Il y a, de temps à autre, de ces injustices criantes qui nous réveillent, nous donnent envie d’en découdre avec la mauvaise foi ambiante. Qu’un groupe comme K’s Choice soit l’objet de railleries aussi arbitraires et expéditives que niaises fait partie de ces excès épuisants. Ceux qui ont connu, depuis la sortie de ce Cocoon […]
Il y a, de temps à autre, de ces injustices criantes qui nous réveillent, nous donnent envie d’en découdre avec la mauvaise foi ambiante. Qu’un groupe comme K’s Choice soit l’objet de railleries aussi arbitraires et expéditives que niaises fait partie de ces excès épuisants. Ceux qui ont connu, depuis la sortie de ce Cocoon crash, le bonheur simple de se plonger dans ses climats complexes comprendront vite pourquoi il convient de rouvrir d’urgence le dossier K’s Choice. Sans non plus crier au génie, quelques petits rappels s’imposent : en premier lieu, dire et redire que Sarah Bettens possède un grain de voix fabuleusement lascif, hautement romanesque, voire franchement émouvant, une épaisseur vocale qui ne se dément pas lorsque le son du groupe se durcit. Ce qui ne gâche rien, c’est que cette voix unique (seule cousine connue : Tracey Thorn de Everything But The Girl) a le bon goût de se mettre au service de mélodies de chant régulièrement lumineuses parce que dictées par une écriture qui privilégie l’instinct et refuse de s’inventer des prétentions mal placées. Autre faculté louable : K’s Choice sait s’entourer. Suffisamment intelligents pour connaître leurs limites, Gert et Sarah Bettens ont fait appel à l’habile Gil Norton (l’homme qui aiguisait les guitares des Pixies en studio) pour produire les chansons de Cocoon crash. Une heureuse rencontre qui permet au groupe d’élargir son champ d’action, quelques ballades dépouillées et spontanées (Now is mine, saisissante) venant trancher avec les installations soniques bétonnées par Norton. En quatorze chansons humaines donc imparfaites des réussites comme Everything for free et Butterflies instead côtoient quelques digressions plus aléatoires , K’s Choice s’invente un monde et y prend ses aises. Disque mûr et cohérent « musique pour vieux », entendra-t-on , Cocoon crash possède aussi un charme précieux et rafraîchissant : celui de n’être ni d’Amérique ni d’Angleterre, de ces pays où l’on pense (beaucoup) avant de jouer. Nés loin du NME, de Spin ou Rolling Stone, les esprits libres de K’s Choice jouent avant tout pour eux-mêmes. Nos amis de la RTBF ne seront pas les derniers à le confirmer : les Bettens et leurs amis ont décidément bien de la chance d’être belges.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}