Le rock élégant de My Best Fiend, la pop tordue d’alt-J, les expérimentations songeuses de Julia Holter, l’immense promesse Pegase et les efficaces Ruby Cube : cinq groupes à suivre.
MY BEST FIEND
Nouvelle signature Warp qui prouve, après Broadcast, Maximo Park ou les Born Ruffians notamment, que son flair légendaire porte désormais vers tous les azimuts, toujours les plus élégants : il n’est pas cette fois question d’électro chercheuse mais de beautés plus organiques, boisées et électriques. Les New Yorkais, qui tirent leur nom d’un documentaire de Werner Herzog sur son « meilleur » ennemi Klaus Kinski, pourraient d’ailleurs faire de l’ombre à leurs mirifiques collègues de label Grizzly Bear, ou à Band of Horses par exemple : chansons panoramiques et atmosphères cumulonimbées, classiques folk ou saillies rock écrits dans la dentelle et le velours, jolies cascades lyriques ou beaux coups de sang, il ne s’agit pas ici de réécrire l’histoire du songwriting mais de le faire vivre, et bien vivre, au quotidien. Un album, In Ghostlike Fading, sortira dans les prochains jours : il vous tiendra chaud jusqu’à l’été, voire au-delà.
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Alt-J (∆)
Du nom des Anglais de Leeds, on retiendra plutôt le « alt » que le J, ravis de la multiplication récente de ces groupes, las du surplace et du vintage, qui semblent bien décidés à en faire voir de toutes les couleurs alternatives à la pop, jusqu’à en redéfinir toutes les nuances ou lui en inventer des nouvelles. Comme Breton, Django Django, comme Vampire Weekend, comme plein d’autres qui cherchent à nous perdre dans leur science des mélanges savants, l’héritage musical des garçons semble aussi épais qu’une encyclopédie millénaire et les contours de leurs belles chansons sont difficiles à tracer. Un peu de folk, un peu d’électro, des rythmiques venues d’ailleurs, ou de nulle part, un chants baba à la Devandra Banhart, des harmonies à porter directement au ciel, des petits tours de magie inattendus et, surtout, des mélodies qui affolent les ciboulots : ça ressemble à tout, ça ne ressemble qu’à eux, c’est on espère un bel avenir.
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JULIA HOLTER
On avait promis, en proposant dans les téléchargements de la semaine dernière sa très super mixtape pour Fact Mag, de revenir sur le cas de la Californienne Julia Holter. En nous présentant la jeune femme, Californienne, déjà croisée aux côtés d’Ariel Pink, de Nite Jewel, collaboratrice de la légendaire Linda Perhacs, Pitchfork nous a expliqué que sa « musique de chambre pouvait remplir une église » et on n’a toujours pas trouvé meilleure définition : il y a dans la douce pop électronique d’Holter autant d’intimité que de grands espaces, de sacré de cathédrale que de païen sorcier, de beautés simples que de bizarreries conceptuelles. Entre plein d’autres airs, on retrouve un peu de Broadcast, un peu de Robert Wyatt et, c’est étrangement à la mode depuis Grimes dont elle pourrait être la cousine voudou, un peu d’Enya : le mélange est étonnant, mais passionne.
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Nouvel album Ekstasis en écoute intégrale sur NPR.
PEGASE
De Pegase, on ne sait encore que des bribes mais le mystère avivant l’envie, c’est peut-être tant mieux comme ça : un homme tout seul, français de l’ouest, co-fondateur du label Fvtvr Records, également DJ, directeur artistique et sound designer. Et de Pegase, on n’a pour l’instant qu’un morceau à écouter : Without Reasons et son clip extraordinaire, une chanson grandiose et belle, élégiaque et voltigeuse, qui monte en strates constantes et délicates vers, à la fois l’extase de l’âme et le nerveux des corps. Un morceau qui, donc, promet de belles gloires futures : on va, très vite, en reparler.
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RUBY CUBE
Les Toulousains se connaissent depuis des années et ça s’entend, et ça se vit : dans leurs compositions immédiatement efficaces, dans la précision de leur son, dans la logique implacable de leurs morceaux formidables, qui se réclament, selon eux-même et à raison, autant du math rock que de Metronomy, de Foals que de Joy Division. Avec ses chansons à danser en angles droits ou à penser plus en biais, avec ses titres nerveux et précis, avec des concerts apparemment déjà bien rôdés, Ruby Cube s’intéresse donc autant aux tréfonds du ciboulot qu’aux tressautements mécaniques des corps. A suivre, évidemment, mais en courant.
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