On partage tellement d’amis intimes avec David Kosten l’homme seul de ce faux groupe que, fatalement, Closer colder arrive à la maison en terrain conquis d’avance, précédé par le sésame de ses amitiés parfaites. D’abord l’harmonica de Mark Feltham, cet éclair insensé déjà croisé sur le Spirit of Eden de Talk Talk ; […]
On partage tellement d’amis intimes avec David Kosten l’homme seul de ce faux groupe que, fatalement, Closer colder arrive à la maison en terrain conquis d’avance, précédé par le sésame de ses amitiés parfaites. D’abord l’harmonica de Mark Feltham, cet éclair insensé déjà croisé sur le Spirit of Eden de Talk Talk ; puis la voix de Dennis Hopper, chipée à Blue velvet avec la bénédiction de son propriétaire et de son réalisateur, Lynch ; ensuite, une communion évidente d’esprit avec les malaxeurs d’égout de Third Eye Fondation, qui ont remixé cette sombre matière ; mais aussi, nettement moins sombre, l’amitié de Ben Christophers, le jeune prodige de la pop luxuriante anglaise, dont David Kosten assure aussi bien les premières parties que la production formidable ; et, enfin, le parrainage du label anglais Leaf, centre de visionnage des musiques à venir. Beaucoup d’indices concordants : c’est pourtant sans passe-droit de pistonné que ce disque gagne sa place au sommet de la pile. On n’a surtout pas parlé de disque d’île déserte : on n’a pas envie de finir cinglé, terrorisé et glacé. Car la seule compagnie de ce disque est trop dérangeante pour ne pas rendre obligatoire, en antidote, la fréquentation de Basement Jaxx, Bosco ou Gopher, ces pourvoyeurs d’euphorie que Closer colder a bloqués à ses frontières. Pas étonnant, donc, que Closer colder ait essuyé en rafales le mépris et les refus de l’industrie unanime : ce disque est un danger public, une sévère source de découragement, voire d’humiliation pour beaucoup d’alchimistes en vogue. Juger ses propres audaces sur le rythme, les arrangements ou la texture à l’aune de ces Mute ou Awake pourrait effectivement provoquer de fatals découragements. Car David Kosten, on le sent, n’est pas l’un de ces sorciers en culottes (et idées) courtes, qui ont appris le hip-hop ou le jazz en Que sais-je ? : tout, chez lui, respire l’immersion profonde, l’exploration maniaque des recoins, d’où il a remonté en surface des souvenirs strictement personnels de jazz comme de drum’n’bass, de classique comme d’electronica. Car il faut avoir habité de l’intérieur ces musiques, ces idiomes et ces silences pour réussir à les faire cohabiter avec un tel naturel, dans une langue aussi fluide qu’étrange, parlée avec le même accent (grave) qu’Aphex Twin ou Mark Hollis.
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