mal né, […]
Vif et gourmand, le nouveau Rita Mitsouko a préféré l’humilité et la sobriété au tape-à-l’oeil et au braillard.
La dernière fois que les Rita avaient perdu les clés de leur studio d’enregistrement, ils avaient mis cinq ans à les retrouver. Cinq ans pour quoi ? Pour un (tout) petit Système D, un disque mal né, au son chétif, conçu dans trois villes différentes et fini en catimini à la maison. Un ratage à faire planquer définitivement les clés du studio, à mettre les guitares au garde-meuble. Les Rita auront donc mis sept ans pour remettre le couvert, un rythme élyséen pour tuer les doutes et retrouver la liberté d’écriture, la petite cuisine musicale et les tours de main perdus au contact de producteurs abusifs.
Alors, c’est quoi les Rita de l’an 2000 ? Le couple de la persévérance, assurément. Du courage aussi. Le courage de gratter ses envies d’écriture en disant non aux emmerdeurs, aux raisonneurs de bon ton, aux dictatures sonores. Pour un album de pur petit bonheur, pétillant de gourmandise pique-assiette assouvie et brillant d’idées abouties. En liberté dans le supermarché des sons, Ringer et Fred ont bien sûr pioché dans les têtes de gondoles de l’electro, mais la techno appliquée des Rita n’a rien à voir avec les créatures savantes d’Howie B., elle vit chichement, se contente de quelques nappes, de hoquettements de boîtes à rythmes natures, de gadgets sonores malicieux placés avec la parcimonie et l’intelligence d’un Prince. Agent d’atmosphère, l’electro chez les Rita redore le groove, galope sur l’échine d’une basse disco (dans la chanson titre) sans doper le son. Elle transforme l’air, s’amuse en nappes de cordes à bâtir des couloirs d’aspiration violonique aux feux follets vocaux de La Sorcière et l’Inquisiteur, amène les trames funk émaciées de Marcia baila vers des reliefs moins abrupts. Elle joue les lucioles sur des guitares pointillistes, incroyables de richesse sonore, et paillette d’étoiles le chant d’une Ringer rarement vue à cette diversité de répertoire. Tout ce qui pouvait évoquer une hystérie théâtrale (les effets de voix parfois agaçants sur les trois premiers albums) a trouvé de nouvelles destinations en se glissant dans les gammes de chants orientaux (Femme de Moyen Age), en papillonnant avec des volutes de comédies musicales, en s’amusant avec le phrasé rap (Pense à ta carrière, Grip shit-rider in Paris, Un zéro) ou en adoptant la retenue sur des interprétations réalistes et des textes tragiques de C’était un homme ou Fatigué d’être fatigué : le morceau de bravoure de cet album, avec ses langueurs mélancoliques à la Portishead et ses claviers solarisés, incandescents, tout droit sortis des recueils de psychédélic-pop.
Pour clore cette comédie musicale sans grandes pompes mais chaussée des bottes de sept lieues, il restait à trouver une confiserie. Pas bégueules, Ringer et Fred ont imaginé le single définitif : Alors c’est quoi ? Un C’est comme ça revu et corrigé, dégraissé de ces effets de manches typiques des années 80 : une machine à danser et à chanter, irrésistible.
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