Trésor caché de l’electro française, le Nantais retombe en enfance : ravissant. Critique et écoute.
Le nom aurait aussi pu être “collage”, tant cette musique amasse en kaléidoscope une vie de sons et d’images, de l’electro mélancolique de New Order aux dessins animés à grands yeux tristes de Bernard Deyriès. Mais College lui va bien aussi, pourvu qu’on parle d’un de ces collèges anglais où s’enseigne en toute excentricité et rigueur la pop music éternelle, qui fait dodeliner dans le noir et danser dans le chaos. On connaît tous le A Real Hero de College, dont le spleen lancinant contamina la BO du film Drive.
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Drive ? Le Nantais a résolument enclenché la marche arrière ici, remontant bien avant le collège, à une enfance partagée entre MTV et sci-fi. Plus encore marqué par le rétrofuturisme que son prédécesseur, le sensible mais froid Northern Council, ce nouvel album est nostalgique d’une époque insouciante, utopiste, où l’on croyait à la science, au futur. Cet Héritage, c’est celui précisément qui enrichit l’album de Kavinksy : un fatras de génériques signés Shuki Levy, de sons arrachés aux premières consoles, de tubes bienheureux joués par des robots tendres, de Space à Kraftwerk.
De ces souvenirs, College aurait pu composer une BO nombriliste et sépia, concentrée sur le vintage, qui aurait senti la vieille chaussette du FC Nantes et le pipi au lit. Mais de cette rencontre fortuite avec l’enfant qu’il fut dans les années 80 – un déménagement et la mémoire qui se réveille –, il a au contraire bâti en lo-fi autant d’odes intimes à la mélancolie que de joyeuses aubades. Et soudain, l’enfant a sa BO : un jour nouveau, un jour növö.
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