Depuis 1981, le CMJ Festival fait se rencontrer dans la Grosse Pomme acteurs de l’industrie musicale, artistes et public pendant quelques journées très chargées. Compte rendu de cette édition 2007, en marge des rendez vous convenus.
Au fil des ans, le CMJ a révélé des groupes comme R.E.M., les Black Eyed Peas, les Killers, Clap Your Hands Say Yeah ou Arcade Fire. Cette année, les têtes d’affiche se nommaient M.I.A ou Justice, dont le premier des deux concerts était complet. Mais on pouvait aussi tomber, au hasard des bars de l’East Village ou du Lower East Side (quartiers rock par excellence, fortement « boboïsés », mais plutôt agréables), sur des petits groupes inconnus tentant de se faire un nom au sein de la programmation pléthorique du bien nommé Music Marathon (plus de mille concerts en cinq jours !).
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C’était par exemple le cas des Giraffes, que le chanteur de Nervous Cabaret, Elyas, nous avaient vivement encouragé à aller voir. Le groupe jouait trois jours d’affilée dans trois lieux différents. Faute de pouvoir les voir à Williamsburg, le nouveau quartier branché de Brooklyn où vivent désormais de nombreux musiciens, on se rend au premier concert, au Crash Mansion, une salle récemment ouverte sur le Bowery, à Manhattan. Les vrais New-Yorkais n’aiment pas l’endroit, ils trouvent que ça fait « trop L.A. » Le chanteur des Giraffes s’en amuse : « Bienvenue dans le sous-sol de la maison de mes parents ! » Nous ne devons pas être plus de vingt, il est 23 heures passé, c’est le dernier concert de la soirée. Les Giraffes jouent une sorte de heavy metal semi-parodique, pas très loin de Queens Of The Stone Age, mais sans le son ni le génie mélodique de Josh Homme. Sur scène, c’est quand même un sacré spectacle, avec échange de jets de bière entre le groupe et le public… Ne pouvant plus fumer dans les bars et les salles de concerts, les New-Yorkais semblent se rattraper sur l’alcool.
La veille, l’ambiance était nettement plus sage au Bowery Ballroom, très jolie salle à deux pas de là. La programmation était digne d’une soirée du Festival des Inrocks, avec pas moins de six groupes. Que les deux premiers nous excusent : nous avons oublié leur nom, bien que leur musique fût plutôt plaisante. Leur succédaient les Canadiens de The Most Serene Republic, signés sur le label de Toronto Arts&Crafts (Broken Social Scene, Stars…). Ils sont plutôt sympathiques, notamment le chanteur-tromboniste, mais leur enthousiasme serait peut-être plus contagieux si leurs chansons étaient un peu plus structurées. On quitte de toute façon la salle avant la fin pour aller chercher un sandwich, la soirée promettant d’être longue.
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On revient juste à temps pour LE concert qu’on ne voulait absolument pas manquer, celui de Dean (Wareham) & Britta (Phillips), ex-membres de Luna. A défaut d’être un immense chanteur, Dean est toujours un formidable guitariste et l’incarnation absolue du cool. Le groupe joue deux fois moins fort que les autres, et ça fait du bien. Cerises sur le gâteau, un vieux morceau de Galaxie 500, premier groupe hyper influent de Wareham (Strange), et, pour finir, la reprise somnambulique du Ceremony de New Order que les mêmes Galaxie 500 avaient enregistrée pour un maxi au siècle dernier. La vieille classe. Après le concert, on discutera quelques minutes avec Dean, interviewé il y a près de trois ans pour ce site.
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Un chic type, qu’on aimerait bien revoir en France avec la toujours charmante Britta. La soirée se termine avec deux concerts nettement plus énergiques, ceux des Rosebuds (quasiment inconnus chez nous malgré une poignée d’excellents albums, et qui savent se mettre un public dans la poche en quelques chansons) et de Voxtrot, ce groupe texan qu’on jurerait britannique, inégal mais parfois flamboyant.
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Dernière étape du Marathon vendredi à l’Union Pool, à Williamsburg. La configuration de l’endroit rappelle un peu celle de la Maroquinerie, à Paris (le restaurant en moins) : un grand bar, une cour envahie par les clopeurs, et une jolie petite salle de concerts. C’est là qu’on fait connaissance, à une heure tardive (permise par le service 24h/24 du métro, même s’il vaut mieux être patient…), avec O’Death, troupe locale semblant tout droit sortie de « Délivrance », et qui décrit sa musique comme de la « country gothique », plus proche dans l’esprit des Appalaches profondes que de l’industrie de Nashville. Tout cela n’est pas sans rappeler d’ailleurs les Violent Femmes de Country Death Song. Mais malgré ces obsessions quelque peu morbides, le concert, succession de morceaux courts et joués avec une énergie presque punk, ressemblait plus à une célébration de la vie, le public branché se lançant même dans un pogo effréné au son du banjo et du violon électrifiés… O’Death jouera le 26 novembre prochain à la Flèche d’or, à Paris : l’occasion de juger sur pièces.
http://www.boweryballroom.com/
http://www.myspace.com/unionpool
http://www.myspace.com/thegiraffes
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