Le blues de G.Love roupille dans un hamac et répond avec grossièreté aux orthodoxes : mal élevé, il est parfait. Le label OKeh n’a pas été réanimé pour du beurre: G. Love poursuit son investigation débonnaire sur les terres du blues ancestral. On a beaucoup parlé à l’occasion de son premier album d’injections hip-hop dans […]
Le blues de G.Love roupille dans un hamac et répond avec grossièreté aux orthodoxes : mal élevé, il est parfait.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le label OKeh n’a pas été réanimé pour du beurre: G. Love poursuit son investigation débonnaire sur les terres du blues ancestral. On a beaucoup parlé à l’occasion de son premier album d’injections hip-hop dans ses relectures roots. Ici, G. prolonge avec sa Special Sauce ? sorte de tacot à remonter le temps – son périple sur les terres de Blind Willie McTell et Jimmy Reed – en oubliant peu à peu de se cramponner à une logique de progression plus astucieusement contemporaine. On imagine le scénario qui a pu bringuebaler l’enregistrement de Coast to coast motel : G. Love a beaucoup fumé (de l’herbe, des Gitanes maïs locales), pas mal picolé (bourbon, cidre du cru). Ses potes l’on trimballé sous la douche, il a pris la pomme et baragouiné quelques blues. Ça donne de la musique de canard à trois pattes, où le Dylan de Subterranean homesick blues copine avec le Tom Waits de Swordfishtrombones, sous les auspices paternels de Leadbelly et Muddy Waters. Hendrix a gobé de l’anesthésiant pour jument ; sa gratte bouclée en pédale douée, il s’est entiché d’un big-band hobo, au swing cagneux. La rythmique s’essouffle, les mid-tempos broutés par le rhume des foins. G. marmonne comme un mormon du blues, geint à tout crin, utilise de répétitifs gimmicks comme autant de combinaisons pratiques (Ho yeah, ho yeah ). Son harmonica couine son chagrin, sa voix crachote de la paille, ses mots barbotent, les consonnes s’embourbent dans sa langue pâteuse. Plus déglutition que scansions, moins rappées que rapiécées, ses mélodies se paument désormais exclusivement dans une patriarcale cambrousse.
Moins concerné par le songwriting correct que Bon Harper, pas aussi iconoclaste et ingénieux que Beck, l’homme possède pourtant une décontraction déglinguée, rustique et sympathiquement plouc. Il parvient toujours à dénicher des instants saisissants où plane l’ombre d’un Dylan encore pénétrant (Comin’home), l’inspiration de Stones hibernes dans leurs premières amours (Kiss & tell), d’une Special Sauce émérite (Bye bye baby), d’un leader habité (No chain) : la musique que G. Love perpétue, elle vient delà.
{"type":"Banniere-Basse"}