La new-wave des années 80 continue de submerger les Etats-Unis : expérimentale et synthétique pour Cold Cave, noisy-punk chez Blank Dogs. Chronique de deux disques sombres.
[attachment id=298]Depuis que la new-wave anglaise a été ajoutée à leur programme d’histoire, les jeunes Américains s’en donnent à coeur joie. Enfin à coeur joie, façon de parler, tant les caves où ils répètent semblent noyées sous une nappe de pétrole indélébile, écrasées par une chape de plomb qui pousse au repli sur soi, à la claustrophobie.
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Après qu’Interpol ou les Killers ont surfé sur la vague bankable des années 80, une frange incontrôlable utilise son versant le plus expérimental pour un nouveau code musical qui traduit les angoisses des années 2000. Nouvelle terre d’élection des essais nucléaires du folk et du psychédélisme, Brooklyn se devait d’accueillir un contingent de cette armée des ombres, tel l’effrayant hommeorchestre qui officie sous le nom de Blank Dogs. Mais le quartier new-yorkais n’est pas le seul à subir les assauts de ces vampires qui pompent la moelle des eighties si l’on en juge par Cold Cave, qui tranche sérieusement avec l’héritage soul et hip-hop de sa ville de Philadelphie. Mené par le chanteur compositeur Wesley Eisold, ce quatuor signe une effarante collection qui dévale les versants toujours à l’ombre du glacier new-wave : noise-rock, pop synthétique et dark-wave.
[attachment id=298]Face à un New Order ou un Depeche Mode presque guilleret de l’ère Obama (Love Comes Close, Youth and Lust), Eisold ne peut s’empêcher de se replier sur sa propre neurasthénie pour des comptines glaçantes (Hello Rats) ou de s’embarquer dans de fascinantes embardées postindustrielles marquées par les fantômes de Throbbing Gristle (le sépulcral Heaven Was Full). Mike Sniper, alias Blank Dogs, pousse le minimalisme à l’extrême en effaçant toute notion pop par des synthés qui mordent, des boîtes à rythmes qui grattent, des guitares qui crissent. Son deuxième album oscille ainsi entre le Cure des débuts, les recherches noisy de Cabaret Voltaire et l’urgence de Metal Urbain ou Jesus & Mary Chain. Un mélange dangereux qui aboutit à des morceaux comme Open Shut, qu’on jurerait sorti d’un coffret de vieilleries Factory Records. A part que ça se passe en 2009 en Amérique et que Blank Dogs et Cold Cave y ont partagé l’affiche du festival No Fun avant l’été. No Fun car ils ne sont pas là pour rigoler.
Albums : Cold Cave Loves Comes Close (Matador/Beggars/Naïve) et Blank Dogs Under and Under (In the Red/La Baleine)
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