A l’occasion de la sortie de son album Totems Flare sur le label Warp, clôturant la trilogie entamée avec Body Riddle, Clark offre son album en écoute intégrale, et nous a accordé une chouette interview. Il nous parle de Warp, de Berlin, de clichés musicaux et de gorgonzola.
Totems Flare en écoute intégrale :
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01 – Outside Plume
02 – Growls Garden
03 – Rainbow Voodoo
04 – Look Into The Heart Now
05 – Luxman Furs
06 – Totem Crackerjack
07 – Future Daniel
08 – Primary Ballon Landing
09 – Talis
10 – Suns Of Temper
11 – Absence
Interview de Clark :
Considères tu Totems Flare comme la fin de la trilogie et un nouveau départ ?
Je ne sais pas si c’est vraiment un nouveau départ, c’est plus la fin de la trilogie commencée avec Body Riddle. Si tu décides après coup que ce n’est plus une trilogie, est-ce que ça n’en est plus une ? Peut-être qu’avec le prochain album ça deviendra une quadrilogie…
Tu avais beaucoup de morceaux prêts pour l’album, comment s’est déroulé le processus de sélection?
Ah ! C’est vraiment difficile. C’est comme décider quels enfants doivent aller étudier…ou lesquels de vos enfants sont les meilleurs. Quand tu écoutes les morceaux que tu n’as pas choisi, tu te dis « ah peut-être que celui-ci aurait dû être sur l’album. » Et ce processus est très long, il peut prendre plusieurs mois. J’ai écouté l’album encore et encore, pour trouver la version finale. Ca a été un peu comme résoudre un puzzle.
As-tu pensé réunir ces morceaux non publiés dans un coffret spécial ?
Oui, mais ils ont des coupes de cheveux si différentes les unes des autres, certains ont des tatouages, et des piercings…
On retrouve pourtant une certaine structure dans tes albums…
Je voulais vraiment le faire dans une structure pop. Pas de morceaux trop longs. Mais bien sûr à la fin je me retrouve avec quelque chose de complètement différent. de ce que j’avais prévu . Il sonne de façon naturelle,et c’est la chose la plus difficile à faire : faire varier quelque chose de manière naturelle, et dans un temps limité. C’est facile quand tu fais du prog rock, parce que tu peux faire des morceaux de 10 minutes. C’est comme si je te demandais « raconte ce qui s’est passé dans ta vie ces cinq dernières années en 10 secondes », tu ne saurais pas quoi dire.
Peux tu nous parler de la pochette de Totems Flare ?
Avec plaisir! C’est une image que mon ami Mac m’a proposé. Je pense que c’est vraiment une image incroyable. La véritable image est rectangulaire, c’était un peu difficile de la mettre sur un album et d’en faire une pochette. Alors nous avons passé beaucoup de temps à travailler sur le texte et le fond, des choses comme ça. Nous avons partagé une nuit très intéressante. Je voulais quelque chose à la Hitchcock, une sorte de truc des années 50, période de guerre froide… L’image était très angulaire, un peu techno mais pas trop futuriste, j’y ai même ajouté du romantisme. Ce que j’essaye de dire, c’est que quand quelqu’un aime la musique électronique, il essaye d’utiliser des nouvelles technologies, moi je trouve que c’est un peu ringard, mais les gens pensent tous à Star Wars, Techno, ordinateur. Je ne voulais pas de ça, j’ai essayé de casser ce coté là avec côté cheesy…d’ailleurs je suis cheesy moi-même (rires) je ne me refuse jamais un bon gorgonzola.
Tu penses déjà au prochain album ? Des projets, des envies particulières ?
Hmm, je ne veux pas vraiment le dire, parce que ça crée trop d’attentes sur mes projets . Et c’est déjà arrivé une fois, quand j’ai dit que je n’allais plus utiliser de mélodies dans mes morceaux, et sur l’album suivant j’en ai utilisé et les gens ont dit : « tu as dit que tu n’allais plus utiliser de mélodie ! Comment oses-tu ? », et moi « merde, pardon ! » (rires) . La vérité c’est que je n’en ai pas encore fini avec cet album, et je l’écoute en boucle en ce moment. C’est donc difficile pour moi de penser au prochain album. Ce qui est bon, parce que d’habitude quand je finis un album, je ne veux plus jamais l’écouter. Comme pour Body Riddle, je me suis dit : « éloignez le de moi, ce fils ingrat », c’est comme si tu l’abandonnais pour se faire adopter, en le jetant hors de chez toi. Mais ce dernier album ne m’a pas fait le même effet, alors c’est devenu très dur pour moi de créer de la musique. Pour la première fois, j’ai eu un mois sans rien écrire du tout. Ce qui est très étrange pour moi, parce que d’habitude j’écris en permanence.
Tu ne sembles pas apprécier que l’on qualifie ta musique d’underground.
Ce n’est pas que j’apprécie pas en fait, je ne me soucie pas vraiment de ce que les gens disent de ma musique une fois qu’elle est sortie, parce que tu as acquis de la distance. Mais par rapport à la presse, je pense que ce genre de terme permet de se donner une réputation en s’opposant au courant mainstream, en se disant faire partie d’une bande cool, « on n’est pas accepté parce qu’on est underground », mais pour commencer, ce n’est jamais aussi simple. Même si je fais partie d’un courant en particulier de la musique, je fais quand même partie de la culture mainstream. Et particulièrement aujourd’hui avec internet, il n’y a rien qui ne puisse se revendiquer underground, car ça se retrouve quasi-instantanément sur You Tube. Ce terme n’a plus de sens. Les gens l’utilisent comme une excuse pour te catégoriser .
Qu’est-ce que représente pour toi le label Warp ?
Je pense que je suis devenu un peu blasé par rapport à ça, et j’ai un peu oublié à quel point c’est un bon label. Oui, c’est un très bon label. Je me souviens du moment où mon ami Bibio a signé dessus. Il avait des problèmes de toutes sortes, et après avoir signé sur Warp, tout est allé de mieux en mieux, ils le traitaient avec beaucoup d’attention. Donc, oui, j’ai beaucoup de chance. Mais pour s’en rendre compte, parfois je regarde des amis qui signent sur des labels plus petits, et ils te disent « putain, Warp te traite vraiment bien ! ». J’ai quand même des problèmes avec eux, mais je pense qu’il doit toujours y avoir des problèmes entre les artistes et les labels, sinon ce ne serait pas amusant. Mais, je n’ai jamais signé sur un autre label, alors forcément je ne peux pas comparer.
Tu vis à présent à Berlin, qu’est-ce qui t’a fait choisir cette ville ?
Oh, vous connaissez le cliché sur les artistes de techno qui vont s’installer à Berlin ? Je me suis juste dit : « pourquoi lutter contre le cliché ? Deviens le cliché! ». (rires). Non, en fait ce sont pour des raisons personnelles…
Tu as joué à Paris pour la soirée des 20 ans de Warp, comment s’est passé cette soirée?
C’était vraiment bien, un concert très cool avec un public génial, Mais le truc drôle c’est que tous ceux de Warp étaient complètement saouls, et le public très sobre alors que ça aurait du être l’inverse ! Nous n’avons jamais l’occasion de passer du temps tous ensemble, donc quand cela arrive, nous sommes heureux. C’était vraiment amusant. Que veux tu, 20 ans, ça se fête !
Charlotte Brochard et Julien Coquet
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