Avec « No Guns More Drums », le groupe formé par le batteur Cyril Atef et le performer Dr Kong prend un virage pop sans perdre de vue son objectif premier : mener les corps et les âmes à la transe. Rencontre avec deux maîtres du désordre.
Avec No Guns More Drums, le groupe formé par le batteur Cyril Atef et le performer Dr Kong prend un virage pop sans perdre de vue son objectif premier : mener les corps et les âmes à la transe. Rencontre avec deux maîtres du désordre.
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Concerts : le 23/4 à Paris (Nouveau Casino), le 7/5 à Niort
ENTRETIEN
Comment est né CongopunQ ?
C.A. : En 2004, j’ai voulu démarrer un projet solo en marge de Bumcello. (désignant Dr Kong) Je connaissais cet animal-là, il était venu danser sur scène à l’un de nos concerts et j’avais adoré la manière dont il tremblait. Alors, je me suis dit : « Au lieu d’un autre musicien, je vais prendre un performer et monter un projet de transe dada, les Dead Kennedys rencontrent Konono n°1, un mariage entre le keupon et les musiques d’Afrique Centrale. » Quand j’étais punk, dans les années 80, j’ai vu beaucoup de groupes qui m’ont marqué, et puis j’ai été happé par les musiques congolaises et camerounaises. Dans CongopunQ, j’ai voulu unir ces énergies en me basant sur le likembé distordu.
D.K : On se connaissait depuis quelques années. Du coup, je me suis retrouvé au concert de Bumcello, je suis monté sur scène et je me suis mis à trembler, ou plutôt à vibrer, car je crois en la vibe, c’est très important. La proposition a été : « Tu viens sur scène et tu fais ce que tu veux ». C’était extraordinaire. Le jeu consiste à se voler la vedette l’un à l’autre, ça tourne. Parfois, Cyril me dit : « Pars en avant et moi, je vais ensuite les rattraper avec le son ».
Pour les concerts, Kong a-t-il un schéma défini d’objets à utiliser ou improvise-t-il librement ?
D.K : Les musiciens de free jazz adoptent une grille avant d’improviser, ma grille à moi, c’est les objets. Ils peuvent venir, se perdre, se casser… Je peux aussi utiliser ceux que je trouve sur place. Quelqu’un m’a dit un jour : « Ce que tu fais dans tes performances, c’est ce que j’ai envie de faire dans ma cuisine, mais sans l’oser ». Pour moi, la performance représente le chaînon manquant entre la danse et la sculpture. Avec mes objets, mon corps et l’espace, je forme des sculptures. Dans le nouveau spectacle, la performance sera la déclinaison d’un cube. C’est une forme, une structure qui prend différents aspects et différentes fonctions. On est les maîtres du désordre.
No Guns More Drums présente une grande homogénéité sonore. Avez-vous particulièrement travaillé les timbres pour lui donner cette couleur particulière ?
C.A : L’important, c’était d’avoir de jolis chœurs. J’ai appelé Judith Flessel Toto, Julia Sarr et Jean-Marc Reyno, qui viennent du gospel et sont tous un peu évangélistes. Ils ont prié avant la séance, ce qui était un peu abstrait pour moi… (rires). Leurs chœurs ont été incroyables. Ensuite, j’ai ajouté des petites touches de synthé, des boucles, et j’ai fait venir mon ami Hilaire Penda, un grand bassiste camerounais et Sébastien Martel, vieux pote guitariste qui voulait absolument jouer avec nous. On a fait ça en sept jours, dans un studio, à Porte de Bagnolet.
Comment est venue l’idée d’électrifier le likembé ?
C.A : Dans les années 90, j’ai découvert Konono n°1 sur le disque Musiques urbaines à Kinshasa édité par le label Ocora. Ils avaient ce son puissant, basique, non tempéré. Alors, j’ai commencé à travailler avec la pédale de disto sur le likembé. Je me mettais en transe moi-même. Cette transe obtenue par le likembé, c’est la signature de CongopunQ.
Quel est le sens du titre Lady Gaza ?
C.A : J’ai adoré ce jeu de mots. J’imaginais une chanteuse orientale coincée dans sa prison à ciel ouvert et dont la voix se baladerait en Israël, au-dessus du mur. C’est une métaphore pour un rassemblement pacifique à travers la musique.
L’album est festif, mais contient quelques titres marqués par la new wave comme Peeping Tom et The World’s Gone Mad. Aviez-vous la volonté d’aborder un registre plus grave ?
C. A : Peeping Tom, c’est un délire sur le film (Ndr : Le Voyeur, de Michael Powell) que chante Zack Montana, un pote de mon fils. Bizarrement, ce titre plaît beaucoup aux femmes, on me dit souvent qu’il est obsessionnel. The World’s Gone Mad, c’est le morceau sur lequel s’ouvrira le show. Il traite de l’évolution de l’homme dans notre société, de l’école à l’entreprise, où on te presse comme un citron.
J’imagine que vous avez dû assez vite prendre des chemins buissonniers, l’un comme l’autre ?
D.K : Ma première grande ambition, c’était d’avoir des enfants. J’en ai eu trois et je suis devenu homme au foyer. Mes parents avaient travaillé dans la décoration et le bâtiment, j’ai donc baigné dans cette ambiance-là pendant longtemps et ça m’a inspiré. J’ai fait du théâtre et, logiquement, je me suis ensuite tourné vers la performance et la danse.
C.A : Moi, j’ai bossé 10 ans à Groupama, à la Défense (rires). Non, tout jeune, ça a été la musique, direct.
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