Qu’attendre d’un groupe considéré comme une usine à tubes, cramé par deux ans d’excès et de gloire instantanée ? Une magnifique surprise : raconter la médaille et son revers sur un deuxième album aussi passionnant que touchant par sa sincérité.
Autant attaquer en force : Congratulations est un grand, un très grand album. Voilà un disque à l’ambition démentielle, une oeuvre pop totale, nourrie des affres psychiatriques traversées par ses auteurs après la gloire instantanée autant que par leur volonté, radicale et téméraire, de prouver qu’ils ne sont pas là pour ronéotyper à l’infini leurs tubes Kids et Time to Pretend.
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Ici, pas de véritable single, aucune chanson calibrée pour les ondoyantes fréquences FM, mais des morceaux baroques, à la fois retors et ultra-accessibles, plus influencés par la musique britannique que par les aïeuls américains. Les constructions n’aiment pas les lignes droites : les contre-pieds sont permanents, les poupées russes et les virages à angles non euclidiens. Des petits crochets pop instantanés surgissent à chaque coin, les mélodies brillent autant qu’elles changent – et elles changent énormément.
En un seul patchwork géant, rondement produit par le discret Sonic Boom et parfaitement mixé par le sorcier Friedman, Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser ont voulu prendre un maximum de plaisir. Ils ont écrit le disque de pop moderne idéal, celui qu’ils adoreraient adorer et qui rendrait hommage d’un seul coup à leurs influences déroulées en rafales en interview : la sunshine-pop, le psychédélisme, Felt, les Buzzcocks, Magazine, Devo, les Kinks, Syd Barrett, la soul.
On trouve en neuf morceaux, dont l’incroyable Siberian Break de douze minutes, du Buzzcocks pour Bisounours (la saignante Brian Eno), des regards appuyés vers le rock grandiloquent et filmesque du Rocky Horror Picture Show ou de Phantom of the Paradise (Flash Delirium, Song for Dan Treacy, Lady Dada’s Nightmare…), des fusées vers le soleil (It’s Working), quelques références à Bowie, Ennio Morricone, John Barry, Sparks, Todd Rundgren, Syd Barrett. On trouve un courage immense et, surtout, un bonheur renouvelé à l’infini.
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