Le lundi 6 novembre, les deux enfants chéris de la nouvelle scène bruxelloise ont donné un gros concert à Paris. On leur a parlé juste avant leur montée sur scène.Le lundi 6 novembre, les deux enfants chéris de la nouvelle scène bruxelloise ont donné un gros concert à Paris. On leur a parlé juste avant leur montée sur scène.
Le sol tremble. Le balcon tremble. Tout tremble sous la dinguerie du public quand il entend Périscope, Kietu, Signaler, Débrouillard, Nwaar Is The New Black ou encore BruxellesVie. Le concert de Damso commence avec le morceau Exutoire. Angèle est au clavier tandis que deux mille fans de rap chantent d’une seule voix : « Le cœur sur une plaque allumée j’écoute Agnès Obel.” Et toute la soirée se déroulera un peu comme ça, dans une tonalité à la fois sentimentale et surexcitée. En gros, c’est le feu à l’Olympia. Le feu sur chaque morceau. Le feu sur chaque feat (avec Vald pour Vitrine, Kalash pour Mwaka Moon, Siboy et Benash pour Mobali). C’est le feu pendant tout le concert, qui se terminera avec les tubes Macarena et Mosaïque solitaire. Au clavier sur ce dernier, il y a une nouvelle fois Angèle.
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« Aller beaucoup plus haut »
« Non, non, non. Jouer ici n’est pas une consécration. Si c’est le cas, c’est que je fais de la merde. Je veux aller beaucoup plus haut. » Dans sa loge de l’Olympia, alors que les premiers arrivés attendent devant la scène, Damso savoure l’instant à sa façon. Il est calme, beaucoup plus que les kids qui déambulent dans le quartier en espérant l’apercevoir. Certains se sont postés à l’entrée des artistes de la célèbre salle parisienne, rue de Caumartin. Leur attente restera toutefois sans succès. « Ça fait chier, regrette Damso, je les ai pas vus ! Je suis emprisonné ici depuis un moment. Mais ça déchire, ça motive pour le concert. »
A quelques mètres, dans les autres loges, il y a Benash, Siboy, Kalash et Vald en train de patienter également. Et dans celle juste à côté, il y a Angèle. C’est elle qui assure la première partie, même si Damso voit les choses un peu différemment. « Je n’aime pas l’expression ‘première partie’, dit-il. Angèle joue aussi avec moi pendant le concert. Disons qu’elle chante avant moi… je crois qu’il y a des obligations pour le bar ! » Angèle chante donc avant Damso pendant la tournée de ce dernier. Ça en étonne certains car Angèle et Damso, certes, n’ont pas grand-chose en commun à première vue, sinon le fait d’habiter Bruxelles.
Angèle ne fait même pas semblant d’être une fan de la première heure. « J’ai découvert Damso parce que mon frère (le rappeur Roméo Elvis – ndlr) et mon copain en parlaient, dit-elle. Mais je l’ai vraiment découvert en commençant à travailler avec lui. » La jeune musicienne parle d’une relation « très simple, très pro » depuis leur rencontre. Quand Damso lui a proposé de tourner avec lui, elle a évidemment sauté sur l’occasion. Quant à Damso, il a découvert Angèle via son entourage. On lui a simplement fait écouter des sons. « Ça s’est fait au feeling, se souvient-il. Je me suis tout de suite dit qu’elle allait tout niquer. » Résultat : deux semaines après la sortie de son tout premier single, La Loi de Murphy, le clip qui l’accompagne a dépassé le million de clics sur YouTube.
« C’est un truc de fou, je n’aurais jamais imaginé ça, hallucine Angèle. J’espère juste que ça va suivre pour la suite. Les gens autour de moi sont déjà en train de me rassurer, de me dire que ce n’est pas grave si je fais moins bien la prochaine fois ! »
L’attente est déjà énorme autour d’elle. Les labels se battent pour la signer. C’était même déjà le cas avant la publication de ce premier single. Une situation qu’Angèle tente d’expliquer : “J’étais déjà présente sur Instagram avec certains éléments qu’on retrouve aujourd’hui dans mes chansons : les différentes voix, le côté humoristique, les prods un peu minimalistes, le piano. Et puis je suis la sœur de Roméo Elvis. Le featuring qu’on a fait (J’ai vu, morceau issu de la mixtape Morale 2 – ndlr) et son côté familial ont touché plein de gens. Ça a mis le spot sur moi. J’ai aussi l’impression que ça aide d’être belge en ce moment ! On est en concurrence avec personne. On comble un vide. »
Bruxelles Vie à Paris
« Bruxelles c’est petit, confirme Damso. Les artistes ont souvent fréquenté les mêmes studios, les mêmes beatmakers. Aujourd’hui le temps a passé, chacun évolue et trouve son identité artistique. On se connaît sans se connaître. C’est comme si on avait construit une grande ville pendant la nuit et que le soleil arrivait dessus. Mais on était déjà bons à Bruxelles avant que les gens d’ailleurs s’intéressent à nous ! Il n’y a pas d’espace-temps dans la musique, seul le talent compte. »
Et les voilà aujourd’hui à rendre fou le public parisien, qui a vite compris le vivier que représentait la nouvelle scène belge. « J’ai l’impression qu’on est accueillis à bras ouverts quand on arrive de Bruxelles, semble s’étonner Angèle. Ça fait presque peur, parfois, tellement le public de Damso est fou ! » Le public est fou, oui, mais pas seulement pendant le concert de Damso, où Angèle joue du clavier sur quelques titres. Quand elle est seule sur scène et qu’elle enchaîne ses morceaux à elle, le public répond comme rarement lors d’une première partie. Beaucoup connaissent déjà par cœur La Loi de Murphy.
La suite arrivera dans les prochains mois. Angèle dit vouloir sortir un album en 2018, en prenant son temps. Elle publiera « sans doute quelque chose » en attendant, mais on n’en saura pas davantage en sortant de sa loge. Pour l’heure, sa préoccupation est de chauffer l’Olympia pour Damso. Le concert va bientôt commencer. Le sol commence doucement à trembler.
photo Guillaume Durand
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