Coldplay chante Noël, et on ne comprend pas : on a pourtant été gentils cette année.
En Angleterre, le single de Noël est une tradition aussi forte que le petit pois vert fluo, le vinaigre sur la barquette de frites consommée par des boudins en minijupes à deux heures du matin sur les pavés mouillés de la high street. Chaque année, tout le monde s’y colle, espérant décrocher le pompon.
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Il y a souvent des morceaux que l’on pourrait qualifier de belles bouses, susurrés par des chanteurs ringards type Cliff Richard – méconnu en France, c’est le Frank Michael des mamies anglaises, et le bouleversement suscité par certains de ses singles rappelle l’émotion ressentie à l’écoute de la version par Basile Boli de Je l’aime à mourir lors de l’édition 1995 des Enfoirés.
Le souci, c’est quand le petit Jésus inspire ces chansons un peu ridicules à des groupes que l’on aime sincèrement par ailleurs. Cette année, c’est le cas de Coldplay : la petite bande de Chris Martin y va de son morceau de Noël (Christmas Lights), et c’est le consensus mou, la variété qui pue, le single à faire passer Calogero pour Robert Wyatt, et le Mull of Kintyre des Wings pour du Daniel Johnston.
Tout y est : les arrangements FM, les choeurs insipides, le piano façon James Blunt, le refrain comme pioché dans une hypothétique bande-son de Beethoveen 7, au moment où le chien reviendrait au ralenti chez son maître et ouvrirait la porte avec sa patte. Le tout est gratifié d’un clip infernal, avec feux d’artifice à la fin, qui ne servira qu’à alimenter le courroux des sinistres détracteurs de Noël.
Chris Martin, avec son groupe Coldplay, est habituellement le Hugh Grant de la pop anglaise : capable de crédibiliser des comédies romantiques, il sait faire des miracles avec des bouts d’histoires fleur bleue. Il se vautre ici lamentablement, façon Sandra Bullock dégringolant sur le trottoir glacé d’une banlieue de Chicago.
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