Le surf-pop mélancolique de Yuno, la voix fantomatique de Gwilym Gold, l’électro barrée de Le Vasco, la pop west coast des Allah-Las et celle, atmosphérique, de Window Twins : ce sont les cinq groupes à suivre.
GWILYM GOLD
Cet Anglais au teint blafard a de l’or dans les mains et on ne dit pas seulement ça parce qu’il s’appelle Gwilym Gold. Pas inconnu au bataillon – le jeune homme a, il y a quelques années, sévit en frontman des déjà oubliés Golden Silvers –, Gold peut se prévaloir d’être le premier artiste à sortir son album sur le curieux site Bronze (décidément, le garçon a une obsession pour les métaux précieux). Pour résumé, le site propose une application, Bronze donc, qui permet de changer l’expérience que l’on vit en écoutant un album comme s’il s’agissait d’un live. On ne sait pas très bien comment tout cela marche techniquement, mais aucun original de chanson n’existe : l’application mixe le titre différemment, change les niveaux de basse, de percussions, la voix et chaque composante du morceau à chaque écoute. Impossible donc de réécouter deux fois la même version d’une même chanson, ni de revivre le même moment deux fois. C’est ainsi que Tender Metal (encore une allusion à la sidérurgie), premier album de Gwilym Gold peut être exclusivement téléchargé et écouté. On vous conseille vivement l’achat : spectral, sombre, la pop minimale du Britannique enveloppe sans jamais étouffer. On vous le promet : elle vaut son pesant d’or – ou de tout autre métal brillant.
Ondine Benetier
Site officiel
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WINDOW TWINS
Tim Cohen est un homme à part dans le monde de la musique. Figure emblématique de la scène de San Francisco (avec Ty Segall et John Dwyer), il multiplie les sorties et les projets tout aussi passionnants les uns que les autres : The Fresh & Onlys, Black Fiction, Magic Trick… Hyperactif et probablement insomniaque, Tim Cohen a comme idée des vacances l’écriture d’un album solo. Et pour ne pas s’ennuyer, il change de style comme un autre changerait de chemise, avec une facilité déconcertante. Avec les Window Twins, le duo qu’il compose avec Jon Berson de Ray’s Vast Basement, il fait cette fois dans la pop atmosphérique quelque peu barrée. Boucles et beats kraut donnent vie à cette musique expérimentale et rêveuse faite de brics et de brocs. Après un discret premier album paru il y a trois ans, le groupe a sorti deux nouveaux singles, en attendant le disque mi-octobre. Et encore de nombreux d’autres signés Tim Cohen ces prochaines années.
Guilhem Denis
MySpace
YUNO
Il avait d’abord choisi un pseudo imprononçable, Unouomedude, avant de se raviser cette année en se rebaptisant Yuno, à ne pas confondre avec Juno qui est une adolescente enceinte. Du haut de ses dix-neuf ans, ce jeune Américain à la dégaine coolos s’engouffre allégrement dans la brèche ouverte il a déjà quelques années par The Drums. Il s’agit ici de fêter/pleurer la fin de l’été, de faire danser la mélancolie pour mieux la vaincre. Surf-pop jusqu’au bout des tongs, Yuno transporte un peu du soleil de sa Floride natale dans le froid du début d’automne. Yummy Yuno.
Ondine Benetier
Soundcloud
ALLAH-LAS
On ne sait pas s’il est bienvenue, compte-tenu de l’actualité sensible cette semaine, de parler d’un groupe nommé Allah-Las. Il serait pourtant vraiment dommage de se priver du talent de ces kids de Los Angeles. Porté par l’incroyable single kinksien Catamaran et l’excellent Tell Me (What’s On Your Mind), le premier LP du groupe, sorti cette semaine, a été produit par le talentueux Nick Waterhouse. On retrouve ici la même guitare hypnotique que chez les Blackfeet Braves (dont on vous parlait récemment), entre garage-folk et pop west coast. Les Allah-Las parlent de surf, de leur ville natale et d’une vie sans prise de tête. Les écouter en cette période fait l’effet de la méthode coué : non l’été n’est pas terminé.
Guilhem Denis
http://bandcamp.com/EmbeddedPlayer/v=2/album=49299862/size=venti/bgcol=FFFFFF/linkcol=4285BB/
LE VASCO
FlapJack est mort, vive Le Vasco. Quoi de mieux pour ses têtes-brulées de la recherche sonore que de choisir le téméraire navigateur portugais comme porte-étendard ! Quelque part entre l’électro-dancehall de MIA, la dubstep de James Blake et le hip-hop de Flying Lotus, les cinq musiciens créent un univers sombre et intrigant. Fraichement implanté dans la jeune scène alternative parisienne, Le Vasco fait bondir de plaisir et de terreur au rythme de ses beats électro-punk obsédants. La voix schizophrénique de Louise Calzada se fait tantôt rauque et imposante (La Transe des Oiseaux), tantôt sensuelle et sensible (She Saw Light). L’énergie brutale qui se dégage de la jouissive It’s A War Game se retrouve décuplée sur scène. Proprement imprévisible, surprenant, le groupe s’amuse à compresser les espaces afin de mieux les faire exploser par la suite. Au sein d’un même morceau on vogue entre nervosité et quiétude, l’effroi et le réconfort, sans jamais lâcher la main de ses explorateurs à la recherche de sons inédits. Qu’on se rassure : Le Vasco tient le bon cap.
Brice Laemle
Inrocks Lab
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