Lundi 2 novembre, PEREZ venait présenter son premier album, « Saltos », dans une Maroquinerie presque pleine à craquer. De quoi illuminer une semaine.
Il y a des albums qui plaisent mais que l’on oublie vite, à l’instar d’une rom-com’ avec Jennifer Aniston. Et il y en a d’autres qui synthétisent une époque, qui captent l’air du temps, qui bouleversent une année. C’est le cas du premier album de PEREZ, Saltos, sorti en octobre mais que l’on découvre par petites touches depuis le mois de juin 2014. Seul bémol : l’absence de la saisissante Cramer, son premier single sorti en décembre 2012 à la faveur d’un très beau clip le mettant en scène de nuit dans un taxi.
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Comme pour pallier le manque, c’est justement avec ce morceau que le Bordelais ouvre son concert à la Maroquinerie. Il débarque en polo blanc et slim sombre, un micro dans une main. A ses côtés: un clavier, une basse/guitare, une batterie. La lumière est blanche, la scénographie minimale. Et quel besoin de lasers ou de vidéos lorsque les morceaux dessinent une multitude d’images et de scénarios ?
Si PEREZ assume sa double filiation avec Bashung et Daho, il n’en conserve pas moins une identité forte, à la croisée de la house, du clubbing, de la chanson française et de la variété. Et le résultat est sublime. Au cours de son concert, on se laisse tour à tour bercer par ses textes d’une beauté sidérante, ou se déhancher bras en l’air et poignets mobiles, sur un beat électro, ou un gimmick hip-hop, comme celui qui rythme Rock’n’Roll, Funny people, son « chant du cygne au rock’n’roll ».
En sus d’avoir une voix de velours, que l’on a découvert en 2008 au sein d’Adam Kesher, Julien Perez (pour l’état civil) a une façon fascinante de se mouvoir, à la croisée de Daho, du rap et de la boxe. Quand il n’arpente pas la scène, la main virevoltant dans les airs comme si elle tenait une cigarette invisible ou appuyait sur les touches d’un piano imaginaire, PEREZ sautille à la manière d’un boxeur face à un sac de sable.
PEREZ c’est la rencontre de Rohmer et d’une soirée Chez Moune, de la crise existentielle et de la fête zinzin. Il y a un peu de cette scène culte :
Et beaucoup de sensualité :
« Et là je sens son parfum, et le tissus léger, de sa robe d’été et sa voix qui résonne à travers le dossier et mes pieds qui tremblent sur le parquet et les craquements du bois, regarde ce que tu as fait de moi, j’ai crié, regarde ce que tu as fait de moi, et dans un fracas je redeviens moi-même,on se retrouve à terre, je lui dis comme je l’aime, elle pose sa main sur ma joue, elle me dit « ça valait pas le coup, de te mettre dans cet état ». » chante-t-il sur Une autre fois, qu’il joue seul, au piano.
Dédiée à Steven Spielberg, Blockbuster parle de ces films d’action qu’il visionne au cinéma et qui l’aide à « faire passer les heures ». « Je m’ennuie » lâche-t-il en refrain. PEREZ raconte l’histoire d’un garçon moderne à la dérive, l’amour chevillé au coeur, la tête pleine d’images et de fictions, les jambes branlantes de fête.
C’est bien entendu Les Vacances continuent, devenu l’hymne de certains oiseaux de nuit, qui clôture ce concert en rappel. Au premier rang, une bande de mecs enchaînent les pas de danse, au dernier, des filles crient. Les manteaux tombent et les chemisiers se déboutonnent. Il suffirait de quelques morceaux supplémentaires pour que La Maroquinerie transpire la sueur. Il faudra en rester là, à cette certitude que l’on tient avec Saltos l’un des meilleurs albums de 2015.
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