Les Anglais Outfit, les Rennais Manceau, les potes des Black Keys Hacienda, les vénéneux Widowspeak, le très très étonnant Angelo Spencer vont vous occuper quelques mois durant, au minimum : cinq groupes à suivre.
OUTFIT
Etrange comme la naissance d’un embryon d’intérêt peut tenir à peu de choses. Outfit, groupe de Liverpool : indé classique, apparence normale, chant agréable, guitares qui font gling-gling-gratte-gratte, un peu de synthés pour faire joli, rythmiques posées sans anormalité. Sans anormalité ? Justement, si. Les trois chansons d’un groupe dont on n’avoue ne rien savoir, mais sur lequel les Britanniques semblent déjà s’exciter, ont ce je ne sais quoi (en Français dans le texte) qui les font émerger, plutôt joliment, de la nasse habituelle : des petites torsions discrètes et pointillistes, des chausse-trappes bien planquées derrière le calme et le moelleux pop, des ruptures de direction peu prévisibles, une production qui aime brouiller, sans fracas, des pistes trop évidentes. En équilibre, donc, entre mainstream potentiel et intelligence des marges, on risque de pas mal aimer Outfit.
ANGELO SPENCER ET LES HAUTS SOMMETS
Angelo Spencer et les Hauts Sommets. Des Alpes ? Des Appalaches ? Du Kilimanjaro ? De l’Himalaya ? De la planète Mars ? Impossible à déterminer : l’insaisissable garçon est né en Bretagne, a grandi dans les Alpes (où, en organisateur de concerts, il a un temps importé pour le bonheur de tous des tonnes de groupes américains), tourne souvent aux Etats-Unis où il vit désormais, partage la scène avec Groupe Doueh ou Earth, et invente une musique plus globale encore que Coca-Cola. Soit : des influences indiennes autant qu’africaines, américaines autant qu’européennes, de Bollywood comme d’Hollywood (la bande son du Bon, la Brute et le Truand l’a marqué à vie), des horizons qui ne cessent de tourner et de se troubler, comme les mirages d’un monde sans âge ni espace. Soit Kinshasa qui drague Austin, le Népal qui se marie avec l’Estonie, Paris qui s’assemble à Tanger, les Touaregs qui s’invitent à New York. Soient : des morceaux bricolés et brillants et changeants et piégeurs et excitants, qui ne ressemblent à rien sinon à quelque chose devenu terriblement rare : une complète novation. Un nouvel album, le bien nommé World Garage, vient de sortir sur K Records : hautement recommandé.
Site officiel
http://www.youtube.com/watch?v=vpNjJ5477K4
http://www.youtube.com/watch?v=BjydGsf9SW0
http://www.youtube.com/watch?v=_GqNC0lLtGc
Nombreux morceaux à télécharger à cette adresse.
WIDOWSPEAK
Mazzy Star vous manque ? Vous n’avez jamais assez d’Elysian Fields ? Essayez Windospeak, de Brooklyn, dont la chanteuse s’est apparemment piquée aux mêmes roses vénéneuses que Jennifer Charles ou Hope Sandoval. Trois morceaux seulement dont une reprise (magnifique) du Wicked Game de Chris Isaak, mais le sang, en impétueux torrent d’hormones, ne fait déjà qu’un tour pour suractiver les zones du désir : sombre et menaçant, lent et envoûtant, chanté dans des velours sexuels par une gorge plus profonde que le Grand Canyon, la musique des trois Américains risque de provoquer quelques canicules, en été comme en hiver.
http://bandcamp.com/EmbeddedPlayer/v=2/album=267845669/size=venti/bgcol=FFFFFF/linkcol=4285BB/
http://bandcamp.com/EmbeddedPlayer/v=2/track=2174763744/size=venti/bgcol=FFFFFF/linkcol=4285BB/
HACIENDA
Dan Auerbach, moitié des Black Keys, sait choisir ses amis. On a ainsi récemment appris que le bonhomme avait produit le nouvel album de ses copains Hacienda, groupe de San Antonio au Texas qui l’avait accompagné il y a quelques années lors de sa première aventure solo. On s’est précipité sur le MySpace des cousins Abraham Villanueva et Dante Schwebel, et on ne regrette pas. Car les chiens électriques ne faisant pas des poules mouillées, les morceaux d’Hacienda, autrefois un poil plus léchés, sont devenus de bonnes petites scies blues-rock, traînantes et accrocheuses, dont les graisses électriques et crasses poussiéreuses ne démentent jamais le sens mélodique évident qui habitait déjà le groupe avant l’intervention d’Auerbach. Pas de révolution en vue, un certain conservatisme pas désagréable, et surtout la furieuse envie de se remettre au bourbon et aux bastons de bar.
http://www.youtube.com/watch?v=wqTBHlLLZzI
http://www.youtube.com/watch?v=SV3zzU9xmrg
http://www.youtube.com/watch?v=iMUqn4On_qs
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MANCEAU
Le nez creux du patron des Transmusicales de Rennes, Jean-Louis Brossard, a vite compris que Manceau, parmi les nombreuses jeunes pousses de la ville (Rennes, pas Le Mans, hein), serait sans doute celle qui donnerait les plus beaux fruits (exotiques), et celle qui les donnerait les plus vite. Vus sur scène, écoutés sur disque, on confirme : Manceau est déjà grand, et sera sans doute bientôt très grand. Car il y a un vrai génie pop chez ces jeunes gens, le même qui habite Belle & Sebastian ou Tahiti 80, un talent inné pour le beau jeu, un génome multicolore qui permet d’offrir au monde ébaudi des mélodies qui brillent comme l’astre, des cerveaux aussi plein que bien faits qui font de chaque chanson une collection de de poupées russes, chacune porteuse de merveilles brillantes et tordues. L’une de leurs chansons s’appelle Melody of Happiness : ce n’est pas une promesse en l’air.
Fiche artiste sur l’inRocKs lab
<a href="http://manceau.bandcamp.com/album/on-a-mellow-day-ep">On a mellow day ep by Manceau</a>